Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BOULLÉE ÉTIENNE LOUIS (1728-1799)

Reconnu comme l'un des principaux théoriciens de la seconde moitié du xviiie siècle, Étienne Louis Boullée appartient avec Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), à cette génération d'architectes dits « révolutionnaires » qui ont contribué à affirmer un style nouveau, porté par les idéaux des Lumières et de la Révolution. Boullée a peu construit mais a laissé un œuvre théorique important, notamment des dessins de monuments audacieux, ainsi qu'un novateur Essai sur l'art. Rejoignant l'idée d'un homme originel et « naturel » à la Rousseau, Boullée affirme que l'architecture « révolutionnaire » devrait, selon lui, avoir recours à des formes et à un langage que l'humanité aurait connus intuitivement et de tout temps. Cela devrait se traduire par une architecture rationnelle, utilisant notamment des formes géométriques simples et ayant une portée morale sur les hommes. Ses écrits et projets – pour la plupart complètement irréalistes et restés à l'état de dessins –, mais plus encore son enseignement à l'Académie, ont cependant eu une influence importante sur toute une génération d'architectes et anticipent de nombreux aspects de l'architecture du xixe siècle.

L'affirmation d'un style nouveau

Dans sa jeunesse, Boullée suit brièvement une formation de peintre : il est élève à l'atelier de J.B. Pierre avant que son père, lui-même architecte expert-juré du roi, ne le réoriente vers l'architecture. De 1740 à 1746, il suit l'enseignement de l'architecte Jacques-François Blondel puis de Jean-Laurent Legeay. À dix-neuf ans, il débute sa carrière par l'enseignement – c'est l'un des aspects importants de son œuvre – puis, à partir de 1752, commence à réaliser quelques demeures campagnardes et urbaines. Son œuvre construit, aujourd'hui en grande partie détruit, fait preuve d'un goût précoce pour le style « à la grecque » dont la mode naît dans la seconde moitié du xviiie siècle. L'intérêt que portent les architectes depuis le milieu du xviiie siècle aux monuments grecs archaïques et classiques, ou encore romains, se traduit en effet par l'affirmation d'un style nouveau dont Boullée est l'un des précurseurs. Certains de ses décors architecturaux encore existants sont parmi les plus beaux de ce style distingué des dernières années du règne de Louis XV : chapelles du transept de Saint-Roch (1759) ; lambris des hôtels d'Évreux (palais de l'Élysée), de Tourolle (rue du Faubourg-Saint-Honoré), de l'hôtel Alexandre, rue de la Ville-l'Évêque (1763). Parmi les hôtels, le plus célèbre, l'hôtel de Brunoy (1774-1779 – aujourd'hui détruit), est conçu comme un « temple de Flore » au cœur d'un jardin pittoresque ouvert sur les Champs-Élysées. Bien que son œuvre construit soit très apprécié et admiré, contribuant notamment à asseoir son autorité, Boullée se détourne cependant de la réalisation d'édifices en tant que telle, et, à partir de 1770, il abandonne presque totalement cette activité.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Daniel RABREAU. BOULLÉE ÉTIENNE LOUIS (1728-1799) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Cénotaphe à Newton</it>, É. L. Boullée - crédits : AKG-images

Cénotaphe à Newton, É. L. Boullée

Autres références

  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Notions essentielles

    • Écrit par Antoine PICON
    • 4 952 mots
    « Qu'est-ce que l'architecture ? La définirai-je, avec Vitruve, l'art de bâtir ? Non. Il y a dans cette définition une erreur grossière. Vitruve prend l'effet pour la cause. Il faut concevoir pour effectuer. Nos premiers pères n'ont bâti leurs cabanes qu'après en avoir conçu l'image. C'est cette production...
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - L'architecte

    • Écrit par Florent CHAMPY, Carol HEITZ, Roland MARTIN, Raymonde MOULIN, Daniel RABREAU
    • 16 589 mots
    • 10 médias
    ...devient aussi philosophe et poète. La liberté d'invention se manifeste dans un goût intense pour le pur dessin d'architecture ( Piranèse, Legeay, Peyre, Boullée), mais aussi dans les œuvres édifiées de Soufflot, de De Wailly, de Gondoin ou de Ledoux, et de toute une génération décrite par Émile Kaufmann...
  • ARCHITECTURE (Thèmes généraux) - Architecture et société

    • Écrit par Antoine PICON
    • 5 782 mots
    ...une rénovation des principes de la discipline architecturale qui doit la rendre plus perméable aux attentes de la société. Les projets grandioses d'un Étienne Louis Boullée (1728-1799) portent la marque de réflexions assez comparables aux siennes sur le caractère moral et civique de l'architecture....
  • COLOSSAL, art et architecture

    • Écrit par Martine VASSELIN
    • 3 262 mots
    • 17 médias
    ..., de J.-J.  Lequeu (1793), reprend l'image héroïque d'un immense Hercule à la massue assis à cheval sur une porte triomphale, image du peuple libre. Dans son Architecture, essai sur l'art (rédigé avant 1793), E. L. Boullée redéfinit le colossal : « On confond souvent en architecture la vraie signification...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi