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BALLET

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La danse et le théâtre (1570-1789)

La comédie-ballet

Le ballet connaît le danger de se faire absorber par l'opéra ; il y échappera grâce à Molière qui l'intègre au théâtre. L'importance de cette tentative sera reconnue plus tard. Certes, il arrive aussi à Molière d'avoir simplement recours au ballet de cour dans Le Mariage forcé ou à des danses décoratives dans ses premières pièces, mais dans Les Fâcheux déjà, en 1661, il regrette que « certains moments dansés n'entrent pas dans la comédie aussi naturellement que d'autres ». Le Bourgeois gentilhomme consacre une réussite parfaitement originale. Le ballet s'y trouve lié à l'action grâce au maître de ballet qui donne la leçon de menuet, règle les pas des serviteurs ainsi que la turquerie finale.

En rachetant le privilège qui lui donne le monopole de ce type de spectacles, Lully se brouille avec Molière, mais ce dernier parvient à faire lever l'interdit et meurt en dansant Le Malade imaginaire... Dans le rôle de Neptune des Amants magnifiques, Louis XIV danse pour la dernière fois.

Pourtant, le ballet poursuivra sa carrière. Psyché, en 1671, réunit Corneille, Molière, Charles-Louis Beauchamp, Lully, Gaspare Vigarini. Le père Menestrier regrette l'invraisemblance de ce ballet mais comment donner l'impression d'être vrai, lorsqu'on veut éblouir avec soixante-dix maîtres à danser et trois cents personnes suspendues dans les airs ? À la fondation de l'Académie royale de danse, les ballets de Lully ne sont que des patchworks d'œuvres antérieures, tel ce Triomphe de l'amour (1681) où pour la première fois des danseuses professionnelles entourent la plus célèbre d'entre elles, Mlle de Lafontaine. Lully se garde bien de devancer le goût, et la nouveauté de ces spectacles réside dans la qualité des danseurs ; on remarque ainsi : Louis Pécourt, noble et cultivé, Nicolas Blondi, Jean Ballon, renommé pour sa légèreté, et Marie Subligny. Pour parfaire leur style, l'école de danse de l'Académie royale est créée en 1713 sous la direction de Jean-Baptiste Lany puis de Maximilien et Pierre Gardel. Outre Raoul Feuillet qui note le mouvement, Pierre Rameau publie en 1725 Le Maître à danser. Une technique académique se met en place.

L'opéra-ballet

André Campra lance alors un genre neuf, l'opéra-ballet, dont le chef-d'œuvre est Les Indes galantes de Jean-Philippe Rameau (1735). On y voit le dieu de l'Amour abandonner l'Europe, trop passionnée par la guerre, pour l'heureuse Amérique, mais cet opéra constitue comme une revanche de l'esprit français puisque le chant y introduit la danse, tout au contraire de ce qu'exigeait la mode italienne au siècle précédent. Les femmes portent des robes longues, les hommes des jupes, et la scène s'ouvre au plaisir. Parmi les nouveaux danseurs, on dit que le grand Louis Dupré manque d'âme, mais Marie-Anne Cupis de Camargo, par ses cabrioles, éclipse Françoise Prévost : elle a coupé sa robe afin qu'on la voie battre l'entrechat quatre. Formée au théâtre de foire, Marie Sallé a la réputation d'être plus expressive. Elle crée le rôle de Rose dans Les Indes galantes et touche par la simplicité harmonique de ses mouvements tendres. La cour soutient Sallé ; le public, Camargo. Dans le même temps où l'on ose montrer un peu de son corps – le bas de la jambe –, les progrès techniques s'accélèrent : Barbarina Companini bat l'entrechat huit. Quant à Gaëtan Vestris, il ajoute à la danse noble l'expressivité. Admirateur de Jean Georges Noverre, il impose le ballet d'action.

Le ballet d'action

Dans l'Encyclopédie de Diderot, Louis de Cahusac souligne la nécessité d'une évolution pour le ballet mais c'est l'Europe entière qui apparaît maintenant comme le laboratoire de[...]

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Pour citer cet article

Bernadette BONIS et Pierre LARTIGUE. BALLET [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 12/03/2024

Médias

Marie Taglioni - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

Marie Taglioni

Tamara Karsavina - crédits : Joan Craven/ Hulton Archive/ Getty Images

Tamara Karsavina

Nijinski - crédits : E O Hoppe/ Getty Images

Nijinski

Autres références

  • ADAM ADOLPHE CHARLES (1803-1856)

    • Écrit par
    • 162 mots

    Le talent facile, trop facile, d'Adolphe Adam, élève de Boieldieu (cinquante opéras-comiques et ballets en une trentaine d'années), connut, comme celui de son contemporain Auber, toutes les gloires, dont celle d'entrer à l'Institut en 1844. C'est à la facilité, c'est-à-dire à la fois habileté qui...

  • ADRET FRANÇOISE (1920-2018)

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    Danseuse et chorégraphe, Françoise Adret est une personnalité singulière de la danse française. Elle a dirigé, voire créé, de nombreuses compagnies de ballet en France (Ballet de Nice, Ballet-théâtre contemporain, Ballet de Lyon) comme à l'étranger, à une époque où les danseuses n'accédaient...

  • AILEY ALVIN (1931-1989)

    • Écrit par
    • 370 mots

    Danseur noir né à Rogers, au Texas. Après des études à l'université de Los Angeles (Californie), Alvin Ailey fréquente l'école de ballet de Lester Horton. Il débute comme danseur dans le Lester Horton Dance Theatre (1953) ; la même année, à la mort de Lester Horton, il devient chorégraphe...

  • ALONSO ALICIA (1920-2019)

    • Écrit par
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    La danseuse et chorégraphe cubaine Alicia Alonso a marqué l’histoire du ballet classique du xxe siècle. Légende de son vivant, interprète hors du commun et à forte personnalité, elle a su faire du Ballet national de Cuba l’une des meilleures compagnies du monde et fonder « l’école cubaine...

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