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GABLE CLARK (1901-1960)

C' est la publicité de la Metro Goldwyn Mayer, vite relayée par la presse, qui, en 1938, attribua à Clark Gable le surnom de « King of Hollywood », à la suite d'un incident purement fortuit. Ce slogan peu original convenait pourtant parfaitement à la popularité du charmeur qui séduisait davantage dans sa vie publique qu'à travers ses rôles, souvent de qualité mais trop interchangeables. Bientôt, il régna sur tous les cœurs en incarnant Rhett Butler, le « héros » du film-culte Gone With the Wind (Autant en emporte le vent, 1939), aux amours passionnées et tumultueuses avec Scarlett O'Hara (Vivien Leigh). Sa carrière dépasse pourtant largement ce titre, aussi mythique soit-il.

Un charme facétieux et viril

William Clark Gable naît le 1er février 1901 à Cadiz (Ohio). Il est âgé d'à peine sept mois lorsque sa mère meurt. Sa tante et son oncle maternels, en Pennsylvanie, l'élèvent, jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de deux ans. Il rejoint ensuite son père, fermier puis chercheur de pétrole, à Cadiz. À seize ans, il quitte le lycée, travaille en usine, et décide de devenir acteur après avoir vu L'Oiseau de Paradis, pièce écrite en 1911 par Richard Walton Tully, dont King Vidor donnera la première version cinématographique en 1932. Il participe d'abord à des tournées itinérantes. L'organisatrice d'une troupe de théâtre de Portland, Josephine Dillon, l'épouse et le conduit à Hollywood en 1924. Cependant, Clark Gable ne se voit pratiquement proposer que de la figuration. Revenu au théâtre, après avoir subi plusieurs refus à l'issue de screen tests – entre autres avec le producteur Darryl F. Zanuck –, il signe tout de même un contrat avec Irving Thalberg en 1930. Mais la M.G.M. le cantonne alors dans des rôles stéréotypés de « méchant dur » : on le trouve en fait peu séduisant et dépourvu d'humour ! Heureusement, de grandes actrices l'apprécient, entre autres Joan Crawford, qui le demande comme partenaire dans Dance, Fools, Dance (La Pente, de Harry Beaumont, 1931), même si le rôle est encore celui d'un « mauvais garçon ».

La carrière de star de Clark Gable commence réellement avec It Happened One Night (New York-Miami, 1934). Pour ce film auquel ne croient que son réalisateur, Frank Capra, et le scénariste Robert Riskin, Gable a été « loué » à la Columbia par Thalberg pour le punir d'avoir refusé plusieurs scénarios. New York-Miami remporte cinq oscars, et Clark Gable reçoit pour la première fois celui du meilleur acteur. Le film déjoue très habilement les interdits du Code Hays, qui est entré en fonction en 1930. Face à une Claudette Colbert futile et indécise, Gable incarne un homme facétieux, sympathique, malgré sa duperie, dont l'érotisme viril évite la vulgarité et le machisme. Le fait que l'acteur apparaisse torse nu sans maillot sous sa chemise aurait fait chuter de façon fulgurante la vente de ce type de sous-vêtement masculin.

Clark Gable n'est pas encore l'aventurier dynamique au sourire charmeur qu'il sera sous la direction de William A. Wellman (Call of the Wild[L'Appel de la forêt], 1935 ; Across the Wide Missouri[Au-delà du Missouri], 1951), Tay Garnett (China Seas[La Malle de Singapour], 1935), Frank Lloyd (Mutiny on the Bounty[Les Révoltés du Bounty], 1935), W. S. Van Dyke (San Francisco, 1936), Frank Borzage (Strange Cargo[Le Cargo maudit], 1940)... Ces quelques titres sont significatifs de son personnage. Le gentleman, d'abord : dans L'Appel de la forêt, après s'être ruiné au jeu, Jack Thornton cherche, en Alaska, une mine d'or et tombe amoureux d'une jeune femme (Loretta Young). Mais lorsque le mari, porté disparu et propriétaire de la mine, revient très affaibli, il abandonne, non sans regrets, l'épouse et l'or. L'acteur peut également se montrer émule de H. D. Thoreau[...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Joël MAGNY. GABLE CLARK (1901-1960) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Autant en emporte le vent, V. Fleming - crédits : MoviePix/ Silver Screen Collection/ Getty Images

Autant en emporte le vent, V. Fleming

Autres références

  • AUTANT EN EMPORTE LE VENT, film de Victor Fleming

    • Écrit par Michel CHION
    • 940 mots
    • 1 média
    Star masculine des débuts du parlant, et « sex symbol » depuis New York-Miami (It Happened One Night, 1934, de Frank Capra) Clark Gable avait déjà joué les mufles et les machistes séduisants, mais c'est en Rhett Butler, personnage taillé pour lui, qu'il trouva le rôle de sa vie. Pour Scarlett,...
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