BERLIN
Avec 3,52 millions d’habitants en 2015 et une superficie de 891,82 kilomètres carrés, Berlin est, de loin, la plus grande ville de l‘Allemagne. Elle surprend souvent par la faible densité du tissu urbain, la démultiplication des centres et l’absence de banlieue. Elle étonne aussi par l’étendue de ses parcs (12 p. 100) et forêts (18 p. 100), et l’impression d’omniprésence de l’eau (5 500 hectares de lacs et d’étangs, et 170 kilomètres de voies navigables). Fondé au xiie siècle, dans le cadre de la colonisation germanique des régions orientales, dédoublé par son implantation sur les deux rives de la Spree (Berlin et Cölln), et doté, au xiiie siècle, d’une charte urbaine, cet ancien comptoir de commerce change de destin politique à partir du xve siècle. Résidence princière de la Marche de Brandebourg depuis 1486, la ville devient, à partir du couronnement de Frédéric Ier en 1701, la capitale d’une des plus grandes puissances territoriales de l’Europe, la Prusse des Hohenzollern. Au centre de l’Empire allemand (1871-1918), Berlin domine un vaste territoire et exerce sur toute l’Europe, jusqu’à la fin de la République de Weimar (1919-1933), un rayonnement politique, économique et culturel considérable ; elle rivalise alors avec Londres et Paris, et s’impose même devant Vienne au sein de la Mitteleuropa. Après la défaite militaire du IIIe Reich en 1945, la ville est occupée par les armées alliées (américaines, britanniques, françaises, soviétiques). Elle forme alors progressivement une double marge, qui juxtapose de part et d’autre de la ligne de démarcation, bientôt sanctuarisée par un mur (1961-1989), Berlin-Ouest – île urbaine coupée du monde occidental – et Berlin-Est – capitale de la RDA, mais périphérie du bloc socialiste. La chute du Mur (1989) et la réunification du pays (1990) ont ouvert une nouvelle période fondatrice aux enjeux inédits. D’une part, la réalisation de chantiers titanesques de rénovation et de reconstruction des infrastructures et du bâti interroge les modèles d’urbanisme et les politiques de planification urbaine. D’autre part, l’affirmation des fonctions métropolitaines doit réduire les discontinuités socio-économiques et favoriser le rayonnement national et international de la nouvelle capitale de la RFA.
Naissance et développement de Berlin
Le site de Berlin a été déterminé par trois éléments : le plateau de Barnim (altitudes 40-90 m) au nord, comportant des restes morainiques ; le Urstromtal de Varsovie-Berlin occupé par la Spree (altitudes 3 045 m) ; le plateau de Teltow, recouvert par des moraines de fond, au sud (altitudes 35-70 m ; Schäferberg exceptionnellement 103 m). Avant le xiiie siècle, les deux seules agglomérations de la région étaient Köpenick (partie est) et Spandau, qui restera longtemps la « citadelle » de Berlin. Cölln (île de la Spree) et Berlin (rive droite), deux communes sœurs, ne sont nommées pour la première fois qu’en 1237 et 1244 comme « places » de commerce sur la voie d’eau Elbe-Havel-Spree. Berlin obtient une charte urbaine en 1251. Dès 1307, les deux cités ont une administration commune. Grâce aux relations avec Hambourg, Berlin, qui donne finalement son nom à l’agglomération, adhère, en 1359, à la Hanse. Les deux communes fusionnent en 1432 (surface : 76 ha). L’Électeur Frédéric II (1440-1470) établit sa résidence sur la Spree. En 1443, il fait construire un château sur une île. Berlin devient ainsi résidence princière. Lorsque l’Électeur Joachim II passe, en 1539, à la Réforme, une page importante est tournée : désormais, la ville sera marquée par l’esprit protestant (réformé). La guerre de Trente Ans la touche durement : la population tombe à 6 000 habitants. Le Grand Électeur Frédéric Guillaume (1640-1688) fait construire les quartiers de Friedrichswerder et de Dorotheenstadt.[...]
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Écrit par
- Guillaume LACQUEMENT : professeur de géographie, enseignant-chercheur, université de Perpignan Via Domitia
- François REITEL : professeur à l'université de Metz, doyen honoraire de la faculté des lettres
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