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ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

L'induction de la réaction allergique

Dans les modèles expérimentaux d'allergie, le premier contact de l'organisme avec l'allergène est réalisé par l'injection « sensibilisante » ou « préparante ». L'induction de la réaction allergique comporte une première étape de reconnaissance des déterminants antigéniques par les récepteurs stéréo-spécifiques des lymphocytes T et B. Des cellules accessoires apprètent l'antigène (processing) avant de l'exposer sur leur membrane de manière à le « présenter » aux lymphocytes T. La topographie et les modalités de cette étape initiale varient selon le mode d'introduction de l'antigène dans l'organisme et conditionnent dans une certaine mesure le type de la réaction immunitaire qui va se développer. Ainsi, l'introduction de l'antigène par voie intradermique ou percutanée met en jeu des cellules dendritiques ou cellules de Langerhans de l'épiderme qui sont susceptibles de migrer vers le ganglion lymphatique régional pour interagir avec les lymphocytes T. L'antigène introduit par voie parentérale est en partie dégradé par les macrophages tandis qu'une partie va se fixer sur les cellules dendritiques du ganglion lymphatique drainant le site d'injection. Un antigène particulaire introduit par voie intraveineuse se localise dans la rate où il peut induire une réaction immunitaire au niveau de la pulpe blanche, le reste étant dégradé par des macrophages dans d'autres territoires de l'organisme, sans relation topographique avec le système lymphoïde (pulpe rouge splénique, poumon, cellules de Kupffer du foie). Lorsque l'antigène pénètre à travers les muqueuses (tractus respiratoire ou tube digestif), il peut déclencher la production d'anticorps particuliers, les IgA secrétoires, qui s'opposeraient à la pénétration de l'antigène lors d'expositions ultérieures. La défaillance de ce mécanisme de protection favoriserait le développement d'autres formes de réactions immunitaires, notamment celles qui sont responsables des réactions d'hypersensibilité.

Les déterminants antigéniques, présentés par les cellules accessoires, se combinent aux récepteurs spécifiques de lymphocytes T et B, et induisent la prolifération et la différenciation de ces cellules. Les lymphocytes T vont donner naissance à des cellules effectrices ou régulatrices (amplificatrices ou suppressives). Les lymphocytes B vont se différencier en plasmocytes sécrétant des molécules d'anticorps. Par leur extrêmité Fab, ces anticorps peuvent se combiner de façon spécifique au déterminant antigénique, tandis que l'autre partie de la même molécule, le fragment Fc, est le support des propriétés biologiques de l'anticorps, telles que l'activation du système du complément, ou bien la capacité de se lier à des récepteurs Fc sur les membranes de certaines cellules. C'est la structure du fragment Fc, et donc la classe ou sous-classe de l'anticorps, qui est responsable de sa capacité à déclencher certaines réactions d'hypersensibilité. On conçoit, dès lors, l'importance et la complexité des phénomènes de régulation qui vont restreindre l'amplitude de la réponse anticorps et l'orienter vers la production de telle ou telle classe d'immunoglobulines.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur au Collège de France, directeur de l'Institut d'immunologie
  • : docteur en médecine, adjunct professor of medicine, division of rheumatology-allergy, University of California, Davis.
  • : docteur vétérinaire, chef de laboratoire
  • : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard

Classification

Pour citer cet article

Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI et Jean-Pierre REVILLARD. ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Hypersensibilité allergique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hypersensibilité allergique

Charles Richet - crédits : US National Library of Medicine

Charles Richet

Autres références

  • ACARIENS

    • Écrit par Jean-Louis CONNAT, Gabriel GACHELIN
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    ...le plus souvent du genre Dermatophagoïdes – qui vivent dans la poussière, la literie, etc., et se nourrissent de débris tégumentaires humains. Ils sont responsables d'une pluralité de phénomènes allergiques de gravité variable, qui sont liés à leurs déjections ou à des composants de leur cuticule....
  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par Jean-Pierre RUASSE
    • 4 757 mots
    • 1 média
    D'autrepart, les observations s'accumulent d'accidents allergiques liés à la présence d'antibiotiques dans les aliments d'origine animale. La question n'est pas résolue par le fait de ne pas déceler, à l'analyse, de résidus actifs, car les résidus métaboliques, dénués de pouvoir antibiotique, peuvent...
  • ANESTHÉSIE

    • Écrit par Francis BONNET, François CHAST
    • 4 117 mots
    • 2 médias
    ...par l'étude de critères anatomiques lors de la consultation préanesthésique. Cette consultation permet de choisir les techniques d'intubation adaptées. Le risque allergique, en partie imprévisible, est cependant augmenté quand le patient présente certains antécédents : la consultation préanesthésique permet...
  • ASTHME

    • Écrit par Philippe GODARD, François-Bernard MICHEL
    • 5 857 mots
    • 2 médias
    ...à l'asthme, connue depuis l'Antiquité, puisqu'il existe des familles d'asthmatiques, fournissant à cette maladie un «  terrain » favorable ou atopie. L'atopie est en effet l'aptitude d'un organisme à réagir aux allergènes contenus dans l'air de l'environnement par une production spontanée d'immunoglobulines...
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Voir aussi