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ENTREPRISE Les relations interentreprises

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Accords de coopération et consortium de fait

Les entreprises choisissent souvent de coordonner en partie leurs activités en passant des accords de coopération, sans forte participation en capital. Certes, les règles de concurrence interdisent les ententes anticoncurrentielles ; le consommateur doit, en effet, pouvoir exercer pleinement sa liberté de choisir entre des fournisseurs indépendants. Mais ces règles prévoient une série d'exemptions lorsque le projet d'accord paraît aux autorités de la concurrence de nature à favoriser les progrès technique et économique. C'est le cas des projets de coopération technologique ou technico-commerciale ; les partenaires sont ici dans une situation précompétitive. En tout cas, la Commission européenne veille à ce que les accords d'une certaine importance qui lui sont notifiés soient limités dans le temps, étroitement circonscrits à leur objet et laissent subsister une concurrence suffisante ; de plus, les promoteurs doivent prouver que l'accord est indispensable à la réalisation du projet et que les clients recueilleront une part des gains escomptés en cas de succès. À côté des accords volontaires, la concurrence internationale conduit certains pays émergents comme la Chine à imposer des collaborations aux entreprises occidentales qui désirent conserver leurs chances d’exporter.

Chaque entreprise agit au centre d'un réseau de valeurs. Ce réseau rassemble fournisseurs, clients et concurrents, mais aussi des « complémenteurs » dont le développement favorise indirectement celui de l'entreprise (agences de voyages-chaînes d'hôtel-compagnies aériennes-entreprises gérant des sites touristiques, par exemple). La firme peut voir dans ces auxiliaires naturels des partenaires en puissance et envisager de nouer avec eux des alliances. Nalebuff et Brandenburger qualifient de « coopétition » la dynamique propre à ces consortiums de fait.

L'échange de données informatisées facilite la coopération depuis les années 1980. La percée d'Internet, dans les années 1990, lui a donné une nouvelle impulsion à travers l'essor du commerce électronique interentreprises ( B2B ou business to business) ; ce dernier progresse aux États-Unis encore plus vite que les ventes en ligne à destination des consommateurs ( B2C ou business to consumer). Toutefois, Internet ne déprécie pas les avantages de proximité que recueillent les entreprises implantées dans des zones de forte densité industrielle (Silicon Valley, Bangalore, districts italiens, région toulousaine, etc.). Michaël Porter (1998) définit les « grappes » comme étant des ensembles d'entreprises et d'institutions liées entre elles par des relations de concurrence, de fournitures, de prestations de services, de collaboration avec des industries connexes, des laboratoires de recherche, des universités, etc. Ces pôles stimulent l'innovation, la productivité et la croissance du pouvoir d'achat, sous l'impulsion d'industries motrices. L'intensité des contacts humains enrichit le contenu des informations et leur assure une meilleure diffusion. La part croissante prise par les activités de services (75 p. 100 du P.I.B. de l'ensemble des pays de l'O.C.D.E.), notamment ceux qui demandent une interaction permanente entre clients et prestataires (finance, audit, conseils à l'entreprise, transports et logistique), contribue à resserrer l'écheveau des relations interentreprises dans le monde moderne.

Si l'on part du constat que la valeur d'une entreprise gérée avec soin et diligence dépasse normalement la valeur de la somme des actifs physiques qu'elle utilise, la fusion de deux firmes en une seule entité n'est pas la seule cause susceptible d'engendrer des survaleurs. En effet, le surplus économique dépend aussi de la qualité des connexions établies entre firmes restées par ailleurs[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite d'économie à l'université de Paris-IX-Dauphine

Classification

Pour citer cet article

Alain BIENAYMÉ. ENTREPRISE - Les relations interentreprises [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 15/10/2014

Autres références

  • L'ACCUMULATION DU CAPITAL, Joan Violet Robinson - Fiche de lecture

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    Le livre s'écarte de la théorie néo-classique en ne considérant pas le taux d'intérêt comme le paramètre essentiel du processus d'expansion. Joan Robinson constate que la vision néo-classique part de l'idée que les entreprises n'ont aucun autofinancement, ou, tout au moins, que leur...
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