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ROBERT YVES (1920-2002)

Dans le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, le cabaret La Rose rouge constituait un formidable vivier de comédiens rompus à toutes les disciplines du spectacle. Parmi eux, Yves Robert, né à Saumur le 19 juin 1920. Formé à l'école du Grenier-Hussenot, il alterne, comme tant d'acteurs de sa génération, le mime, le cabaret, le cinéma et le théâtre, où il reçoit le prix du meilleur comédien pour Colombe de Jean Anouilh, qu'il crée au côté de sa future épouse, Danièle Delorme.

Au cinéma, après avoir débuté en 1948 dans Les Dieux du dimanche de René Lucot, il tourne La Rose rouge de Marcello Pagliero (1951) avant de se spécialiser dans des rôles de composition très marqués : centenaire dans Les Truands de Carlo Rim (1956), officier matamore dans Les Grandes Manœuvres de René Clair (1955), ou silhouette onirique dans Juliette, ou la Clef des songes, de Marcel Carné (1951), ou encore dans Deux Sous de violettes (1951), l'unique film de Jean Anouilh, dont il avait partagé les aventures théâtrales.

Yves Robert réalise son premier film, Les hommes ne pensent qu'à ça, en 1955, avec Claude Sautet pour premier assistant. Il s'agit d'une fantaisie commentée en voix off, et interprétée par les acteurs de la troupe d'Olivier Hussenot. Les films qu'il tourne ensuite se distinguent par leur humour teinté d'un discret anarchisme : Ni vu ni connu (1958), d'après Alphonse Allais, où il confie un premier rôle à Louis de Funès, Signé Arsène Lupin (1959), hommage à Maurice Leblanc, avec Robert Lamoureux, et La Famille Fenouillard (1960), d'après Christophe, film quasi muet avec cartons explicatifs.

En 1962, après avoir fondé sa maison de production, Les Films de La Guéville, il réalise, d'après Louis Pergaud, La Guerre des boutons, qui va connaître un incontestable succès et recevoir de nombreuses récompenses. Il s'y révèle excellent directeur d'une troupe d'acteurs en herbe, où se détache Petit Gibus, qu'on retrouve dans le film suivant, Bébert et l'omnibus (1963), dans lequel il tient la dragée haute à Michel Serrault et à Pierre Mondy, définitivement allergiques aux enfants !

Yves Robert célèbre par la suite Jules Romains dans Les Copains (1964), avec des acteurs étroitement associés à son univers : Philippe Noiret, Guy Bedos, tandis que Georges Brassens compose la chanson-titre. Philippe Noiret poursuivra l'aventure avec Alexandre le bienheureux (1967), profession de foi hédoniste, et Clérambard (1969), d'après Marcel Aymé, dont le réalisateur avait interprété la pièce La Tête des autres.

Dans les années 1970, Yves Robert devient une des valeurs les plus sûres d'une nouvelle forme de cinéma du samedi soir, avec notamment Le Grand Blond avec une chaussure noire (1972), où Pierre Richard fait merveille, que prolongera Le Retour du grand blond (1974), après une parenthèse plus personnelle, Salut l'artiste (1973), avec Marcello Mastroianni, où le réalisateur rend hommage au monde des comédiens.

Dans les films suivants, avec Jean-Loup Dabadie, son scénariste de prédilection, Yves Robert va s'attacher à brosser le portrait de ses contemporains, avec drôlerie et sans complaisance, épinglant surtout les petits travers masculins dans Un éléphant, ça trompe énormément (1976) et Nous irons tous au paradis (1977). Parallèlement, il poursuit sa carrière de comédien, comme dans Un mauvais fils de Claude Sautet (1980), où il se montre bouleversant face à Patrick Dewaere, ou encore Vive la Sociale !, de Gérard Mordillat (1983).

En 1979, le réalisateur complète sa radiographie du Français « aisé », rêvant d'un ailleurs, dans Courage, fuyons !, où Jean Rochefort nous entraîne dans des aventures picaresques en compagnie de Catherine Deneuve. Dans les années 1980, Le Jumeau n'ajoute rien à sa gloire. En revanche, il[...]

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Pour citer cet article

André-Charles COHEN. ROBERT YVES (1920-2002) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Yves Robert, Miou-Miou et Jean Rochefort - crédits : Jerome Prebois/ Sygma/ Getty Images

Yves Robert, Miou-Miou et Jean Rochefort

Autres références

  • BEDOS GUY (1934-2020)

    • Écrit par Véronique MORTAIGNE
    • 947 mots
    • 1 média

    Le rire de Guy Bedos, aussi caustique que complice, emportait l’adhésion d’un public acquis. Aigre-doux et empathique, cet humoriste et comédien a inventé un style nouveau dans l’univers du one-man-show : la revue de presse. C’était un dévoreur de journaux en même temps qu’un citoyen toujours...

  • BRASSEUR CLAUDE (1936-2020)

    • Écrit par René PRÉDAL
    • 882 mots

    Né le 15 juin 1936 à Neuilly-sur-Seine, fils de Pierre Brasseur et Odette Joyeux, qui le mettent en pension pendant une grande partie de son enfance, Claude Brasseur est le descendant d’une longue lignée de comédiens. Il intitule d’ailleurs son autobiographie Merci! Pierre et fils, maison...

  • DABADIE JEAN-LOUP (1938-2020)

    • Écrit par Véronique MORTAIGNE
    • 1 040 mots

    Le Français Jean-Loup Dabadie fut à la fois scénariste, dialoguiste, parolier, écrivain, auteur de théâtre et de sketchs. Homme courtois, drôle et élégant, il sut manier les arts dits simples et légers, jusqu’à les mener à l’Académie française, où il fut élu en 2008 – une première pour la vénérable institution....

Voir aussi