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ARAWAKS & KARIBS

Les apports de l'archéologie

L'établissement des Arawaks et des Karibs fut le résultat d'intenses mouvements de population entre les domaines continental et insulaire de l'aire des Caraïbes. Les îles de l'archipel oriental des Caraïbes furent utilisées dans le processus des migrations entre les grandes unités, de la Floride à la Terre-Ferme, des isthmes au Venezuela. L'implantation dans les milieux insulaires commença dans de grandes îles, Ayti (nom karib de Haïti) et Cuba, à la suite de la montée des eaux qui empêcha la circulation sur les passerelles reliant préalablement les îles. Des relations commerciales s'établirent entre insulaires et continentaux.

La poterie aurait été introduite dans les îles par la culture saladoïde. Des cultivateurs de manioc auraient laissé des vestiges de poteries semblables à ceux du domaine insulaire à Saladero, sur le moyen Orénoque, vers 1000 avant J.-C. Des traces de culture saladoïde remonteraient à 300 avant J.-C. sur la côte orientale du Venezuela, à Trinidad et dans l'île de Grenade. La culture barrancoïde aurait succédé au saladoïde, selon le même trajet côtier et insulaire, entre 350 et 650, puis la culture ostionoïde apparut à Porto Rico et dans les îles Vierges vers 700. Au cours de cette dernière période se seraient produites les premières migrations des Karibs, entre 650 et 950, dans les îles orientales. Les chroniqueurs du xvie siècle ont mentionné des noms de peuplades qui auraient alors appartenu à l'ensemble insulaire : Igneris des îles orientales, Tainos et Ciguayo des grandes îles, Lucayo des Bahamas... Selon les mêmes interprétations, les Karibs seraient presque parvenus à chasser les Arawaks des îles orientales à la fin du xve siècle. Ils pratiquaient la culture sur brûlis, l'irrigation, ainsi que la pêche. Les Karibs avaient acquis, au cours de leurs migrations, une grande pratique de la navigation en haute mer. Ils avaient élaboré une astronomie qui leur permettait de se repérer et dont les fonctions furent mises en évidence dans leurs pratiques religieuses. La poterie de ces guerriers flecheros considérée comme grossière par les archéologues, par comparaison avec celle des Arawaks sédentarisés, témoigne de leur perpétuel mouvement de migration. Le Dr Alvarez Chanca, qui accompagnait Christophe Colomb lors de son deuxième voyage vers les Amériques en 1493, décrivit le premier les Karibs de la Guadeloupe et les indigènes des îles orientales.

Ses descriptions de crânes humains – ceux des ancêtres – conservés par les habitants qu'il observa, ainsi que des têtes – celles de manati (lamantins) vraisemblablement – qu'il vit en cours de cuisson pour l'alimentation, déclenchèrent le processus mythique de la thèse du cannibalisme des Karibs.

L'île d'Ayti comptait (selon les travaux de l'école de Berkeley) une population estimée à 8 millions d'habitants – des Arawaks (Tainos) – à l'arrivée des Européens. À l'époque de la conquête, Ayti était divisée en cinq caciquats ou « provinces », Caizcimu, Hubaho, Cayabo, Bainoa et Guacayarima. Parmi les dirigeants les plus notoires, l'histoire a retenu les noms des caciques Behechio, Guacanagari, le Karib Caonabo, Guarionex, Mayobanex et une femme, Higuonama. Une catégorie de nobles, les nitaynos, dominait une classe de serviteurs, les naborias, employés aux travaux agricoles essentiellement. Tous les observateurs signalèrent le grand nombre des villages en Ayti, l'étendue des terres mises en valeur, le perfectionnement des techniques utilisées et la qualité des produits récoltés (manioc, arachide, maïs, patate douce, haricot, piment et fruits). Christophe Colomb chargea Fray Ramón Pane, hiéronymite, d'une enquête sur les Tainos et leur religion, pour mieux les connaître et les combattre.

Pétroglyphes, terrains[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques

Classification

Pour citer cet article

Oruno D. LARA. ARAWAKS & KARIBS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Scène d'anthropophagie au Brésil - crédits : AKG-Images

Scène d'anthropophagie au Brésil

Autres références

  • AMÉRINDIENS - Amazonie et Guyanes

    • Écrit par Simone DREYFUS-GAMELON, Universalis
    • 5 651 mots
    • 2 médias
    L'homogénéité déjà signalée des cultures amazoniennes s'accompagne d'une étonnante diversité linguistique. Outre les principales familles (Arawak, Carib, Tupi-Guarani, , Pano, Tukano) différenciées dialectalement, de nombreuses langues isolées constituent une impressionnante mosaïque....
  • BAHAMAS

    • Écrit par E. Paul ALBURY, Universalis, David Russell HARRIS, Gail SAUNDERS
    • 1 916 mots
    • 3 médias
    ...dénommée aujourd'hui Watling, soit de Samana Cay, soit de l'île Cat. Les indigènes des Bahamas, que Christophe Colomb appelle Lucayans, sont des Indiens Arawak, qui vivent également dans les Grandes Antilles. Près de quarante mille d'entre eux sont déportés par les Espagnols, entre 1492 et 1508, dans les...
  • CIBONEY

    • Écrit par Agnès LEHUEN
    • 243 mots

    Population indienne de la mer des Caraïbes, les Ciboney habitent les îles d'Hispaniola et de Cuba ; leur nom vient de l'arawak et signifie « ceux qui habitent des grottes ». À l'époque des premiers contacts avec les Européens, ils furent relégués dans les régions retirées de ces îles par...

  • COLOMBIE

    • Écrit par Universalis, Marcel NIEDERGANG, Olivier PISSOAT, Clément THIBAUD
    • 13 648 mots
    • 5 médias
    ...plutôt indépendantes les unes des autres, relevaient de trois familles ethno-linguistiques : les Karibes sur la côte atlantique et son arrière-pays ; les Arawaks – petits groupes épars proches de l'autarcie – dans les Llanos et en Amazonie ; et les Chibchas, dans la Sierra Nevada de Santa Marta, la cordillère...
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Voir aussi