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CALENDRIERS

Évolution du calendrier romain

Un dicton très populaire dit que : « À la sainte-Luce les jours allongent d'un saut de puce ». La sainte-Luce se fêtant le 13 décembre, cela est faux, car la durée du jour est la plus courte au solstice d'hiver, ce qu'il est facile de vérifier sur tout calendrier. Cette tradition populaire est une survivance du calendrier julien, qui a été réformé en 1582 sur ordre du pape Grégoire XIII pour donner naissance au calendrier grégorien actuel. Ce calendrier représente une simple amélioration d'un calendrier beaucoup plus ancien, mis en place en l'an 708 de Rome, sur ordre de Jules César, qui prit comme conseiller l'astronome grec Sosigène d'Alexandrie ; il décida que le futur calendrier romain ne tiendrait plus compte de la lune. Avant la réforme imposée par Jules César, Rome connaissait un véritable désordre dans le décompte des jours et des années. Pour une grande part, le droit d'intervention des pontifes qui faisait du calendrier un moyen puissant de fraude (avance et retard d'échéances, prolongation de magistratures...) avait conduit à un décalage complet de la célébration des fêtes : on fêtait l'automne au printemps et les moissons en plein hiver !

L'année primitive de Rome, dite de Romulus, contient 10 mois formant un ensemble de 304 jours (4 grands mois de 31 jours et 6 de 30 jours). Les mois s'appelaient Mars, Aprilis, Maia, Junionus, Quintilis, Sextilis, September, October, November et December. Quintilis et Sextilis deviendront juillet et août, en l'honneur de César et d'Auguste. On peut citer quelques origines des noms des mois romains : Mars est le nom du dieu dont Romulus prétendait descendre. Aprilis vient de aperire (« ouvrir », c'est-à-dire le mois ou la terre s'ouvre pour la végétation) et peut-être aussi d'Aphrodite. Maia vient de Maia, déesse mère de Mercure, ou de Maïus, dieu de la croissance, ou encore de Majores, qui signifie les Anciens. Junionus vient de Junon, fille de Saturne, ou de Junior. Les autres mois portent leur numéro, du cinquième pour Quintilis au dixième pour December.

Avec le calendrier dit de Numa ou de Tarquin (700 avant J.-C.) l'année s'agrandit de 2 mois supplémentaires (janvier et février). Les Romains s'inspirèrent du calendrier lunaire grec et il fut décidé d'ajouter 51 jours en 2 mois placés après décembre, que l'on a appelé Januarius (consacré à Janus) et Februarius (consacré aux purifications évoquées par le verbe februare). Pourquoi 51 jours et pas 50 (354-304) ? Pour des raisons de superstition numérique : seuls les nombres impairs plaisent aux dieux, ce qui interdit l'usage de nombres pairs. Avec cette année de 355 jours, il manque environ 10 jours pour se raccorder à l'année des saisons : au bout de 3 ans, il manque environ 1 mois. C'est tous les 2 ou 3 ans que les Romains intercalent un mois supplémentaire de 22 jours, appelé Mercedonius, placé curieusement entre le 23 et le 24 février. Le choix de cette date s'explique par le fait que le 23 février était le jour des fêtes de fin d'année, les Terminalia. L'année s'est agrandie de 2 mois, et plus tard les mois seront décalés car le début de l'année est ramené du 1er mars au 1er janvier, ce qui est resté apparent dans les noms des mois : (sept)embre, (octo)bre, (nov)embre et (déc)embre devraient être les septième, huitième, neuvième et dixième mois de l'année.

L'an 708 de la fondation de Rome est une véritable « année de confusion » car elle contenait 445 jours pour rattraper le retard accumulé au cours de forts malheureuses corrections antérieures. Avec la réforme, l'année commence le 1er janvier au lieu du 1er mars ; le mois Mercedonius disparaît définitivement. La nouvelle année de 365,25 jours est[...]

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Pour citer cet article

Jean-Paul PARISOT. CALENDRIERS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne</it>, A. Altdorfer - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne, A. Altdorfer

Calendrier aztèque - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

Calendrier aztèque

Regiomontanus : Calendarium - crédits : Rosenwald Rare Book Collection/ Library of Congress, Washington, D.C.

Regiomontanus : Calendarium

Autres références

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean KOVALEVSKY
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    La révolution de la Terre autour du Soleil et celle de la Lune autour de notre planète sont à l'origine du calendrier, dont la mise au point fut et ne peut constituer qu'un compromis, même si l'on ne tient pas compte des irrégularités des mouvements de la Terre et de la Lune.
  • AGUADA FÉNIX, site archéologique

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 2 830 mots
    • 3 médias
    ...Fénix est, on l’a dit, bordée par vingt petits édifices disposés en deux alignements parallèles. Le chiffre vingt est d’une grande valeur rituelle et calendérique en Mésoamérique. Il renvoie en particulier aux mois du calendrier rituel. L’observation du lever du soleil, les 11 février et 29 octobre (soit...
  • ALMANACH

    • Écrit par Jean FAVIER
    • 190 mots

    Calendrier annonçant les fêtes mobiles, les lunaisons et la date des changements de saison. Des almanachs manuscrits ont été diffusés dès l'Antiquité, mais c'est l'invention de l'imprimerie qui a permis leur multiplication. Objets de colportage par excellence, les almanachs ont très vite été complétés...

  • ALMANACH, estampe

    • Écrit par Maxime PRÉAUD
    • 805 mots

    Le mot almanach, d'origine incertaine, apparaît dans l'arabe occidental au xiiie siècle ; il désigne d'abord une éphéméride où figurent les positions du soleil et de la lune. Avec l'invention de l'imprimerie et de l'estampe, ce type de calendrier va se développer...

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Voir aussi