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FURTWÄNGLER WILHELM (1886-1954)

Dans le monde de la direction d'orchestre Wilhelm Furtwängler fait figure d'exception : plus d'un siècle après sa naissance, il est le seul chef dont les témoignages sonores n'ont connu aucune éclipse, continuant à susciter l'admiration ou à provoquer la discussion. Sa stature, sa démarche d'interprétation, les fonctions qu'il a occupées en ont fait un chef hors du commun. Un peu réticent à l'égard du disque, surtout dans ses premiers temps, Furtwängler a bénéficié des recherches d'admirateurs infatigables qui ont exhumé des enregistrements de concert partout où ils pouvaient se trouver. Tous ces documents ont été « modernisés » et ont connu d'emblée les honneurs de la gravure numérique. Au cœur de cette action figurent toutes les sociétés Wilhelm Furtwängler qui ont vu le jour principalement dans les pays occidentaux et qui jouent, en outre, un rôle médiatique non négligeable.

Cette médiatisation de son art, qu'il avait toujours refusée, n'a pas fait pour autant de lui une vedette. Il reste celui dont Fred Goldbeck a dit qu'il était « l'art de diriger fait homme ». Paradoxalement, alors qu'il n'avait pas fait école de son vivant, n'apportant aucun enseignement direct à de jeunes chefs d'orchestre, il semble inspirer la démarche de toute une génération qui a grandi plusieurs années après sa disparition, de Daniel Barenboïm à Simon Rattle, génération qui a su dépasser les problèmes politiques ou les choix d'un répertoire pour recevoir ce qui existe et non supputer ce qui aurait pu exister. Alfred Brendel n'hésite pas à écrire (dans Réflexions faites, Buchet-Chastel, Paris, 1979) : « Qu'est-ce qui peut aujourd'hui faire le plus sûrement l'unanimité parmi les jeunes musiciens de tous les pays ? Leur admiration pour le grand chef d'orchestre Furtwängler. »

Un chef hors du siècle

Cinq grands chefs d'orchestre - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

Cinq grands chefs d'orchestre

Fils de l'archéologue Adolf Furtwängler, Wilhelm voit le jour à Berlin le 25 janvier 1886. Son enfance se déroule à Munich, où son père est professeur à l'université. Il interrompt ses études secondaires en 1898 et prend des cours particuliers dispensés par les assistants de son père, Ludwig Curtius et Walter Riezler. À la même époque, il commence à étudier la composition avec Anton Beer-Walbrunn puis Max von Schillings, et le contrepoint avec Joseph Rheinberger. En 1903, il suit les cours de Konrad Ansorge à Berlin et est engagé, deux ans plus tard, comme corépétiteur au théâtre de Breslau. En 1906, il dirige son premier concert à Munich (avec, en particulier, la Neuvième Symphonie de Bruckner) et devient répétiteur au théâtre municipal de Zurich, où il dirige des opérettes. En 1908, il occupe les mêmes fonctions à l'Opéra de Munich, auprès de Felix Mottl. En 1910, il devient troisième chef d'orchestre à l'Opéra de Strasbourg, qu'il quitte en 1911 pour prendre la direction des concerts de la Société philharmonique de Lübeck. Réformé en 1914, il succède l'année suivante à Artur Bodansky comme premier chef d'orchestre à Mannheim. Sa réputation commence à s'affirmer : il dirige des concerts à Vienne et à Berlin, et ses premières œuvres importantes (notamment un Te Deum) font l'objet de plusieurs exécutions. Puis, il est nommé à la tête du Museumsorchester de Francfort-sur-le-Main et succède à Richard Strauss comme premier chef à l'Opéra de Berlin, où il assure la direction des concerts symphoniques (1920-1922). Entre 1921 et 1930, il est directeur du Wiener Singverein et il succède à Arthur Nikisch à la tête de l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (1922-1925) et de l' Orchestre philharmonique de Berlin, dont il est nommé chef à vie (1922-1954). Il dirige pour la première fois aux États-Unis en 1925 et prend la direction de l'Orchestre[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. FURTWÄNGLER WILHELM (1886-1954) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cinq grands chefs d'orchestre - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

Cinq grands chefs d'orchestre

Wilhelm Furtwängler - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Wilhelm Furtwängler

Autres références

  • BARENBOIM DANIEL (1942- )

    • Écrit par Jean-Luc MACIA
    • 1 784 mots
    • 1 média
    Sans l'avouer, Barenboim en garde une certaine amertume. D'autant qu'il s'estime l'un des grands continuateurs du musicien qu'il admire le plus :Furtwängler, qui marqua aussi l'histoire du grand orchestre berlinois. Il explique ce qui l'avait fasciné dès 1954 dans l'interprétation de ce chef : « La...
  • BERLIN ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 289 mots
    • 4 médias

    Fondé en 1882, l'Orchestre philharmonique de Berlin (Berliner Philharmonisches Orchester) a toujours été considéré comme l'une des meilleures et des plus prestigieuses formations symphoniques du monde. Son homogénéité, l'élan collectif qui s'en dégage reflètent dans ce qu'elle a de plus fort...

  • CELIBIDACHE SERGIÙ (1912-1996)

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  • FESTIVALS

    • Écrit par Jean-Michel BRÈQUE, Matthieu CHÉREAU, Jean CHOLLET, Philippe DULAC, Universalis, Christian MERLIN, Nicole QUENTIN-MAURER
    • 17 192 mots
    • 20 médias
    ...retour au répertoire de Hofmannsthal, avec sa pièce Der Tor und der Tod, et c'est la veuve de Max Reinhardt qui met en scène Jedermannen 1946. Autre geste fort : le violoniste Yehudi Menuhin lave Wilhelm Furtwängler de tout soupçon de sympathie envers le nazisme en acceptant de jouer sous sa...
  • Afficher les 11 références

Voir aussi