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NOVERRE JEAN GEORGES (1727-1810)

Né à Paris d'un père militaire, d'origine suisse, Jean Georges Noverre débute comme danseur à Fontainebleau, en 1742, devant la cour de Louis XV ; il danse à Berlin devant celle de Frédéric II, puis à l'Opéra-Comique de Paris (1749), au Drury Lane de Londres (1755) et parcourt ensuite la France. En 1760, il inaugure sa carrière de maître de ballet au service du duc de Wurtemberg (1760-1768), après avoir publié un livre sur la danse que Voltaire qualifiera d'« ouvrage de génie ». De 1770 à 1774, il est à Vienne où il collabore avec Gluck, notamment pour créer les ballets d'Iphigénie en Tauride et d'Alceste. En 1774, il est à Milan, avant d'obtenir de Marie-Antoinette, son ancienne élève, le poste de maître de ballet en chef de l'Académie royale de musique de Paris (où il remplace Gaétan Vestris en 1776). Parmi les nombreux ballets qu'il crée se détachent Les Petits Riens, pour lesquels il obtient une musique de Mozart, qui séjournait alors à Paris. Lors de la Révolution, il passe en Angleterre et y donne encore Iphigénie en Aulide au King's Theatre de Londres. Rentré en France, il travaille à un dictionnaire de la danse ; il mourra à Saint-Germain-en-Laye dans une relative pauvreté.

Noverre laisse dans ses écrits, parmi lesquels Lettres sur la danse et sur les ballets (1760), un héritage important : imprégné de l'idéologie du xviiie siècle, il élabore une doctrine et fixe les règles concernant l'art du ballet, considéré jusqu'alors comme un simple divertissement. Il veut en faire un véritable art dramatique en accord avec la nature et les mœurs des personnages : il préconise une action progressive, une danse capable d'exprimer les passions et les affections de l'âme ; il exige une unité de conception dans la composition du ballet, obligeant le compositeur à conformer sa musique au drame et aux sentiments des protagonistes. Le maître de ballet doit posséder des connaissances approfondies en anatomie, en musique, en dessin, en peinture et une vaste culture humaniste. Qu'il sache non seulement danser, mais aussi coordonner d'une façon harmonieuse bras, jambes et tête dans le mouvement. Il bannit la pure virtuosité, réforme les sauts (entrechats fouettés et non plus frottés, sauts en diagonale et non plus verticaux), insiste sur la valeur de l'en-dehors et du placement des danseurs. Il allège considérablement le costume, supprimant masques, perruques, robes à panier. Ses théories, peu appliquées de son vivant, furent reprises par la suite et peuvent être considérées comme les bases essentielles de l'art chorégraphique du xixe et du xxe siècle.

— Jane PATRIE

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Pour citer cet article

Jane PATRIE. NOVERRE JEAN GEORGES (1727-1810) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANGIOLINI GASPARO (1731-1803)

    • Écrit par Universalis
    • 357 mots

    Chorégraphe, librettiste, compositeur et théoricien italien, Gasparo Angiolini fut l'un des premiers à mêler danse, musique et intrigue dans des ballets dramatiques.

    Né le 9 février 1731, à Florence, Gasparo Angiolini (de son vrai nom Domenico Maria Angelo Gasparini) devient en 1757 maître...

  • BALLET

    • Écrit par Bernadette BONIS, Pierre LARTIGUE
    • 12 613 mots
    • 20 médias
    ..., le Viennois Franz Hilferding (1710-1768) introduit dans le ballet le réalisme, les personnages populaires, ainsi que la tragédie avec Britannicus. Noverre (1727-1810), grand novateur, est à Londres sous la direction de David Garrick dont la pantomime tragique l'impressionne. Chassé d'Angleterre,...
  • CHORÉGRAPHIE - L'art d'écrire la danse

    • Écrit par Marie-Françoise CHRISTOUT
    • 2 169 mots
    • 1 média
    ...par Magny (1765), Malpied (1770), la chorégraphie reste discutée par les chorégraphes et maîtres de ballet tels que Michel Blondy, Pierre Gardel. Selon Jean-Georges Noverre, défenseur de la danse expressive ou ballet d'action, comme son rival Carlo Angiolini et ses disciples Jean Dauberval, Charles Didelot...
  • CHORÉGRAPHIE - L'art de créer les gestes

    • Écrit par Agnès IZRINE
    • 3 702 mots
    • 6 médias
    ...(1693-1753) et la célèbre danseuse Marie Sallé (1707-1756), à Londres, Franz Hilverding (1710-1768) et son élève Gasparo Angiolini (1731-1803), à Vienne, Jean-Georges Noverre (1727-1810), à Stuttgart puis à Vienne, composent des œuvres indépendantes. Néanmoins, ces deux derniers, théoriciens et chorégraphes...
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