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ÉCONOMIE INDUSTRIELLE

Les sources du pouvoir de marché

Le pouvoir de marché d'une entreprise résume sa marge de manœuvre en matière de détermination des prix de vente, et des quantités mises sur le marché. Pour prendre un exemple, un laboratoire pharmaceutique ayant mis au point un vaccin protégé par un brevet est le seul à proposer ce vaccin et peut donc fixer ses prix sans crainte de voir ses clients se tourner vers la concurrence. En d'autres termes, une entreprise dispose d'un pouvoir de marché si elle a suffisamment de latitude vis-à-vis de ses concurrents pour fixer des prix substantiellement au-dessus de ses coûts de production. Le cas extrême est celui d'un monopole qui ne fait face à aucune concurrence.

L'ampleur du pouvoir de marché des entreprises dépend des caractéristiques structurelles du marché, telles que la nature des produits proposés ou les technologies de production. Il est aussi directement lié au nombre de concurrents présents sur le marché. On dit que le marché est concentré lorsqu'il y a peu d'entreprises actives. Ce sont les facteurs affectant cette concentration qui nous intéressent ici.

Les économies d'échelle

Dans une première approche, la taille et le nombre d'entreprises dans un secteur d'activité reflètent l'ampleur des économies d'échelle, terme utilisé pour indiquer le lien entre le niveau global de la production d'une entreprise et son coût unitaire (coût total rapporté au volume de la production). On dit qu'il y a des économies d'échelle si le coût unitaire baisse lorsque la production totale augmente. Dans ce cas, il est plus efficace de concentrer la production sur un nombre restreint d'entreprises que de la répartir entre de nombreuses entreprises produisant peu, puisque ainsi on réduit la dépense par unité produite.

Dans la plupart des activités industrielles, il existe certains coûts, des coûts fixes (ou incompressibles) qui sont insensibles à la taille de la production (le coût du maintien en activité d'une usine par exemple). Ces coûts fixes doivent être amortis sur une production suffisamment importante pour que l'activité soit rentable. Il y a donc toujours un certain degré d'économies d'échelle. Par exemple, la fabrication de pain demande de disposer d'un four à pain. Le coût unitaire de production de 100 pains correspond au coût du four, de la pâte et de la main-d'œuvre, le tout divisé par 100. Le coût unitaire baisse avec le nombre de pains tant que l'on ne sature pas la capacité du four, parce que le coût du four est amorti sur un plus grand nombre de pains. Lorsqu'on sature cette capacité, il est nécessaire d'introduire un nouveau four pour produire plus et le coût unitaire augmente.

Sous des conditions dites de libre entrée, et en particulier en l'absence de coûts d'entrée (discutés ci-dessous), un secteur d'activité va s'organiser de façon à réduire au minimum les coûts unitaires de production et charger des prix égaux à ces coûts. Pour reprendre l'exemple du pain, si le prix du pain est supérieur au coût unitaire minimal, une nouvelle boulangerie peut ouvrir, produire à un coût unitaire inférieur au prix du marché et vendre avec profit. Cela fait baisser le prix jusqu'à ce qu'il soit égal au coût unitaire minimal. Dans ces conditions, le secteur est organisé de la façon la plus efficace possible, et en particulier de façon à minorer le coût total de la production et les prix.

Ce type de raisonnement, qui remonte à Alfred Marshall (1906), suppose cependant que l'entrée sur le marché ne soit pas entravée par d'autres facteurs, ou, en d'autres termes, qu'il n'y ait pas de barrières à l'entrée.

Les barrières technologiques à l'entrée

Tout démarrage d'une nouvelle activité industrielle nécessite des dépenses[...]

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Pour citer cet article

Bruno JULLIEN. ÉCONOMIE INDUSTRIELLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Stratégie commerciale en matière de fixation des prix - crédits : Encyclopædia Universalis France

Stratégie commerciale en matière de fixation des prix

Autres références

  • COASE RONALD HARRY (1910-2013)

    • Écrit par Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 310 mots
    ... n'a en effet disposé que d'un seul modèle micro-économique, issu de l'approche dite néo-classique, pour analyser le comportement de la firme. Ce modèle s'est révélé progressivement insuffisant pour comprendre certaines conduites d'entreprises plus complexes et il a suscité dans les années 1960...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Théories

    • Écrit par Lionel FONTAGNÉ
    • 7 228 mots
    L'ouverture des économies s'accompagne d'échanges internationaux en rapide progression. Toutefois, c'est bien l'activité à l'étranger des firmes et les investissements directs à l'étranger qui constituent aujourd'hui les vecteurs principaux de la globalisation des économies. Cette nouvelle dynamique...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Division internationale du travail

    • Écrit par Lionel FONTAGNÉ
    • 3 945 mots
    Toutes ces évolutions traduisent un bouleversement total de la D.I.T., autorisant à parler d'une « nouvelle D.I.T. ». De nouveaux acteurs, des échanges croisés de produits différenciés et une organisation globale des firmes multinationales : tels sont les ingrédients de cette interdépendance historiquement...
  • CONCURRENCE, économie

    • Écrit par Alain BIENAYMÉ
    • 7 242 mots

    La concurrence définit un type de rapports entre les acteurs de la vie économique caractérisé par la liberté de contracter, de commercer, de circuler et d'entreprendre. Elle donne libre cours à des comportements humains très répandus dans un monde aux ressources rares : de la simple émulation et de la...

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Voir aussi