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ÉCONOMIE INDUSTRIELLE

L'économie industrielle est la branche de l'économie qui étudie le fonctionnement des marchés et les comportements des entreprises sur ces marchés. Elle traite notamment des situations dans lesquelles les entreprises disposent d'un pouvoir de marché, ce que les économistes appellent la concurrence imparfaite. Elle ne se réduit toutefois pas à l'analyse de la concurrence imparfaite. Un de ses objectifs est d'évaluer la performance des marchés en termes d'efficacité et de bien-être collectif. À cet égard, l'économie industrielle comporte une dimension importante d'aide à la décision publique, pour tout ce qui touche à la régulation des marchés.

Elle s'est imposée en tant que discipline à partir des années 1940, sous l'impulsion d'économistes tels qu'Edward Mason et Joe Bain. Ce courant initial, baptisé Tradition de Harvard, est interventionniste et basé sur l'empirisme. On l'oppose généralement à la Tradition de Chicago, plus théorique et non-interventionniste. Plus récemment, la comparaison d'un texte de référence des années 1970, Industrial Market Structure and Economic Performance de F. Michael Scherer, et du texte de Jean Tirole, Théorie de l'organisation industrielle (1988), montre une évolution sensible, due à l'irruption de la théorie des jeux. Cette dernière a comblé un besoin qui se faisait de plus en plus sentir en fournissant un outil permettant d'appréhender la complexité des interactions entre entreprises sur un marché. Après un développement important de la théorie, la discipline semble maintenant s'orienter vers une phase de travaux plus appliqués.

Après une discussion de la notion d'entreprise en économie industrielle, l'article présente le cadre méthodologique de la discipline et introduit le lecteur aux principales problématiques de cette dernière.

L'entreprise en économie industrielle

Avant d'aborder le fonctionnement des marchés, il faut s'interroger sur la nature de son acteur principal : l'entreprise.

L'entreprise comme processus de production

Dans l'analyse microéconomique traditionnelle, l'entreprise est abordée au travers de ses caractéristiques techniques. Elle est une organisation dont le but est de produire certains biens ou services. Pour produire ces biens, elle combine des facteurs de production, tels que la force de travail, le capital matériel (locaux, machines, etc.) et immatériel (savoir-faire, connaissance, etc.), des matières premières ou des biens intermédiaires. Les contraintes techniques de l'entreprise sont représentées par une fonction de production qui détermine les niveaux de production accessibles pour différentes combinaisons des facteurs de production. Étant donné les coûts des facteurs de production, il est possible de déterminer le coût total d'une combinaison de facteurs. Pour un objectif de production donné, le choix de la combinaison de facteurs la moins coûteuse définit le coût d'une production, c'est-à-dire le coût minimal que doit supporter l'entreprise pour réaliser cette production.

Le profit de l'entreprise est la différence entre le revenu engendré par les ventes de la production et le coût de cette dernière. Cette notion de profit s'étend facilement pour prendre en compte la nature temporelle des activités de l'entreprise ; elle correspond alors à la notion de valeur de l'entreprise qui inclut tous les flux de revenus et les coûts futurs, valorisés au moyen de techniques financières.

Dans ce contexte, l'objectif d'une firme est simple : maximiser le profit. Notons que l'on postule un objectif unique pour une entreprise constituée de nombreux individus. La question de savoir comment le consensus est atteint au sein de celle-ci n'est pas posée à ce stade.

Cette approche s'est[...]

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Pour citer cet article

Bruno JULLIEN. ÉCONOMIE INDUSTRIELLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Stratégie commerciale en matière de fixation des prix - crédits : Encyclopædia Universalis France

Stratégie commerciale en matière de fixation des prix

Autres références

  • COASE RONALD HARRY (1910-2013)

    • Écrit par Françoise PICHON-MAMÈRE
    • 1 310 mots
    ... n'a en effet disposé que d'un seul modèle micro-économique, issu de l'approche dite néo-classique, pour analyser le comportement de la firme. Ce modèle s'est révélé progressivement insuffisant pour comprendre certaines conduites d'entreprises plus complexes et il a suscité dans les années 1960...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Théories

    • Écrit par Lionel FONTAGNÉ
    • 7 228 mots
    L'ouverture des économies s'accompagne d'échanges internationaux en rapide progression. Toutefois, c'est bien l'activité à l'étranger des firmes et les investissements directs à l'étranger qui constituent aujourd'hui les vecteurs principaux de la globalisation des économies. Cette nouvelle dynamique...
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Division internationale du travail

    • Écrit par Lionel FONTAGNÉ
    • 3 945 mots
    Toutes ces évolutions traduisent un bouleversement total de la D.I.T., autorisant à parler d'une « nouvelle D.I.T. ». De nouveaux acteurs, des échanges croisés de produits différenciés et une organisation globale des firmes multinationales : tels sont les ingrédients de cette interdépendance historiquement...
  • CONCURRENCE, économie

    • Écrit par Alain BIENAYMÉ
    • 7 242 mots

    La concurrence définit un type de rapports entre les acteurs de la vie économique caractérisé par la liberté de contracter, de commercer, de circuler et d'entreprendre. Elle donne libre cours à des comportements humains très répandus dans un monde aux ressources rares : de la simple émulation et de la...

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Voir aussi