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LA HAYE ÉCOLE DE

Au-delà de l'école de La Haye : Jongkind et Breitner

«Scène d'hiver», J. B. Jongkind - crédits : Collection privée

«Scène d'hiver», J. B. Jongkind

À l'école de La Haye, il convient enfin de rattacher l'une des personnalités les plus puissantes et les plus originales de la peinture hollandaise, Johan Barthold Jongkind (1819-1891), bien que ce peintre ait fait plutôt partie de ceux qui, au lieu d'être retenus par leur pays, le quittèrent momentanément. Installé dès 1846 à Paris, où il fréquente l'atelier d'Isabey rencontré à La Haye l'année précédente, il s'y fait connaître en effet comme un peintre français. Si ses paysages tirent leurs motifs du spectacle de Paris et des ports de Normandie où il séjourne dès 1849, son métier remarquable le rattache néanmoins à la tradition hollandaise. Déçu par un échec à l'Exposition universelle de 1855, il regagne son pays natal pour y peindre dans le style luministe de l'école de La Haye (Vue d'Overschie, 1856, musée de la Chartreuse, Douai). De retour en France en 1860, où l'appellent ses amis inquiets pour sa santé déjà minée par l'alcool, il travaille dans le Nivernais et réside l'été en Normandie. En 1864, à Honfleur, il côtoie Claude Monet qui subit l'influence de sa facture légère et de sa touche fragmentée. Dans l'œuvre de Jongkind, l'aquarelle occupe une place essentielle : si l'artiste l'utilise pour saisir le motif au cours de ses nombreux voyages, elle acquiert avec le temps une autonomie croissante. C'est à propos des aquarelles présentées au Salon de 1863, que le critique Castagnary devait déclarer : « Chez lui tout gît dans l'impression... », pressentant par là l'influence exercée peu après par Jongkind sur la naissance de l'impressionnisme. À partir de 1873, l'artiste fréquente le Dauphiné où il s'installe en 1878, à La Côte-Saint-André, cité natale de Berlioz. En 1880, il entreprend un fructueux périple dans le Midi, de Narbonne à La Ciotat. Durant cette dernière période, où l'aquarelle domine nettement sa production, il travaille l'hiver à Paris. Alcoolique et atteint de troubles psychiques, il meurt à l'asile de Grenoble en 1891. La tradition pleinairiste, réactivée par l'école de La Haye, a incontestablement trouvé de nouveaux développements dans son art basé sur la sensation.

On ne saurait enfin rendre compte de l'influence de l'école de La Haye sans évoquer la personnalité forte de George Hendrik Breitner (1857-1923), même si la peinture sombre et âpre de cet élève de Willem Maris et de Hendrik Mesdag n'a plus guère en commun que des sujets avec ce grand mouvement de l'art hollandais.

— Robert FOHR

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Pour citer cet article

Robert FOHR. LA HAYE ÉCOLE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Rue dans une ville hollandaise</it>, J. H. Weissenbruch - crédits : AKG-images

Rue dans une ville hollandaise, J. H. Weissenbruch

«Scène d'hiver», J. B. Jongkind - crédits : Collection privée

«Scène d'hiver», J. B. Jongkind

Autres références

  • JONGKIND JOHAN BARTHOLD (1819-1891)

    • Écrit par Charles SALA
    • 385 mots
    • 2 médias

    Huitième enfant d'une famille paysanne, Jongkind entre à l'académie de La Haye à dix-sept ans. Il apprend alors la technique du dessin, mais surtout de l'aquarelle d'après nature. Lors d'un premier séjour en France, il se lie en 1846 avec Isabey qui lui fait découvrir les couleurs...

  • RÉALISME RETOUR AU

    • Écrit par Jean CLAIR
    • 5 157 mots
    • 5 médias
    ...l'activisme du Stedelijk Museum, a connu, dans les années 1960, un art soumis aux poncifs de l'avant-garde internationale, en particulier du minimalisme, La Haye, au début des années 1970, est le théâtre d'une réaction réaliste et régionaliste, enracinée dans la tradition de l'école de...

Voir aussi