BRÜCKE DIE
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Un esprit, un style
Si la Brücke ne formulait pas de doctrine précise – son but initial étant la recherche et l'expérimentation –, elle trouvait une impulsion dans les idées des philosophes et des écrivains : dans l'ardent lyrisme de l'Américain W. Whitman, dans l'exigence nietzschéenne d'une transmutation des valeurs, mais aussi chez les poètes symbolistes Rilke, Stefan George, chez les dramaturges Hauptmann, Wedekind, chez les Scandinaves Ibsen et Strindberg, plus tard chez les poètes expressionnistes Lasker-Schüler, Heym. C'est dans leurs œuvres que les artistes de la Brücke incarnèrent l'esprit du mouvement : anticonformisme, volonté de révolte contre l'hypocrisie bourgeoise et sentimentale, affirmation de la fragilité de l'ordre établi et pressentiment du nouveau. Pour elle, l'art est la révolte. Révolte artistique, mais liée au courant socialisant du célèbre journal satirique Simplicissimus. Groupe sérieux et travailleur, pauvre par vocation, la Brücke se sent vouée à un art où le vécu prime sur le vu, malgré la référence à des idéaux vagues dans leur formulation (« Elle se bat, écrit Kirchner en 1913, pour une culture humaniste qui est la base de l'art véritable. »). L'esthétique de Kirchner sera jugée trop personnelle et subjective par ses compagnons, et ce fut une des raisons de la dissolution de la Brücke.
À l'origine, la Brücke a un style collectif, le Brückestil, comme un front opposé à une société dont les valeurs sont mises en question : dans les expositions, chacun omet souvent de signer ses œuvres. Ce style atteint son apogée en 1910, et c'est dans la gravure sur bois qu'il est le plus manifeste. Les différents artistes de la Brücke, qui illustrent jusqu'en 1911 Der Sturm, montrent une grande similitude de pensée et de technique, surtout Kirchner, Heckel et Schmidt-Rottluff. Après 1911, le caractère individualiste s'affirmera de plus en plus.
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Écrit par :
- Étiennette GASSER : docteur en sociologie
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FAUVISME
Dans le chapitre « Fauves français et expressionnistes allemands » : […] La question des rapports entre fauves français et expressionnistes allemands n'est pas aisée à cerner. Des deux côtés, un certain chauvinisme a obscurci volontairement la discussion. En Allemagne, artistes et critiques ont voulu nier toute dette à l'égard des Français, et, pour justifier son antériorité, Kirchner n'a pas hésité à antidater des tableaux. En France, on a, pendant longtemps, ignoré […] Lire la suite
HECKEL ERICH (1883-1970)
L'un des fondateurs du mouvement Die Brücke en 1905, ce jeune architecte passionné de Nietzsche s'avère d'emblée moins violent, plus mélancolique que Kirchner et Schmitt-Rottluf. Si dans ses premiers paysages ( Chevaux dans un pré , 1908, Landsmuseum, Münster) Heckel n'emploie que trois ou quatre couleurs franches, sa palette s'assombrit et son graphisme devient plus complexe lorsqu'en 1911 il se […] Lire la suite
EXPRESSIONNISME
Dans le chapitre « À Dresde, le groupe Die Brücke » : […] Rétrospectivement, on voit que l'année charnière pour les premières manifestations de groupe contre le conformisme ambiant est 1905. Le 9 février meurt Adolph von Menzel. Réputé pour ses études sur l'impressionnisme français, Julius Meier-Graefe a évoqué, dans l'ouvrage qu'il a consacré au Développement historique de l'art moderne , le sens de son œuvre pour les Allemands de l'époque : « Menzel ép […] Lire la suite
KIRCHNER ERNST LUDWIG (1880-1938)
Peintre, graveur et sculpteur allemand, Ernst Ludwig Kirchner fut l'un des principaux animateurs du premier groupe qui fut assimilé ensuite au mouvement expressionniste allemand, Die Brücke , ou Le Pont. Créé en 1905 à Dresde, ce groupe réunit de jeunes peintres qui font le choix d'une rupture violente avec la tradition académique. Optant dans leurs œuvres pour des images déformées, des couleurs v […] Lire la suite
MASEREEL FRANZ (1889-1972)
Flamand de naissance et de tempérament (né à Blankenberghe, il fait ses études à l'Académie de Gand) mais Européen par vocation (ce qui explique ses séjours en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, en Russie, son attachement à la France — il travaille surtout à Paris avant de se fixer à Nice, où il est mort), collaborateur et ami de Romain Rolland, de Verhaeren, de Stefan Zweig, de Barbusse, illust […] Lire la suite
MÜLLER OTTO (1874-1930)
Né en Silésie, d'une mère tzigane, Otto Müller pratique dans sa jeunesse une peinture assez conventionnelle, mais, lorsqu'il arrive à Berlin en 1908, il se rallie immédiatement à Die Brücke . Simplifiant la forme mais ne s'en écartant jamais, il possède une technique spéciale (peinture à la colle sur toile de jute) qui rend les couleurs mates et assourdies, même lorsqu'elles obéissent à l'esthétiq […] Lire la suite
NOLDE EMIL (1867-1956)
Dans le chapitre « Nature et religiosité » : […] Nolde n'est pas le patronyme d'origine du peintre allemand qui, sous ce nom, a conquis la célébrité. Il emprunte ce pseudonyme au village où il est né le 7 août 1867, dans le Schleswig du Nord, près de Tondern, à la frontière de l'Allemagne et du Danemark, sur un territoire devenu danois au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il s'appelait Emil Hansen. En 1902, après son mariage avec Ada Vil […] Lire la suite
PECHSTEIN MAX (1881-1955)
Le seul membre du groupe Die Brücke, auquel il avait adhéré en 1906, à avoir séjourné à Paris. L'œuvre de cet ancien peintre en bâtiment fut donc, à plusieurs égards, plus personnelle que celle de ses collègues. Max Pechstein devait, en effet, subir l'influence de Gauguin, puis celle de Cézanne et enfin celle de Matisse (vers 1912) ; lui-même découvrait directement l'exotisme pendant un voyage aux […] Lire la suite
SCHMIDT-ROTTLUFF KARL (1884-1976)
Le peintre allemand Schmidt-Rottluff est l'un des représentants de l'expressionnisme allemand au début du siècle. Karl Schmidt (qui adjoignit plus tard à son nom celui de Rottluff, faubourg de Chemnitz où il avait vu le jour) vint à Dresde en 1905 pour étudier l'architecture. Il y retrouve Heckel et se lie avec Ludwig Kirchner et Fritz Bleyl. Les quatre jeunes gens forment la même année la communa […] Lire la suite
STURM DER, revue
Entre 1905 et 1922, le courant expressionniste qui traverse la littérature et l'art allemands est accompagné d'une prolifération de revues qui aspirent à une transformation des valeurs établies. Plusieurs de ces revues sont éphémères. Parmi celles qui se distinguent par leur longévité, la revue Der Sturm (1910-1932), tirée à 30 000 exemplaires et diffusée à travers l'Europe, devient rapidement le […] Lire la suite
Pour citer l’article
Étiennette GASSER, « BRÜCKE DIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 18 juin 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/die-brucke/