Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ARISTOTÉLISME

L'aristotélisme est la doctrine d'Aristote (385 env.-322 av. J.-C.), telle qu'elle résulte de l'ensemble des œuvres conservées d'Aristote, publiées par Andronicos de Rhodes, au premier siècle avant notre ère. Ces ouvrages, formés de notes de cours, écrites par l'auteur mais non destinées à la publication, forment un ensemble qui se prête à la qualification un peu abusive de « système ». Née, en effet, de la critique de la doctrine platonicienne des Idées, cette œuvre embrasse toutes les disciplines philosophiques, qui vont de la dialectique et de la logique à la philosophiemorale et politique et même à l'esthétique, en passant par la physique, la biologie et la psychologie.

La dialectique, en particulier, telle que la conçoit Aristote dans les Topiques, est intimement reliée à la critique de la théorie platonicienne des Idées. Loin de faire, en effet, des termes universels que nous utilisons dans la discussion des réalités transcendantes au monde sensible, comme le platonisme le prétend d'une façon ou d'une autre, elle les considère comme des « prédicables », c'est-à-dire comme des attributs que nous appliquons au sujet dont il est question, et cela à des titres divers : comme définition, comme genre, comme différence, comme propre, comme accident. De cette façon, Aristote a pris très au sérieux les modes divers de discussion, dont l'étude est pour lui préparatoire à celle de la science proprement dite. De la science elle-même, la dialectique, en tant que partie de la logique, constitue l'organon, c'est-à-dire l'instrument.

La logique

Aristote - Stagire (Macédoine) - crédits : Argus/ Fotolia

Aristote - Stagire (Macédoine)

Pour Aristote, le langage ne se confond donc pas avec l'être ; c'est l'outil qu'utilise la science, de telle façon que cette dernière puisse énoncer correctement ce qui est l'être à proprement parler. D'où l'importance que revêt le traité des Catégories, par lesquelles il faut entendre les diverses façons dont le langage appréhende l'être, que ce soit comme substance, comme quantité, comme qualité, comme relation, comme situation, comme action ou passion, comme position spatiale ou temporelle, comme possession. Tels sont les dix « prédicaments », dont on voit qu'ils se distinguent des « prédicables » en ce qu'ils visent les divisions de l'être lui-même, et non les distinctions dont on use dans la discussion. Il importe, en effet, de savoir à quels secteurs de l'être la science peut s'appliquer.

Mais il importe aussi de savoir comment la science traite de cet être qu'elle appréhende. C'est ce que développe l'ouvrage De l'interprétation, en montrant les espèces de propositions générales (universelles ou particulières) dont doit user la science, et comment elle peut montrer leur vérité ou leur fausseté, car la science tend à une connaissance vraie. La science doit porter, en outre, sur ce qui est nécessaire. C'est pourquoi elle doit adopter un type de raisonnement qu'Aristote a appelé le syllogisme catégorique. Selon ce raisonnement, à partir de deux prémisses posées comme vraies, on peut déduire nécessairement une conclusion vraie, en observant les règles très strictes qui régissent dans les prémisses l'attribution du terme dit « moyen » aux deux termes dits « majeur » et « mineur » qui seront l'attribut et le sujet de la conclusion. La théorie formelle du syllogisme catégorique est exposée dans les Premiers Analytiques, tandis que son application aux sciences proprement dites, en particulier aux mathématiques, est traitée dans les Seconds Analytiques, où Aristote traite également de l'induction. Cette dernière est le procédé indispensable pour passer de l'expérience plus ou moins particulière à la position des principes de la science.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître de recherche au C.N.R.S., responsable de l'E.R. fondements des sciences

Classification

Pour citer cet article

Hervé BARREAU. ARISTOTÉLISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Aristote - Stagire (Macédoine) - crédits : Argus/ Fotolia

Aristote - Stagire (Macédoine)

Autres références

  • ACTE, philosophie

    • Écrit par Paul GILBERT
    • 1 282 mots

    Acte signifie « réalité vive, terminée ». Cette signification, féconde dans le domaine juridique, fait appel à une structure métaphysique venue de l'aristotélisme. Mais avant d'examiner cette source et la tradition qui en est née, il convient de distinguer, sans les séparer, l'acte...

  • ALEXANDRE D'APHRODISE (fin IIe-déb. IIIe s.)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 395 mots

    Philosophe péripatéticien grec, Alexandre d'Aphrodise, qui vécut sous le règne de Septime Sévère (193-211), commenta une très grande partie de l'œuvre d'Aristote. Plusieurs de ses commentaires sont perdus, notamment ceux qui concernent les Catégories, le Traité de l'interprétation...

  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par Jean PÉPIN
    • 2 186 mots
    ...de disciples y continuèrent sa tradition, dont le principal représentant fut l'Alexandrin Eudore, suivi par son compatriote Potamon. La tradition aristotélicienne est également florissante. Circonstance curieuse, elle s'inspire moins des grandes œuvres d'Aristote que de ses dialogues,...
  • ANDRONICOS DE RHODES (Ier s.)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 186 mots

    Philosophe aristotélicien, Andronicos de Rhodes a écrit un commentaire, maintenant perdu, sur les Catégories d'Aristote, dont on retrouve la trace dans le commentaire de Simplicius sur le même ouvrage (Commentaria in Aristotelem Graeca, t. VIII, Berlin, 1907) et un traité Sur la division...

  • Afficher les 18 références

Voir aussi