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BOREL ÉMILE (1871-1956)

Mathématiques appliquées et physique mathématique

Dès 1905, Borel s'était intéressé au calcul des probabilités, en liaison avec ses recherches sur la mesure des ensembles. À partir de la Première Guerre mondiale, il s'occupa de questions scientifiques variées liées à la Défense nationale et ce contact le poussa sans doute à s'intéresser plus étroitement aux mathématiques appliquées.

Calcul des probabilités. Borel s'est ici encore montré un initiateur en introduisant implicitement la notion de convergence presque certaine. Alors que jusqu'à cette époque, on s'était limité aux propriétés asymptotiques de probabilités dépendant d'un nombre fini (croissant) d'épreuves, Borel réussit à déterminer des valeurs exactes de probabilités dont la réalisation dépend d'une infinité d'épreuves. Le théorème fondamental qu'il obtint, et qui généralise le théorème classique de Bernoulli, est : soient E1, E2, ..., En, ..., une suite d'événements indépendants de probabilités respectives p1, p2, ..., pn,... ; la probabilité pour qu'une infinité de ces événements se réalisent est nulle si la série de terme général pn est convergente, et égale à 1 si elle est divergente. De même que Borel a appliqué le calcul des probabilités à l'analyse (cf. supra), il l'a aussi appliqué à l'arithmétique (nombres premiers).

Théorie des jeux stratégiques. Jusqu'à Borel, l'étude mathématique des jeux de hasard s'était bornée au cas où chacun des événements considérés avait une probabilité déterminée sans que l'intelligence du joueur y ait aucune part (jeu de pile ou face, jeu de dés, etc.) ; Borel eut l'audace de vouloir établir une théorie générale des jeux stratégiques, où l'intelligence du joueur intervient (jeu de dames, bridge, etc.). Il a choisi à cet effet des hypothèses plausibles (appelées désormais hypothèses de Borel) et a pu, dans certains cas particuliers, tirer les conséquences de ces hypothèses. Par là, il doit être considéré comme le véritable précurseur de la théorie des jeux stratégiques développée, quelques années plus tard, par Von Neumann, sous des hypothèses proches de celles de Borel.

Physique mathématique. Dès 1906, Borel s'occupa de la théorie cinétique des gaz et de la loi de Maxwell correspondante, après avoir constaté combien étaient insuffisantes les diverses démonstrations de cette loi ; on lui en doit une démonstration probabiliste, basée sur la théorie moléculaire des gaz.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris.

Classification

Pour citer cet article

Maurice FRÉCHET. BOREL ÉMILE (1871-1956) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ERGODIQUE THÉORIE

    • Écrit par Antoine BRUNEL
    • 3 277 mots
    Ce résultat, découvert par É. Borel, exprime que, pour presque tout réel x, chaque chiffre admet dans la suite des décimales du nombre x la même fréquence limite 1/10.
  • FONCTIONS REPRÉSENTATION & APPROXIMATION DES

    • Écrit par Jean-Louis OVAERT, Jean-Luc VERLEY
    • 18 453 mots
    • 6 médias
    Plus précisément, Émile Borel a montré que, pour toute suite (an) de nombres complexes, il existe une fonction C∞ sur R telle que, pour tout n, f (n)(0) = an. Autrement dit, l'application de Taylor T de C∞(R) dans l'anneau C[[X]] des séries formelles à coefficients complexes,...
  • GÉOMÉTRIE ALGÉBRIQUE

    • Écrit par Christian HOUZEL
    • 12 263 mots
    • 7 médias
    On peut également définir la notion d'opérations algébriques d'un groupe algébrique sur une variété algébrique. La théorie des groupes algébriques affines, édifiée par A. Borel, repose sur le théorème suivant :
  • HASARD

    • Écrit par Bertrand SAINT-SERNIN
    • 6 817 mots
    • 2 médias
    ... siècle, il fut même traité mathématiquement sur un cas particulier par Waldegrave en 1712, mais il fallut attendre les années 1920-1930 (travaux d' Émile Borel et surtout de Johann von Neumann) pour que le théorème général de l'équilibre dans le duel fût démontré. Ce théorème aboutit à un résultat...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi