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SCHRÖDINGER ERWIN (1887-1961)

Travaux ultérieurs

Dès la fin de l'année 1926, Schrödinger a recherché cette signification physique en interprétant ψ comme distribution continue d'électricité. Il l'a fait en raison de l'application de son équation au cas d'atomes à plusieurs électrons et de la possibilité de rendre compte de certains effets (notamment l'effet Stark) des raies de Balmer. Mais, tandis que prenaient forme des interprétations probabilistes (ainsi celle de Max Born, 1926-1927 : le carré du module de ψ mesure la probabilité pour qu'une observation permette de localiser un corpuscule en un point et à un instant), Schrödinger s'est maintenu sur la ligne de visée des processus analytiques.

La nécessité de tenir compte des champs magnétiques l'obligeait à affronter ce qu'il a appelé lui-même la conciliation de sa mécanique ondulatoire générale avec la théorie de la relativité restreinte. Bien que Dirac ait montré, en 1930, qu'il est possible de rendre compte du quatrième nombre quantique s, relatif au moment cinétique de spin, avec une équation qui soit analogue à celle de Schrödinger mais qui puisse satisfaire à l'invariance relativiste, Schrödinger, en exposant ses résultats en 1932, devait se contenter de situer les « difficultés extraordinaires » de l'entreprise. Il ne semble pas que cette situation ait évolué de manière suffisamment favorable (par rapport à la singularité qu'il fait accorder aux noyaux atomiques dans le champ d'une fonction ψ à signification électrique) jusqu'aux travaux de l'école de Louis de Broglie. Du moins celui-ci a pu rendre hommage à Schrödinger, en 1962, en l'associant à Planck et à Einstein, comme représentant d'une résistance bienfaisante : la résistance contre la réduction de la fonction d'onde à un simple artifice mathématique permettant d'évaluer la probabilité du résultat de certaines mesures, le refus de renoncer à une représentation des phénomènes microphysiques dans l'espace et dans le temps qui soit une image claire et intelligible du dualisme entre onde et corpuscule.

Bien entendu, reconnaissant que le comportement observable des particules ne peut être, « selon toutes les apparences », déterminé que statistiquement, Schrödinger n'a, pas plus que Louis de Broglie et tous leurs pairs, évacué de la mécanique ondulatoire la notion de probabilité. Il s'est efforcé cependant de la faire intervenir là où, à la suite des travaux de Boltzmann, le lien entre analyse mathématique et signification physique avait déjà une consistance éprouvée, c'est-à-dire à propos de l'entropie. Il a donc pris une part très active au développement de la thermodynamique statistique et, s'étant initié à la théorie récente de l'information, il a, après la Seconde Guerre mondiale, apporté une contribution importante au traitement des logarithmes de probabilités sous forme d'information sélective, et à leur équivalence à une entropie négative.

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Pierre COSTABEL. SCHRÖDINGER ERWIN (1887-1961) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Erwin Schrödinger - crédits : Foto IWAN

Erwin Schrödinger

Autres références

  • ADN ET INFORMATION GÉNÉTIQUE

    • Écrit par Nicolas CHEVASSUS-au-LOUIS
    • 239 mots

    Jusqu'en 1944, on ignorait quelle pouvait être la nature chimique de la molécule présente dans les chromosomes et porteuse de l'information génétique. Alors que la plupart des chercheurs pensaient qu'il s'agissait de protéines, deux publications viennent montrer, en 1944, qu'il...

  • ATOME

    • Écrit par José LEITE LOPES
    • 9 140 mots
    • 13 médias
    La théorie fondamentale de la physique atomique, la mécanique quantique (cf. physique quantique), fut formulée en 1924-1925, grâce aux recherches de De Broglie, Schrödinger, Heisenberg ainsi que de Born, Jordan et Dirac.
  • DELBRÜCK MAX (1906-1981)

    • Écrit par Pierrette KOURILSKY
    • 582 mots

    Physicien et généticien américain d'origine allemande. Après avoir soutenu une thèse de physique théorique en 1930 à l'université de Göttingen, Max Delbrück travaille en Allemagne et au Danemark sous la direction de Max Born et Niels Bohr. Ce n'est qu'après son émigration aux États-Unis,...

  • HYDROGÈNE (physique)

    • Écrit par Bernard PIRE
    • 6 157 mots
    • 9 médias
    ...magnétisme et structure de l’atome, et la compréhension de ce lien nécessite le développement de la mécanique quantique et en particulier les travaux d’Erwin Schrödinger (1887-1961). L’équation de Schrödinger, aux dérivées partielles, permet de calculer la fonction d’onde de l’électron lorsqu’on connaît...
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Voir aussi