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VIEUX-CATHOLIQUES

Sous le nom de vieux-catholicisme, on désigne des communautés épiscopales qui ont rompu avec Rome et qui sont réunies depuis 1889, sur la base d'une foi commune, dans l'union d'Utrecht (cf. V. Conzemius, Katholizismus ohne Rom. Die altkatholische Kirchengemeinschaft, Zurich-Cologne, 1969). De telles Églises catholiques autocéphales existent aujourd'hui en Allemagne, en Autriche, en Hollande, en Suisse, en Pologne, au Portugal, en Tchécoslovaquie, en Yougoslavie et en Amérique du Nord. Aucun des schismes dont elles procèdent n'est antérieur au xviiie siècle. La plus ancienne de ces communautés nationales est celle de Hollande : Rome ayant refusé d'approuver l'élection par le chapitre de Cornelius Steenoven comme archevêque d'Utrecht, le chapitre fit en 1724 consacrer celui-ci — et consécutivement quatre autres de ses membres — par le dominicain Dominique Varlet (mort en 1742), évêque titulaire de Babylone et sympathisant janséniste, qui avait trouvé refuge en Hollande. La succession épiscopale dans les communautés vieilles-catholiques, dont Rome ne contesta jamais le caractère sacramentel, mais bien la validité juridictionnelle, remonte à cette ordination.

Ainsi, un dissident du clergé néerlandais, en s'appuyant surtout sur des éléments jansénistes, poursuivit une existence assez obscure et repliée jusqu'au Ierconcile du Vatican. À la suite du concile, les adversaires de la définition de l'infaillibilité pontificale et du primat juridictionnel de l'évêque de Rome firent appel à l'archevêque vieux-catholique d'Utrecht pour conférer le sacrement de la confirmation à leurs adeptes et l'ordination épiscopale à J. H. Reinkens, professeur à l'université de Breslau, qui avait été élu évêque en 1873 par le synode des catholiques allemands protestataires réunis à Cologne. Le schisme allemand, dont Reinkens fut le premier évêque, put se prévaloir de l'appui ou au moins des sympathies de quelques théologiens de renom. I. von Döllinger, l'adversaire le plus en vue du concile, se tint toutefois à l'écart de la nouvelle organisation ecclésiastique, qui se développa avec l'aide financière et idéologique du gouvernement allemand (Kulturkampf). Ce sont des caractéristiques théologiques néanmoins qui imposèrent au mouvement protestataire sa marque et le conduisirent à dépasser le stade initial assez confus où jouaient d'autres motivations, telles que le nationalisme germanique et des ressentiments antiromains, l'opposition à certaines prescriptions romaines, notamment le célibat ecclésiastique. C'est surtout en Suisse que l'opposition prit cette forme : le mouvement y connut une certaine ampleur chez les catholiques bourgeois et fut exploité d'une façon malhabile par le gouvernement protestant de Berne qui voulut imposer à la population catholique du Jura un clergé schismatique. Mais, sous l'impulsion du professeur lucernois Edouard Herzog (1841-1924), devenu évêque en 1876, les considérations théologiques reprirent le dessus et la faculté chrétienne catholique de Berne, fondée en 1875 par le gouvernement de Berne, non seulement assura la formation d'un clergé indigène, mais encore eut un certain rayonnement œcuménique.

Un schisme vieux-catholique éclata parmi les immigrants polonais en Amérique du Nord en 1896 à la suite d'un différend avec la hiérarchie à propos des biens et revenus des paroisses et des nominations concernant la conduite de celles-ci. La communauté se développa sous la direction d'un prêtre, F. Hodur, qui devint son premier évêque, et elle ne tarda pas à prendre une certaine ampleur numérique. L'Église indépendante des Philippines (Iglesia filipina independiente), qui, fondée en 1903, quelques années après la déclaration de l'indépendance du pays, connut au début un[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire ecclésiastique à la faculté de théologie de Lucerne

Classification

Pour citer cet article

Victor CONZEMIUS. VIEUX-CATHOLIQUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DÖLLINGER JOHANN IGNAZ VON (1799-1890)

    • Écrit par Roger AUBERT
    • 925 mots

    Ecclésiastique et universitaire allemand, historien de l'Église et adversaire de l'infaillibilité pontificale. Né dans une famille de professeurs à Bamberg (Bavière), ordonné prêtre en 1822, docteur en théologie en 1826, Döllinger est nommé cette même année professeur à l'université...

  • PAPAUTÉ

    • Écrit par Yves CONGAR
    • 5 487 mots
    • 3 médias
    ...valeur à la tradition ancienne et en admettant un épiscopat historique, avec éventuellement un pape ayant un leadership au titre de primus inter pares. Les vieux-catholiquesont refusé le dogme du Ier concile du Vatican (1870) au nom de l'histoire et de la tradition ancienne. Dans l'ensemble, ces chrétiens...

Voir aussi