ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) Archéologie du temps présent

Article mis en ligne le 09/02/2011
Modifié le 18/02/2011
Écrit par Jean-Paul DEMOULE

L'ethnoarchéologie

Les archéologues se sont aussi intéressés aux sociétés contemporaines traditionnelles, celles qu'étudient normalement les ethnologues. Mais ceux-ci se concentrent normalement sur des matériaux « nobles », essentiellement les systèmes de parenté, les mythes, les cérémonies religieuses, etc. Les objets matériels ne sont que fort sommairement étudiés. C'est ainsi que s'est développée la discipline de l'ethnoarchéologie, pour laquelle les ethnologues sont des archéologues qui concentrent leurs enquêtes sur la culture matérielle, tout en tenant compte des autres sources d'information. Plusieurs études conduites dans des régions différentes ont montré par exemple que l'espérance de vie moyenne d'une poterie fine destinée à la consommation est en général de deux ans, tandis que des vases plus grossiers peuvent durer cinq années environ, et dix ans, voire jusqu'à cinquante ans, pour des récipients de stockage. De telles informations suggèrent que le nombre de récipients découverts sur une fouille archéologique doit donc être pondéré par l'espérance de vie de chaque catégorie d'objets et n'est donc pas le reflet direct du nombre de récipients utilisés à un même moment.

À un autre niveau, les ethnoarchéologues ont pu comparer les frontières de groupes ethniques actuels tels qu'ils se définissent eux-mêmes, avec les différences observables, selon une approche archéologique usuelle, dans les formes de poteries, d'armes ou de maisons qu'utilisent ces groupes respectifs. Les enquêtes d'Anne-Marie et Pierre Pétrequin menées en 2006 chez les Papous de Nouvelle-Guinée, dernières populations au monde à fabriquer et à utiliser encore des haches en pierre polie, ont permis de décrire l'ensemble de la chaîne opératoire de ces outils, depuis l'extraction de la pierre jusqu'à leur destination sociale finale. Certes, les observations ethnoarchéologiques ne constituent pas une confirmation des hypothèses faites par les archéologues sur les sociétés anciennes, mais elles permettent de tester ces hypothèses, et éventuellement d'en formuler d'autres. Elles ont aussi un caractère d'urgence, dans la mesure où ces sociétés sont en voie de disparition.

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Jean-Paul DEMOULE : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

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Jean-Paul DEMOULE. ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie du temps présent [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

DEMOULE, J.. ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie du temps présent. Encyclopædia Universalis. (consulté le )

DEMOULE, Jean-Paul. « ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie du temps présent ». Encyclopædia Universalis. Consulté le .

DEMOULE, Jean-Paul. « ARCHÉOLOGIE (Archéologie et société) - Archéologie du temps présent ». Encyclopædia Universalis [en ligne], (consulté le )

Article mis en ligne le 09/02/2011 et modifié le 18/02/2011

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