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ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ

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Les allergènes

Selon les réactions induites, on dénomme antigènes ou allergènes les substances capables de provoquer une réponse immunologique dont le support biochimique est formé par des facteurs spécifiques appelés anticorps.

La propriété antigénique est liée à la nature physico-chimique de la molécule et de certains de ses groupements fonctionnels. Elle appartient à toute espèce moléculaire, d'origine biologique ou synthétique, qui, après avoir pénétré dans le milieu intérieur d'un organisme animal, ou éventuellement constitutive de cet organisme (auto-antigène), est reconnue par le système immunitaire. Dans ce cas, l'antigène peut réagir spécifiquement avec les structures de reconnaissance du système immunitaire : molécules d'anticorps et récepteurs des lymphocytes T. L'antigène est défini de façon fonctionnelle comme immunogène s'il induit chez l'hôte une réaction immunitaire et comme tolérogène si, au contraire, il donne lieu à un phénomène de tolérance immunitaire. À l'état normal, les structures moléculaires de l'hôte lui-même, c'est-à-dire le « soi », font l'objet d'un phénomène de tolérance naturelle, par opposition aux antigènes de l'environnement (le « non-soi » : bactéries, virus, parasites, toxines, tissus ou substances étrangères), qui induisent une réaction immunitaire ayant pour finalité leur destruction et leur élimination de l'organisme.

Le terme d'allergène désigne une substance susceptible de provoquer une réaction allergique, et il équivaut, sur le plan immunologique, au terme antigène. Car c'est la réactivité du sujet qui fait la différence.

Les études immunologiques ont montré que la spécificité antigénique est souvent l'attribut d'une petite fraction de la molécule. Le développement de la chimiosynthèse au cours des dernières décennies a permis de jeter quelque lumière sur la nature du déterminant antigénique et de sa spécificité grâce à la fixation sur un substrat, protéinique ou non, de divers radicaux judicieusement choisis. Ces études sur les déterminants antigéniques artificiels ont conduit Landsteiner à la notion d' haptène. L'haptène est un antigène incomplet incapable d'induire par lui-même un état de sensibilisation. Il peut toutefois se transformer en antigène complet par sa combinaison ou son adsorption sur des molécules porteuses. Or, fait capital, dans ces conditions c'est l'haptène qui devient souvent le déterminant antigénique dominant de la molécule. S'il est incapable d'induire la formation des anticorps, il peut toutefois réagir avec eux et déclencher des réactions allergiques. Bien des substances chimiques et médicamenteuses se comportent comme des haptènes : sels de métaux lourds (nickel, chrome, etc.) ; amines aromatiques (et plus particulièrement les substances cycliques ayant une fonction aminée en position para), sulfamides, teintures capillaires, anesthésiques locaux ; alcaloïdes (quinine, atropine, etc.) ; antibiotiques (pénicilline, streptomycine, etc.) ; essences d'origine végétale ; primuline (essence de primevère), urushiol (essence présente dans Rhus toxicodendron, le poison-ivy). Le pouvoir antigénique de ces substances est dû à leur structure chimique, qui leur confère la propriété de se conjuguer avec des protéines tissulaires ou humorales et d'acquérir ainsi des propriétés d'antigènes complets.

Les réponses allergiques que peuvent provoquer ces diverses substances sont soit du type eczéma de contact, soit du type choc anaphylactique, comme on le verra plus loin. Les réactions croisées qu'on observe fréquemment entre les substances de constitution chimique différente s'expliquent par le fait que, dans l'organisme, au cours de leurs transformations métaboliques, il se forme un métabolite[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur au Collège de France, directeur de l'Institut d'immunologie
  • : docteur en médecine, adjunct professor of medicine, division of rheumatology-allergy, University of California, Davis.
  • : docteur vétérinaire, chef de laboratoire
  • : professeur d'immunologie à l'université de Lyon-I-Claude-Bernard

Classification

Pour citer cet article

Bernard HALPERN, Georges HALPERN, Salah MECHERI et Jean-Pierre REVILLARD. ALLERGIE & HYPERSENSIBILITÉ [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Hypersensibilité allergique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Hypersensibilité allergique

Charles Richet - crédits : US National Library of Medicine

Charles Richet

Autres références

  • ACARIENS

    • Écrit par et
    • 6 631 mots
    • 2 médias
    ...le plus souvent du genre Dermatophagoïdes – qui vivent dans la poussière, la literie, etc., et se nourrissent de débris tégumentaires humains. Ils sont responsables d'une pluralité de phénomènes allergiques de gravité variable, qui sont liés à leurs déjections ou à des composants de leur cuticule....
  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par
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    • 1 média
    D'autrepart, les observations s'accumulent d'accidents allergiques liés à la présence d'antibiotiques dans les aliments d'origine animale. La question n'est pas résolue par le fait de ne pas déceler, à l'analyse, de résidus actifs, car les résidus métaboliques, dénués de pouvoir antibiotique, peuvent...
  • ANESTHÉSIE

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    ...par l'étude de critères anatomiques lors de la consultation préanesthésique. Cette consultation permet de choisir les techniques d'intubation adaptées. Le risque allergique, en partie imprévisible, est cependant augmenté quand le patient présente certains antécédents : la consultation préanesthésique permet...
  • ASTHME

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    ...à l'asthme, connue depuis l'Antiquité, puisqu'il existe des familles d'asthmatiques, fournissant à cette maladie un «  terrain » favorable ou atopie. L'atopie est en effet l'aptitude d'un organisme à réagir aux allergènes contenus dans l'air de l'environnement par une production spontanée d'immunoglobulines...
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