Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CHASSEURS-CUEILLEURS (archéologie)

Du matériel à l’idéel

Tassili n’Ajjer (Sahara algérien) - crédits : Baldizzone/ De Agostini/ Getty Images

Tassili n’Ajjer (Sahara algérien)

Les croyances des chasseurs-cueilleurs et leurs rapports au surnaturel sont évidemment fort variés. On a vu que, dès les Néandertaliens, des pratiques qui ne relevaient pas d’une simple démarche utilitaire avaient pu être remarquées. Chez les Homo sapiens du Paléolithique supérieur, les peintures ou gravures rupestres, attestées de l’Indonésie à l’Europe occidentale, mais aussi en Inde, en Afrique ou dans les Amériques, sont généralement considérées comme des expressions de type mythologique, même si des interprétations plus précises peuvent diverger fondamentalement, entre une opposition masculin-féminin (chez A. Leroi-Gourhan), un chamanisme quelque peu flou (J. Clottes et D. Lewis-Williams) ou du totémisme (A. Testart), entre autres. Que les représentations portent pour l’essentiel sur des animaux peut suggérer que ces chasseurs-cueilleurs se pensaient à travers eux, voire comme une espèce animale parmi d’autres, en contraste avec le rapport de domination sur la nature qui caractérisera les sociétés néolithiques. On sait aussi que les chasseurs demandent en général la permission de tuer aux esprits des animaux, et les en remercient.

Si de telles peintures désignent leurs lieux, grottes ou roches de plein air comme de probables localités cérémonielles, l’ethnographie indique que les pratiques rituelles ne laissent pas nécessairement de traces reconnaissables. On considère néanmoins les constructions circulaires mégalithiques de Göbekli Tepe, dans le sud de la Turquie, remontant à environ 9 500 avant notre ère, juste au moment de l’émergence du Néolithique, comme les « premiers temples » de l’humanité. Il existe un peu plus tard en Amérique du Nord de vastes tertres de terre, circulaires ou en forme d’animaux, dus à des chasseurs-cueilleurs, sans compter les grands mâts-totems déjà mentionnés.

Les pratiques funéraires sont un autre moyen d’appréhender les croyances. Attestées dès les Néandertaliens et sans doute aussi chez les derniers erectus et chez Homo naledi, elles se généralisent chez sapiens. Néanmoins, le creusement de tombes n’est pas la seule pratique attestée, et certaines peuvent ne laisser aucune trace, comme l’incinération, la dessiccation à l’air libre ou le dépôt dans des cours d’eau. Le cannibalisme, qui est normalement une pratique rituelle et non directement alimentaire, qu’il s’agisse d’ingérer la chair des siens ou au contraire de ses ennemis, est également attesté dès les derniers erectus et les Néandertaliens, mais aussi pas maintes observations ethnographiques. Il ne devient proscrit que dans la plupart des sociétés étatiques.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

Classification

Médias

Les San, un peuple nomade - crédits : N. Cirani/ De Agostini/ Getty Images

Les San, un peuple nomade

Tassili n’Ajjer (Sahara algérien) - crédits : Baldizzone/ De Agostini/ Getty Images

Tassili n’Ajjer (Sahara algérien)

Figurine <em>dogū</em>, fin de la période Jōmon (Japon) - crédits : Sepia Times/ Universal Images Group/ Getty Images

Figurine dogū, fin de la période Jōmon (Japon)