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BOREL ÉMILE (1871-1956)

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Grand mathématicien, mais aussi homme politique et philosophe, Émile Borel laisse une œuvre scientifique très variée. Son talent s'exprime dans l'art d'ouvrir des voies nouvelles, d'y faire des premiers pas, assez importants pour attirer l'attention de nombreux chercheurs et les inciter à s'y engager à leur tour. Les recherches de Borel se sont déroulées successivement dans deux domaines différents : jusqu'à la Première Guerre mondiale, il s'intéresse surtout à la théorie des fonctions ; les problèmes scientifiques posés par la guerre l'amenèrent, pendant la seconde partie de sa vie, à s'intéresser au calcul des probabilités et à la physique mathématique. Toutefois, le passage d'un domaine à l'autre a été graduel.

Un homme d'action

Né le 7 janvier 1871 à Saint-Affrique (Aveyron), reçu à dix-huit ans premier à la fois à l'École polytechnique et à l'École normale supérieure, Émile Borel opte pour cette dernière qui lui permettait mieux de se livrer à la recherche fondamentale. Il y rencontre le mathématicien Paul Appel, dont il épousera la fille. Les relations de Borel et de sa femme avec les milieux scientifiques et universitaires les amenaient à connaître et à fréquenter l'intelligentsia de l'époque : c'est ainsi qu'il déjeuna régulièrement, pendant plusieurs années, en tête à tête avec Paul Valéry, pour parler de mathématiques ; d'autre part, l'amitié de Borel avec le mathématicien Paul Painlevé, futur président du Conseil, contribua à l'orienter vers la politique.

Entré à vingt-deux ans dans l'enseignement supérieur, Borel fut nommé maître de conférences à l'École normale à vingt-six ans, puis professeur titulaire de la chaire de théorie des fonctions à la Sorbonne ; il allait la quitter pour occuper, à partir de 1919, la chaire de calcul des probabilités et de physique mathématique. La carrière d'Émile Borel fut comblée d'honneurs : couronné à plusieurs reprises par l'Académie des sciences, il y est élu en 1921 ; membre de nombreuses académies étrangères, il reçoit en 1954, la première fois qu'elle est décernée, la médaille d'or du Centre national de la recherche scientifique.

De bonne heure, Borel s'est intéressé à la politique et particulièrement aux questions sociales. Élu député de l'Aveyron en 1924, il siégera au Parlement pendant douze ans et sera même ministre de la Marine pendant les quelques mois que durera un cabinet présidé par Painlevé ; c'est en grande partie grâce à son action que fut fondé, en 1928, l'institut Henri-Poincaré, consacré à la recherche et à l'enseignement dans le domaine des mathématiques pures et appliquées. Emprisonné un mois à Fresnes en 1941, il gagna ensuite l'Aveyron où il participa, malgré son grand âge, à la Résistance. Borel s'éteignit à Paris le 3 février 1956.

L'activité scientifique d'Émile Borel fut considérable : plus de trois cents publications, dont trente-cinq livres. Après sa thèse, soutenue en 1893, son premier et célèbre ouvrage, Leçons sur la théorie des fonctions, date de 1898. En 1904, Borel fonde, chez Gauthier-Villars, la « Collection de monographies sur la théorie des fonctions » ; cette collection, qui atteignit le nombre de cinquante volumes, dont dix de Borel, allait constituer pendant vingt-cinq ans, grâce à la collaboration des mathématiciens les plus éminents, une véritable encyclopédie vivante des connaissances mathématiques. Dans le même esprit, Borel prolongea quelques années plus tard son Traité de calcul des probabilités par une « Collection de monographies sur le calcul des probabilités » ; le second fascicule de cette série, La Théorie mathématique du bridge, a été écrit par Borel en collaboration avec un spécialiste[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris.

Classification

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