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HUMBOLDT ALEXANDER VON (1769-1859)

Alexander von Humboldt - crédits : ullstein bild/ Getty Images

Alexander von Humboldt

Doté d'une vaste intelligence, d'une curiosité insatiable, d'une constitution physique « d'acier fin », le baron prussien Friedrich Heinrich Alexander von Humboldt est le type du savant complet. Au cours de sa longue vie, il a entretenu des relations avec les grands esprits scientifiques de son temps : Berthollet, Laplace, Gay-Lussac, Monge, Vauquelin, Arago, von Buch, Pictet, Volta, Galvani...

Frère du philologue Wilhelm von Humboldt, il a fréquenté également les salons littéraires berlinois et français et fut l'ami de Goethe.

Peu enclin à la métaphysique, il abandonne très tôt les théories vitalistes sur l'origine du monde animé, pour s'intéresser uniquement à l'étude des faits et de la matière, en suivant une seule méthode, qu'il nomme lui-même son empirisme raisonné.

Fortement influencée par Maupertuis, Diderot, d'Alembert, Buffon et Condorcet, sa théorie de l'Univers est celle des encyclopédistes : conception unitaire du « Grand Tout », évoluant et se transformant dans l'histoire selon des lois que l'homme peut découvrir par un travail méthodique, croyance en l'origine commune de l'homme, foi au progrès, indifférence envers la religion.

Un voyageur passionné

Naturaliste, voyageur, géographe et géologue, historien et homme politique, Alexander von Humboldt est né à Berlin. Descendant, par son père, de la noblesse prussienne de robe et d'épée et, par sa mère, d'une famille française huguenote, Humboldt a reçu une éducation très soignée. Après avoir suivi les cours des meilleurs précepteurs berlinois, il étudie à l'Université de Francfort-sur-l'Oder, puis à celle de Göttingen (1787-1789). En 1790, il fait son premier voyage en France, avec G. Forster, qui lui communique sa passion des sciences et des voyages et un penchant très vif pour les idéaux de 1789. Après un an d'études à l'académie de Commerce à Hambourg, il entre à l'académie des Mines de Freiberg (1791-1792) et devient ingénieur puis conseiller des Mines (1793-1794).

À la mort de sa mère (1796), qui lui laisse une fortune considérable, il décide de réaliser ses projets de voyage, formés depuis longtemps. Après plusieurs échecs, avec son ami Bonpland il se rend en Espagne où il obtient du roi Charles IV l'autorisation de visiter les colonies espagnoles d' Amérique ; il débarque à Cumaná le 16 juillet 1799 ; après un bref séjour sur la côte vénézuélienne, Humboldt entreprend de remonter l'Orénoque, depuis San Fernando de Apure jusqu'au rio Negro (San Carlos). Par le rio Casiquiare, il rejoint l'Orénoque qu'il descend jusqu'à Angostura (Ciudad Bolivar) : mars-juin 1800. Après un premier séjour à Cuba (décembre 1800 - mars 1801), il débarque à Cartagena de Indias (Colombie), remonte le rio Magdalena, se rend à Bogotá, puis traverse l'audiencia de Quito (Équateur actuel) et le Pérou jusqu'à Lima (mars 1801 - décembre 1802) ; au passage, il fait l'ascension de plusieurs volcans, dont le Chimborazo. De Lima, il rejoint par mer le Mexique, qu'il visite d'Acapulco à Vera Cruz, en passant par Taxco de Alarcón, Mexico... (mars 1802 - mars 1804). Après une escale à La Havane et un séjour de trois mois aux États-Unis, où il rencontre le président Thomas Jefferson (juin 1804), il arrive en Europe en août.

Après un bref voyage en Italie (1805), où il fait l'ascension du Vésuve avec L. von Buch et Gay-Lussac, il se fixe à Paris, où il vivra de 1808 à 1827 et où il publiera la plus grande partie des relations de son voyage. En 1827, il revient à Berlin, appelé par Frédéric-Guillaume III de Prusse, qui lui confie la présidence d'une commission pour l'encouragement des savants et des artistes. En 1827-1828, il prononce à l'Université et à l'Académie de musique de Berlin ses célèbres conférences[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-X-Nanterre, directeur de l'Institut d'études latino-américaines

Classification

Pour citer cet article

Charles MINGUET. HUMBOLDT ALEXANDER VON (1769-1859) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Alexander von Humboldt - crédits : ullstein bild/ Getty Images

Alexander von Humboldt

Autres références

  • COSMOS (A. von Humboldt)

    • Écrit par Juliette GRANGE
    • 301 mots
    • 1 média

    Décrire la totalité des phénomènes célestes et terrestres rapportés à la planète, en employant une langue élégante : telle est l'ambition de Cosmos. Esquisse d'une description physique du monde (Kosmos Entwurf einer physischen Weltbeschreibung), œuvre à la fois scientifique, littéraire...

  • ARAGO FRANÇOIS

    • Écrit par Georges KAYAS
    • 636 mots

    Après des études secondaires à Perpignan, Arago prépare le concours d'entrée à l'École polytechnique (Paris), où il entre en 1803. En 1805, il est nommé secrétaire du Bureau des longitudes et participe avec Biot à une expédition géodésique en Espagne, où il est fait prisonnier...

  • BELLO ANDRÉS (1781-1865)

    • Écrit par E. RODRÍGUEZ MONEGAL
    • 640 mots

    Quand il débarqua à Londres en 1810, tandis que l'insurrection secouait le continent sud-américain, Bello n'avait pas trente ans. Il s'était formé dans l'ambiance néo-classique d'un Caracas que le passage d'Alexandre de Humboldt (entre 1789 et 1800) avait réveillé de sa torpeur coloniale. Le jeune...

  • COSMOS (exposition)

    • Écrit par Jean-Louis GAILLEMIN
    • 1 059 mots

    En France, certains conservateurs de musée n'aiment guère les expositions thématiques. Elles ne seraient pour eux qu'un fatras arbitraire, elles feraient fi de l'histoire et du document, bref elles ne seraient pas sérieuses ; elles ne feraient pas avancer l'histoire de l'art, comme les expositions...

  • DÉRIVE DES CONTINENTS, en bref

    • Écrit par Yves GAUTIER
    • 708 mots

    Le 6 janvier 1912, le météorologue allemand Alfred Wegener (1880-1930) présente une communication à la session annuelle de l'Union géologique, qui se tient à Francfort-sur-le-Main (Allemagne) : Idées nouvelles sur la formation des grandes structures de la surface terrestre (continents...

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Voir aussi