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BULBE RACHIDIEN

Fonctions

Par sa complexité structurale, le bulbe présente des fonctions multiples. On peut, d'abord, indiquer son rôle de lieu de passage et de relais pour certaines grandes voies des sensibilités tactile, thermoalgésique, kinesthésique et proprioceptive inconsciente. De même, nous avons vu qu'il contient la décussation des fibres motrices pyramidales et que de nombreux faisceaux moteurs extrapyramidaux le traversent. Par l'intermédiaire des noyaux de différentes paires de nerfs crâniens, il contrôlera, d'autre part, certains autres grands systèmes de la motricité volontaire ou végétative involontaire et servira de relais essentiel sur certaines grandes voies sensitives et sensorielles distinctes. C'est le cas pour la sensibilité thermo-algésique de la face, relayée dans le noyau spinal du V ; c'est encore le cas pour la sensibilité gustative dans le noyau solitaire (les influx gustatifs sont transportés par le VII, le IX et un peu le X), les sensibilités acoustique et labyrinthique dans les noyaux cochléaires et vestibulaires.

Les fibres centripètes (afférentes) du facial, du glossopharyngien et du pneumogastrique, qui assument une partie très importante de l'ensemble de la sensibilité viscérale inconsciente dont le rôle régulateur est essentiel, seront relayées, en particulier au sein du noyau solitaire et dans les différents éléments de la réticulée.

En ce qui concerne la motricité, le noyau du VII fournit l'innervation volontaire et automatique (mimique) à la musculature faciale tout entière et à une partie de la musculature buccale. Le noyau ambigu, par l'intermédiaire du IX et surtout du X et du XI, exercera la commande motrice volontaire et involontaire de l'ensemble de la musculature pharyngo-laryngée et, en particulier chez l'Homme, des structures assurant la phonation. Le noyau du XII commande la motricité linguale, tandis que la partie inférieure du noyau du XI assure la rotation de la tête en innervant les muscles sterno-cléidomastoïdien et trapèze.

À ces noyaux moteurs, dits somatiques, commandant la musculature striée, s'ajoutent certains amas cellulaires assurant la motricité végétative, ou certaines sécrétions. C'est le cas pour le noyau lacrymal du facial, les noyaux salivaires supérieurs et inférieurs, qui envoient leurs fibres sensitives destinées aux glandes salivaires par l'intermédiaire du VII et du IX. Enfin, le noyau dorsal du vague jouera un rôle fondamental dans le contrôle des viscères thoraco-abdominaux.

Contrôle et régulation bulbaires de la vie végétative

Il est connu que le bulbe rachidien constitue une région d'importance vitale et que sa destruction ou une lésion même légère sont fatales (nœud vital de Flourens). Cela tient à la présence, au sein de la réticulée bulbaire, de centres de première importance pour le contrôle et la régulation respiratoire et cardiaque.

Rôle du bulbe dans la respiration

Tout un ensemble de données expérimentales montrent que le bulbe contient à lui seul, indépendamment des centres supérieurs et des afférences pouvant lui parvenir par diverses paires crâniennes (pneumogastrique en particulier), des systèmes de neurones assurant la rythmicité respiratoire. On peut ainsi distinguer un centre inspirateur et un centre expirateur, siégeant l'un et l'autre dans la réticulée bulbaire. Le premier adresse des incitations excitatrices, d'une part, aux éléments neuromoteurs des muscles inspiratoires (noyau du nerf phrénique moteur du diaphragme en particulier) et, d'autre part, aux centres expirateurs. À partir d'un certain niveau de stimulation, ces derniers envoient des influx inhibiteurs aux centres inspirateurs, qui sont d'abord freinés, puis bloqués ; d'où l'arrêt des centres expirateurs et la suppression du blocage qu'ils exerçaient. Ce schéma simple, mettant en évidence le principe fondamental de la contre-réaction[...]

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Écrit par

  • : professeur de psychophysiologie à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Paul LAGET. BULBE RACHIDIEN [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Myélencéphale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Myélencéphale

Tronc cérébral - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tronc cérébral

Nerfs bulbaires : noyaux d'origine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Nerfs bulbaires : noyaux d'origine

Autres références

  • COMPRESSION MÉDULLAIRE

    • Écrit par François BOURNÉRIAS
    • 421 mots

    Selon qu'elles sont le résultat d'une évolution lente ou qu'elles se sont constituées brusquement, les compressions de la moelle épinière, dites compressions médullaires, dans le canal rachidien posent des problèmes bien différents.

    La compression médullaire lente, qui...

  • DÉGLUTITION

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 177 mots

    Réflexe permettant au contenu buccal de passer dans l'œsophage. Les fibres afférentes proviennent des rameaux sensitifs du nerf pneumogastrique et du nerf trijumeau ; elles excitent des centres nerveux bulbaires. Ceux-ci commandent la musculature pharyngée par l'intermédiaire du nerf glossopharyngien...

  • NERVEUX (SYSTÈME) - Neurobiologie

    • Écrit par Jean-Marc GOAILLARD, Michel HAMON, André NIEOULLON, Henri SCHMITT
    • 13 752 mots
    • 11 médias
    De nombreuses drogues perturbent l'activité des noyaux bulbo-mésencéphaliques impliqués dans la régulation de la vie neurovégétative. Ainsi, la morphine déprime les neurones respiratoires et les neurones sympathiques, pouvant provoquer apnée et hypotension ; elle stimule les neurones vagaux situés...
  • NEUROBIOLOGIE (HISTOIRE DE LA)

    • Écrit par Jean-Gaël BARBARA
    • 3 889 mots
    • 3 médias
    ...élevées du système nerveux, en direction du cerveau, tout en restant dans des fonctions essentiellement automatiques, on passe de la moelle épinière au bulbe rachidien, la « moelle allongée » des médecins du xviiie siècle parce qu’elle prolonge la moelle épinière. On a reconnu très tôt son rôle dans...
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Voir aussi