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ALLIAGES

Modélisation des alliages

Le problème permanent des métallurgistes est l'impossibilité, encore quasi totale, de prévoir théoriquement et économiquement un diagramme d'équilibres de phases. Les diagrammes connus ont tous été établis d'abord expérimentalement, en mettant les composants en contact et en suivant leur évolution au moyen de techniques diverses. L'exemple de la figure, dans laquelle les pointillés traduisent l'incertitude des auteurs, montre que notre connaissance est encore très imparfaite. Deux voies, en dehors de l'étude expérimentale, toujours d'actualité, sont suivies pour résoudre les problèmes pendants. La première est la modélisation numérique des diagrammes de phases. La « coexistence pacifique » entre phases différentes, appelée équilibre thermodynamique, est régie par la règle dite de « minimisation de l'enthalpie libre du système ». Les performances des micro-ordinateurs actuels permettent d'utiliser des modèles numériques de cette enthalpie libre et de calculer ainsi toutes les lignes des diagrammes. Il ne s'agit cependant pas de prévision, car on ne peut modéliser numériquement que ce qui est connu et caractérisé thermodynamiquement, et les vertus des logiciels se limitent à interpoler de façon sensée entre des domaines déjà explorés. Mais cet apport est important, car il permet tout à la fois de guider les expérimentateurs – afin de leur éviter des investigations coûteuses et pas toujours utiles – et de mettre en évidence d'éventuelles incohérences dans des résultats déjà publiés. Les logiciels sont capables de traiter des alliages possédant jusqu'à dix composants, voire plus, ce qui correspond au nombre d'éléments existant dans les alliages industriels.

La seconde voie non expérimentale est celle de la théorie physique de l'état solide. Les atomes interagissent entre eux par l'intermédiaire de leurs couches électroniques externes, lesquelles sont bien décrites par la mécanique quantique. Des modèles des alliages ont été construits pour essayer, dans un premier temps, de déterminer si le voisinage entre atomes de métaux différents était énergétiquement favorable ou non. Ce souci répondait à deux préoccupations complémentaires : les théoriciens de l'état solide cherchaient à comprendre les mécanismes fondamentaux des alliages, tandis que les concepteurs de produits industriels tentaient de trouver soit des indices pour élaborer de nouvelles combinaisons, soit des solutions à des problèmes de fabrication.

À la fin du xxe siècle, il est devenu possible de chiffrer l'énergie d'un alliage binaire à partir de modèles tenant compte des configurations électroniques des éléments et des modifications qu'elles subissent lors de la formation de l'alliage, c'est-à-dire lorsque les différents types d'atomes se rencontrent. L'école de Vienne (Autriche), avec Jürgen Hafner, a joué un grand rôle dans le développement des programmes actuellement utilisés dans les laboratoires de recherche universitaires ou gouvernementaux, mais aussi dans quelques laboratoires industriels de recherche-développement. Ces derniers, dont aucun n'est situé dans l'Union européenne, sont à la recherche de pistes pour améliorer les alliages, pistes qu'il faudra ensuite confirmer expérimentalement

En calculant l'énergie de diverses formes cristallines d'une même composition d'alliage, on peut déterminer celle qui est la plus stable énergétiquement, donc celle qui a le plus de chance d'exister. On peut également calculer la différence d'énergie entre plusieurs formes allotropiques d'un même élément, ce qui constitue une source de données importantes pour la modélisation numérique évoquée ci-dessus. Celle ci ne peut fonctionner que lorsque toutes les formes allotropiques envisagées dans le système[...]

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Écrit par

  • : docteur d'état ès sciences physiques, professeur de métallurgie à l'université de Nancy-I

Classification

Pour citer cet article

Jean-Claude GACHON. ALLIAGES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Système cadmium-plomb - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système cadmium-plomb

Système zirconium-hafnium - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système zirconium-hafnium

Système cuivre-tungstène - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système cuivre-tungstène

Autres références

  • ACIER - Technologie

    • Écrit par Louis COLOMBIER, Gérard FESSIER, Guy HENRY, Joëlle PONTET
    • 14 176 mots
    • 10 médias

    L'acier est un alliage de fer et de carbone renfermant au maximum 2 p. 100 de ce dernier élément. Il peut contenir de petites quantités d'autres éléments incorporés, volontairement ou non, au cours de son élaboration. On peut également y ajouter des quantités plus importantes d'éléments d'alliage...

  • AIMANTS

    • Écrit par Roger FONTAINE
    • 6 273 mots
    • 13 médias
    ...permanents, la plus naturelle est de former des groupes basés sur l'origine de l'hystérésis magnétique et sur la valeur du champ coercitif d'induction. Le classement ainsi établi correspond à des modes de préparation et à des propriétés physiques et mécaniques assez bien caractérisés.On distinguera alors :
  • ALUMINIUM

    • Écrit par Robert GADEAU, Robert GUILLOT
    • 9 636 mots
    • 19 médias
    L'aluminium pur a des emplois limités, sauf pour les conducteurs ; dès l'origine, on a cherché à faire des alliages, pour avoir des caractéristiques mécaniques plus élevées.
  • ANTIMOINE

    • Écrit par Universalis, Jean PERROTEY
    • 3 875 mots
    • 3 médias
    Prèsde la moitié de la production mondiale annuelle (qui s'élève à 70 000 t environ) est consommée comme élément durcissant dans les alliages à base d' étain et surtout de plomb. Les plaques des batteries d'accumulateurs, qui doivent présenter une grande résistance, sont constituées de plomb allié...
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Voir aussi