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SCOLA ETTORE (1931-2016)

Le cinéaste Ettore Scola - crédits : R. Petrosino/ Mondadori Portfolio/ Getty

Le cinéaste Ettore Scola

Figure importante du cinéma italien, d'abord comme scénariste, puis comme cinéaste à partir de 1964, Ettore Scola a construit une œuvre composite et cohérente à la fois, dominant de sa stature la commedia all'italiana, où il excelle avec Risi, Monicelli et Comencini jusqu'à la fin des années 1970, mais parcourant aussi, souvent avec audace, des chemins stylistiques inédits. Il est également une des figures principales de la politique du cinéma en Italie, d'abord dans l'opposition, avec le Parti communiste devenu P.D.S., puis lié aux gouvernements de centre gauche à partir de 1996.

Ettore Scola est né le 10 mai 1931 à Trevico (Campanie). Sa carrière commence officiellement en 1952, mais, à dix-neuf ans, il participe déjà anonymement au scénario de grands films populaires comme Totòtarzan (Mario Mattòli, 1950). Totò sera présent en filigrane dans plusieurs de ses films, puisque le sujet principal du cinéma de Scola est la mémoire populaire prise dans l'histoire, et notamment la mémoire du cinéma lui-même. Le peuple italien dans son ensemble, c'est-à-dire ses ouvriers, ses employés, ses intellectuels ou ses artistes, leurs traditions, leur façon de traverser l'histoire, les changements politiques, idéologiques et moraux auxquels ils se trouvent confrontés, est son premier thème de travail. Comme une grande partie de ses confrères, il a retenu la leçon de Gramsci sur la culture populaire, les relations entre l'individu, l'histoire et l'idéologie. Bien que jamais dénué d'amertume, son cinéma choisit presque toujours les armes de la comédie.

Collaborant longtemps avec le scénariste Maccari, les cinéastes Risi et Pietrangeli, Scola débute comme réalisateur avec des comédies assez légères, son premier grand film étant Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (1968). Les piliers de la commedia all'italiana que sont les scénaristes Age et Scarpelli, et les comédiens Nino Manfredi, Bernard Blier ou Alberto Sordi y font merveille, associés à la maestria du réalisateur. Avec Age et Scarpelli toujours au scénario, Scola réalise Drame de la jalousie (avec Marcello Mastroianni et Monica Vitti, 1970) et Nous nous sommes tant aimés (avec Nino Manfredi et Vittorio Gassman, 1974), qui le font accéder à une réputation internationale. Il retrouve le scénariste Ruggero Maccari pour Affreux, sales et méchants (avec Nino Manfredi, 1975). À partir d'une situation pasolinienne, le film mêle grotesque et lucidité, une tendresse cynique pour ses personnages. Une journée particulière(1977), autre grand succès, est l'occasion d'un beau duo entre Marcello Mastroianni et Sophia Loren, qui interprètent le rôle d'un homosexuel et d'une femme au foyer perdus dans la Rome fasciste de 1938. Après le triomphe des Nouveaux Monstres, film à sketches cruel et désopilant coréalisé avec Dino Risi et Mario Monicelli en 1977, La Terrasse (1978) reprend la réflexion menée sur l'évolution de la « société civile », selon des modalités qu'on retrouvera dans ces autres peintures de la communauté sociale que sont La Famille (1986) et La Cena (1998).

Scola est aussi un éclectique et se renouvelle constamment. Dans Passion d'amour (1980), il sort de ses thèmes habituels et conte la passion romanesque mais non dénuée de cynisme qu'éprouve en 1862 un séducteur pour une femme laide. Adaptation d'une création collective du Théâtre du Campagnol, Le Bal (1983), film sans dialogue, raconte l'histoire de la France contemporaine à travers les parodies amoureuses et les acrobaties des danseurs de tango, de paso doble ou de twist. Individus, culture populaire, histoire, les thèmes de Scola sont ici repris avec une forme tout à fait inédite et nouvelle. On trouve aussi une vraie audace formelle dans La Nuit de Varennes (avec Mastroianni[...]

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Le cinéaste Ettore Scola - crédits : R. Petrosino/ Mondadori Portfolio/ Getty

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