Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

RODRÍGUEZ VENTURA (1717-1785)

Architecte comme son père, Ventura Rodríguez effectua sa formation sur les chantiers royaux, d'abord au château d'Aranjuez, sous la direction de l'ingénieur militaire français Étienne Marchand (1731), puis au Palais royal de Madrid, sous celle des architectes italiens Juvara et Sacchetti, à partir de 1735. Influencé par ces derniers, il s'initia à la grande architecture romaine de Bernin.

Un premier style le montre donc très appliqué à suivre des modèles baroques. C'est le cas de l'église paroissiale de San Marcos de Madrid (1749-1753) dont le plan, qui combine cinq ellipses, s'inspire d'exemples fournis par Borromini et par Juvara. Son habileté s'affirme dans son intervention au Pilar de Saragosse. Il sut trouver pour la petite chapelle de la Vierge, qu'il éleva à partir de 1750 à l'intérieur de l'immense édifice de Francisco Herrera, un parti ingénieux répondant aux conditions impérieuses posées par les chanoines. Toujours à la même veine baroque appartient son Transparente à la cathédrale de Cuenca (1753), dont la structure s'inspire de celui de Tomé au maître-autel de la cathédrale de Tolède.

Privé de ses fonctions sur le chantier du Palais royal de Madrid après la mort de Ferdinand VI en 1759, Ventura Rodríguez dut se multiplier dans des œuvres de moindre importance. Son style évolue dans le même sens que l'architecture européenne contemporaine. Il s'inspire notamment des théories énoncées par l'architecte français Jacques-François Blondel, qui préconise un accord entre le décor et les structures architecturales. L'édifice caractéristique de cette période est le sévère couvent des Agustinos Filipinos de Valladolid (1760), dont l'église combine d'une manière heureuse un vaste chœur et une nef en forme de rotonde. Spéculant encore sur le même parti, il propose pour l'église de Covadonga un projet particulièrement beau (1779), qui ne fut malheureusement pas réalisé. On retiendra également l'amphithéâtre de l'Académie de médecine de Barcelone (1761), traité dans un sens éminemment plastique.

Les dernières œuvres de Ventura Rodríguez sacrifient malheureusement au genre académique qui s'impose à toute l'Espagne vers la fin du xviiie siècle. Si la façade du palais élevé pour son protecteur, l'infant don Luis, à Boadilla del Monte (avant 1776), fait encore preuve de sensibilité, en dépit de l'économie des moyens, celle de la cathédrale de Pampelune (1783) pèche par sa lourde prétention archéologique. On peut dire qu'à travers cette œuvre indigeste l'artiste reniait tout un passé qui lui avait valu la gloire.

— Marcel DURLIAT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail

Classification

Pour citer cet article

Marcel DURLIAT. RODRÍGUEZ VENTURA (1717-1785) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARAGON

    • Écrit par Roland COURTOT, Marcel DURLIAT, Philippe WOLFF
    • 8 652 mots
    • 6 médias
    En 1751, la construction de la chapelle de la Vierge, à l'intérieur même de l'édifice, fut confiée au célèbre architecte Ventura Rodríguez. Celui-ci fit preuve de beaucoup d'habileté pour satisfaire les chanoines qui, s'appuyant sur le fétichisme populaire, ne pouvaient admettre le déplacement...
  • NAVARRE

    • Écrit par Roland COURTOT, Marcel DURLIAT
    • 4 091 mots
    • 1 média
    ...Fernando. Cette évolution est bien illustrée par l'histoire de la façade de la cathédrale de Pampelune. En 1783, on en confia la réalisation à l'architecte Ventura Rodríguez, alors au sommet de sa gloire. L'œuvre est intéressante en soi, par les contrastes qu'elle ménage entre les calmes surfaces murales,...

Voir aussi