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RISI DINO (1916-2008)

Dino Risi - crédits : Alain Denize/ Sygma/ Getty Images

Dino Risi

Dino Risi est né à Milan. Médecin psychiatre, il se lie au groupe de jeunes Milanais, dont Alberto Lattuada et Luigi Comencini qui, à la fin des années 1930, essaient de mettre sur pied une cinémathèque. Après avoir été l'assistant de Mario Soldati et de Lattuada quand celui-ci passe à la réalisation, il signe en 1946 un court-métrage, Barboni, qui le fait remarquer : déjà son œil vif sait cerner les clochards qui constituent le sujet du film. Il en sera de même pour les courts-métrages suivants. Après avoir collaboré à divers scénarios, il passe au long-métrage en 1952 avec Vacanze col gangster. Dès 1955, il dirige les plus grandes vedettes de la comédie italienne (Vittorio De Sica, Sophia Loren, Marcello Mastroianni) : Pain, amour, ainsi soit-il (Pane, amore e..., 1955), ne se démarque de ses prédécesseurs que par la couleur et l'écran large, mais Le Signe de Vénus (Il Segno di Venere, 1955), avec sa structure à épisodes et son humour grinçant où parfois la méchanceté affleure, porte vraiment sa marque. Les très grands succès publics de Pauvres mais beaux (Poveri ma belli, 1956) et de ses deux suites, ainsi que de L'Impossible Isabelle (La Nonna Sabella, 1957) confirment son talent. Risi profite alors de son crédit auprès des producteurs pour affirmer magistralement un style qui mêle la caricature, la satire sociale et les nuances noires, qui affecte les changements de ton brusques et qui s'exerce souvent sur des sujets dramatiques traités de manière bouffonne : ainsi de la montée du fascisme dans La Marche sur Rome (La Marcia su Roma, 1962).

En 1959, sa rencontre avec l'acteur Vittorio Gassman, depuis peu orienté vers le comique, va être décisive ; après L'Homme aux cent visages (Il Mattatore, 1960) qui est une prise de contact, Risi va tourner treize films avec l'acteur, jusqu'en 1990 (Valse d'amour, Tolgo il disturbo). Beaucoup sont des chefs-d'œuvre et des films emblématiques de l'époque à laquelle ils sont tournés. Ainsi du Fanfaron (Il Sorpasso, 1962) où drôlerie et amertume vont de pair. L'acteur ira en approfondissant ce stéréotype de matamore sûr de lui mais dont la superbe craque de toute part. Risi l'utilisera en variant les perspectives et les nuances : retenons le potentat arrogant de Au nom du peuple italien (In nome del popolo italiano, 1971), le militaire aveugle dérivant vers le suicide dans Parfum de femme (Profumo di donna, 1974), ou encore le mystérieux aristocrate vénitien d'Âme perdue (Anima persa, 1976).

Le bonheur de Risi avec les grands masques de la comédie italienne est total. Beaucoup trouvent avec lui leurs meilleurs rôles. Ainsi d'Alberto Sordi dans Une vie difficile (Una vita difficile, 1961), fresque qui couvre avec finesse quinze ans de l'histoire italienne, d'Ugo Tognazzi, tour à tour coiffeur à la dégaine d'Harpo Marx dans Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers (Straziami, ma di baci saziami, 1969) et théâtreux déclinant victime d'une jeune arriviste dans Dernier Amour (Primo amore, 1978), ou encore de Marcello Mastroianni, prêtre gourmand poursuivi par l'ardeur de Sophia Loren dans La Femme du prêtre (La Moglie del prete, 1970). Plus tard, le metteur en scène intégrera brillamment le Français Coluche à cette galerie en lui permettant de réaliser une composition saisissante de militaire fasciste dans Le Fou de guerre (Scemo di guerra, 1985).

Risi est probablement le réalisateur qui a porté à sa perfection la formule chère à la comédie italienne du film à épisodes. Après avoir dirigé Gassman et Tognazzi-Fregoli dans ce qui peut être considéré comme le chef-d'œuvre du genre, Les Monstres(I Mostri, 1962), il fera appel à de nombreux autres acteurs. Au moins deux films sont proches de la réussite des Monstres : Une poule, un train et quelques monstres (Vedo nudo, 1969) et Moi, la femme ([...]

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Écrit par

  • : historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue Positif

Classification

Pour citer cet article

Christian VIVIANI. RISI DINO (1916-2008) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Dino Risi - crédits : Alain Denize/ Sygma/ Getty Images

Dino Risi

Autres références

  • LES MONSTRES, film de Dino Risi

    • Écrit par Laurent JULLIER
    • 875 mots

    Les Monstres (I Mostri) se situe au cœur de la vogue des films à sketches. Pour l'Italie, l'année qui précédait sa sortie avait été celle du prestigieux Boccaccio '70, dirigé par De Sica, Fellini, Monicelli et Visconti, ou encore de L'Amore difficile, aux scénarios signés...

  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    ...extra-cinématographique s'élargit du classique, voire du jazz, au rock and roll, à la pop, à la variété sous toutes ses formes. Là encore, il n'y a pas de règles. Dino Risi, dans la majorité de ses films, faisait entendre alternativement de la musique originale de fosse et des chansons à la mode, constituant ainsi...
  • COMÉDIE ITALIENNE, cinéma

    • Écrit par Jean A. GILI, Gérard LEGRAND
    • 3 496 mots
    • 3 médias
    ...Grand Embouteillage (1979). Mais l'auteur de Casanova, de L'Incompris et de Pinocchio sait ménager des effets comiques jusque dans le drame. Quant à Risi, le succès international des Monstres (1963) a marqué le début d'une époque. Parfaitement à son aise dans la catégorie plus ancienne du...
  • GASSMAN VITTORIO (1922-2000)

    • Écrit par Jean A. GILI
    • 948 mots

    Né à Gênes le 1er septembre1922 de père allemand et de mère toscane, Vittorio Gassman passe son adolescence à Rome. Là, outre sa passion pour le sport, il révèle des dons précoces pour l'écriture. En sortant du lycée, en 1941, il s'inscrit en droit à l'université de Rome, mais sa mère le pousse...

Voir aussi