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LA HAYE ÉCOLE DE

La quête de la lumière

<it>Rue dans une ville hollandaise</it>, J. H. Weissenbruch - crédits : AKG-images

Rue dans une ville hollandaise, J. H. Weissenbruch

L'école de La Haye se constitue dans ce contexte. Le mérite essentiel de ce mouvement est en fait d'avoir renouvelé la tradition hollandaise du paysage, d'une part en appréhendant avec un sens plus moderne de la réalité des motifs rustiques ou urbains traditionnels, d'autre part en lui trouvant de nouveaux thèmes d'inspiration, telles les vues de mer ou de plage à marée basse, dont les sites des environs de La Haye, Scheveningen notamment, offraient de magnifiques exemples. À propos des intérieurs d'église que Jacob Bosboom (1817-1891), généralement cité comme le fondateur de l'école, peint dans le souvenir d'un Van de Velde (Notre-Dame de Breda,Rijksmuseum, Amsterdam), Focillon écrira : « Un intérieur d'église de Bosboom – thème cher aux vieux maîtres des Pays-Bas – est église et non archéologie pittoresque, et non problème de projection des ombres. » L'école de La Haye, qui « recueille la tradition des luministes... mais l'élargit », va rassembler en fait des personnalités très diverses : ainsi Joszef Israëls, Hendrik Mesdag, peintres de marines, Bernard Blommers, Paul Gabriel, Albert Neuhuys, Jan Hendrik Weissenbruch, ou encore les trois frères Jacob, Matthijs et Willem Maris.

Aquafortiste et peintre de scènes de genre, spécialiste de la vie des pêcheurs, Joszef Israëls (1824-1911) est l'autre aîné de l'école. « Chez les pauvres, chez les vieux, son génie s'éveille, et ses Naufragés, un „drame de la mer“ comme on en peignit tant après lui, le font connaître et le révèlent à lui-même. » Des trois frères Maris, Jacob (1837-1899) se détache comme l'un des peintres les plus personnels du groupe, avec ses « belles pâtes » et ses « touches fortes et glissantes » (Le Port, Rijksmuseum, Amsterdam). Anton Mauve (1838-1888), auprès de qui Vincent Van Gogh, son cousin, travaillera un moment en 1881, mérite également une mention particulière : ses sujets rustiques (vaches dans les prés) et ses paysages d'hiver (Ramassage du goémon, musée d'Orsay, Paris) se caractérisent par leur simplicité. C'est lui qui, en 1885, fondera avec quelques amis l'école de Laren, le Barbizon hollandais.

Élève à Bruxelles de Willem Roelofs, qui lui-même avait connu Troyon, Rousseau et Millet, Hendrik Mesdag (1831-1915) est le peintre par excellence de Scheveningen qui lui a inspiré des vues de mer et de plage d'un grand brio d'exécution (Coucher de soleil sur Scheveningen, musée Mesdag, La Haye). Il a en outre laissé une remarquable collection d'œuvres de ses contemporains français, notamment de paysages de l'école de Barbizon. Quant à Jan Hendrik Weissenbruch (1824-1903), c'est sans doute l'un des plus doués de tous ces artistes : après avoir produit des vues de villes et des paysages panoramiques très minutieux (Vue près de Geestbrug, 1868, Rijksmuseum, Amsterdam), il évolue vers une conception plus synthétique et simplifiée du paysage qui privilégie le rendu de l'atmosphère sur celui du motif, dans des toiles où des ciels immenses à la luminosité riche de nuances infiniment variées ne sont pas sans évoquer l'art d'un Van Goyen (Plage, 1887, Gemeentemuseum, La Haye).

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Pour citer cet article

Robert FOHR. LA HAYE ÉCOLE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Rue dans une ville hollandaise</it>, J. H. Weissenbruch - crédits : AKG-images

Rue dans une ville hollandaise, J. H. Weissenbruch

«Scène d'hiver», J. B. Jongkind - crédits : Collection privée

«Scène d'hiver», J. B. Jongkind

Autres références

  • JONGKIND JOHAN BARTHOLD (1819-1891)

    • Écrit par Charles SALA
    • 385 mots
    • 2 médias

    Huitième enfant d'une famille paysanne, Jongkind entre à l'académie de La Haye à dix-sept ans. Il apprend alors la technique du dessin, mais surtout de l'aquarelle d'après nature. Lors d'un premier séjour en France, il se lie en 1846 avec Isabey qui lui fait découvrir les couleurs...

  • RÉALISME RETOUR AU

    • Écrit par Jean CLAIR
    • 5 157 mots
    • 5 médias
    ...l'activisme du Stedelijk Museum, a connu, dans les années 1960, un art soumis aux poncifs de l'avant-garde internationale, en particulier du minimalisme, La Haye, au début des années 1970, est le théâtre d'une réaction réaliste et régionaliste, enracinée dans la tradition de l'école de...

Voir aussi