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CHÉLONIENS ou TORTUES

Les tortues, que l'on groupe dans l'ordre des Chéloniens, restent assez abondantes dans la nature ; elles colonisent toutes les régions du monde, exception faite des contrées au nord du 50e parallèle nord. Sous leur apparence familière, les tortues sont des reptiles au « cachet anatomique » et aux particularités physiologiques fort originales, associant certains caractères très archaïques à d'autres hautement spécialisés. La vaste répartition des tortues atteste de leur succès et découle du fait qu'elles constituent l'un des groupes reptiliens les plus polyvalents et les plus diversifiés par ses adaptations écologiques. Ce groupe inclut des formes marines qui chassent les poissons ou broutent les algues, nagent avec endurance et parcourent, lors de leurs migrations, des distances considérables dans les océans ; des formes amphibies capables de rester à l'affût de longs moments sous l'eau ; enfin, des formes terrestres qui supportent aussi bien les rigueurs de l'hiver dans les régions tempérées que la chaleur et la sécheresse des déserts. Le régime alimentaire des tortues varie d'une alimentation purement carnivore à une alimentation exclusivement herbivore, avec toutefois de nombreuses espèces au régime mixte. Les tortues, durement décimées par l'homme dans presque toutes les régions du monde, présentent encore une importance économique sensible pour certaines populations humaines.

Principaux caractères anatomiques

L' originalité du groupe tient à la fois aux caractères du squelette crânien et aux profondes modifications du squelette postcrânien liées à la réalisation d'une carapace. Le crâne des Chéloniens est de type anapside : il est totalement dépourvu de fenêtre temporale, disposition unique dans la nature actuelle et qui rappelle les Cotylosaures de l'ère primaire, les plus primitifs des reptiles connus. L'insertion des muscles temporaux, principaux adducteurs de la mandibule, s'effectue dans une fosse « sous-temporale » située entre le crâne dermique et le crâne enchondral. Dans de nombreux groupes, la région pariétale est allégée par une échancrure de la marge postérieure du dermocrâne touchant les pariétaux et les squamosaux. Les mâchoires des Chéloniens ne portent aucune dent. La fonction de ces dernières est assurée par un étui corné tranchant qui recouvre la face occlusale des mâchoires. Certaines tortues, principalement les formes marines, présentent un palais secondaire, moins développé que celui des Crocodiliens ou des Mammifères, grâce auquel l'ouverture des choanes se trouve déplacée dans la région postérieure du plafond buccal.

La carapace des Chéloniens est composée de plaques osseuses d'origine dermique, les ostéoscutes, que recouvrent des plaques cornées produites par l'épiderme, les cornéoscutes. La carapace comprend une région dorsale plus ou moins bombée, la dossière, et une région ventrale plate, le plastron. Ces deux éléments sont suturés latéralement l'un à l'autre. Les ostéoscutes de la dossière se répartissent en une rangée de plaques vertébrales, occupant le territoire sagittal médian et solidaires de la neurépine des vertèbres ; deux ensembles de plaques costales étroitement fusionnées aux côtes ; enfin, une ceinture de plaques périphériques formant la marge inférieure de la carapace. L'armature osseuse de la dossière et celle du plastron sont, selon les groupes, complètes ou diversement fenestrées. Le nombre et le contour des cornéoscutes ne correspondent pas dans le détail à ceux des ostéoscutes, bien qu'ils soient également divisés en trois régions (médiane, latérale, marginale). Les Chéloniens ne présentent pas de véritable mue, mais une exfoliation superficielle des cornéoscutes ; ces derniers n'étant que très partiellement renouvelés continuent de s'accroître durant toute la vie et portent en surface des rides concentriques[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle en biologie animale, chercheur libre à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Vivian de BUFFRÉNIL. CHÉLONIENS ou TORTUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Déplacement de la tête - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déplacement de la tête

Tortue-léopard - crédits : Matthias Graben/ ImageBroker/ Getty Images

Tortue-léopard

Tortue des Galapagos - crédits : Staffan Widstrand/ Corbis/ Getty Images

Tortue des Galapagos

Autres références

  • BERNE CONVENTION DE (1979)

    • Écrit par Sandrine MALJEAN-DUBOIS
    • 789 mots
    • 1 média
    ...en manquement devant la Cour de justice européenne, qui siège à Luxembourg. Cela a par exemple été le cas dans le dossier ouvert en 1986 au sujet des Caouannes, tortues marines (Carettacaretta) menacées dont le principal lieu de ponte en Méditerranée se situe en Grèce. Ce pays a ainsi été condamné pour...
  • MEMBRES

    • Écrit par Claude GILLOT, Armand de RICQLÈS
    • 15 056 mots
    • 13 médias
    Lestortues (Chéloniens) ont conservé des membres transversaux mais qui ont subi des transformations en rapport avec la différenciation de la carapace et du plastron ventral. On peut admettre que beaucoup de lézards (Sauriens) ont plus ou moins conservé une disposition transversale du membre, bien qu'en...
  • MIGRATIONS ANIMALES

    • Écrit par Valérie CHANSIGAUD, Jean DORST
    • 11 698 mots
    • 17 médias
    ...certaines changent d'habitat. Les grenouilles et les crapauds se concentrent en des points privilégiés, puis se dispersent après la reproduction. Les tortues d'eau, telles que les arraus sud-américaines (Podocnemis expansa), migrent véritablement le long des cours d'eau pour aller pondre sur des...
  • OCÉAN ET MERS (Vie marine) - Vie pélagique

    • Écrit par Lucien LAUBIER, Jean-Marie PÉRÈS
    • 7 202 mots
    • 8 médias
    Les reptiles sont représentés principalement par des tortues dont les plus connues sont la tortue caret, autrefois recherchée pour son écaille, et la tortue verte, chassée pour sa chair et surtout pour la préparation, à partir des cartilages du plastron, de la soupe à la tortue ; ces tortues des zones...
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Voir aussi