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MONASTIQUE ARCHITECTURE

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Unité et unification carolingienne

La Regula canonicorum de saint Chrodegang devait fournir, au concile d'Inden (ou d'Aix-la-Chapelle), un précieux apport, lors de la refonte de la règle bénédictine par saint Benoît d'Aniane, originaire d'une famille wisigothe du sud de la France. Lorsque les abbés venus de toutes les régions de l'Empire carolingien se réunirent en deux synodes successifs, en juillet 817 puis en décembre 818, le royaume franc était déjà couvert d'une « blanche nappe » de monastères. Le décompte pour la seule période allant de 768 à 855 donne la fondation de quatre cent dix-sept monastères nouveaux, dont deux cent trente-deux sous le règne de Charlemagne (768-814). De formidables abbayes virent alors le jour en peu de temps. L'exemple le plus frappant est fourni par celle de Centula- Saint-Riquier. Angilbert, gendre de Charlemagne, y fit construire, entre 790 et 799, un monastère modèle, abritant une vie liturgique qui alliait aux coutumes gallicanes les nouveaux rites empruntés à Rome et à Constantinople. Un cloître, dont l'axe longitudinal ne mesurait pas moins de trois cents mètres, était entouré de trois églises : l'abbatiale, longue de quatre-vingt-dix mètres, consacrée à saint Riquier et au Saint Sauveur, l'église Sainte-Marie, belle tour dodécagonale précédée d'un narthex, située dans l'angle méridional du cloître, enfin, à l'extrémité est de l'ensemble, l'église Saint-Benoît. Des sources sûres d'époque carolingienne (Libellus Angilberti et Institutio de diversitate officiorum) relatent en détail la vie de ce monastère. Les grandes fêtes liturgiques, en l'honneur du Christ-Rédempteur, se déroulaient dans la tour du Sauveur, « antéglise » constituée de plusieurs niveaux entourés de déambulatoires.

À Pâques, une grande procession « septiforme » imitait le rassemblement des sept Églises d'Asie Mineure, prôné par saint Jean dans sa révélation apocalyptique. Pour se rapprocher des origines, Angilbert avait disposé le sanctuaire principal à l'image du Saint-Sépulcre, et il avait donné aux trois autels principaux (Saint-Sauveur, Saint-Riquier et Sainte-Marie) un baldaquin en forme de tour, surmonté d'un tristegum, triple coiffe d'arcades superposées. Trente autels permettaient des célébrations liturgiques fréquentes ; trois cents moines et trois fois trente-trois élèves de la schola chantaient dans ce vaste ensemble, jour et nuit, la gloire de Dieu.

D'autres couvents carolingiens ne furent pas moins vastes ni célèbres, ainsi Corbie en Picardie, Saint-Médard de Soissons, Fulda en Allemagne et, aux limites orientales de l'Empire, les fondations plus récentes de Corvey (fille de Corbie) en Westphalie et de Kremsmünster dans l'évêché de Salzbourg. Ce formidable essor du monachisme occidental se doublait d'une unification poussée dont le concile d'Aix présente l'image.

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art du Moyen Âge à l'université de Paris-X et au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale de Poitiers

Classification

Pour citer cet article

Carol HEITZ. MONASTIQUE ARCHITECTURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Mistra - crédits : De Agostini/ Getty Images

Mistra

Monastères des Météores - crédits : Hans Strand/ Getty Images

Monastères des Météores

Cloître de la cathédrale de Monreale - crédits : letyg84/ Fotosearch LBRF/ Age Fotostock

Cloître de la cathédrale de Monreale

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