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LE VERRIER URBAIN JEAN JOSEPH (1811-1877)

Les théories planétaires

L'application de la loi de la gravitation universelle aux corps du système solaire avait produit au cours du xviiie siècle et au début du xixe les nombreux et brillants travaux de Clairaut, d'Alembert, Lagrange, Euler, Laplace... Des tables établies par Bouvard, Jean-Baptiste Delambre, Joseph-Jérôme Lefrançais de Lalande ou Bernhard August von Lindenau servirent à calculer les éphémérides jusqu'au milieu du xixe siècle, mais aucune théorie globale complète des mouvements dans le système solaire n'avait été entreprise. Le Verrier se mit à la tâche et parvint à représenter les longitudes, latitudes et rayons vecteurs de chaque planète en séries composées, d'une part, de termes dits séculaires, polynômes du temps et, d'autre part, de termes périodiques, sinus ou cosinus de combinaisons linéaires des longitudes moyennes de la planète considérée et des planètes perturbatrices. Certains termes, dits mixtes, sont des produits de puissances du temps par des termes périodiques. Pour effectuer ses calculs, Le Verrier développa tout d'abord les fonctions perturbatrices sous forme algébrique ; en supposant petites les excentricités des orbites osculatrices et les inclinaisons mutuelles des orbites, il poussa les développements à l'ordre sept de ces petites quantités. Si l'on se représente les moyens de calcul de l'époque, on imagine l'ampleur de la tâche. Les tables des mouvements de Mercure, de Vénus, de Mars et de la Terre (ou plutôt du Soleil relativement à la Terre) parurent entre 1858 et 1861 dans les Annales de l'Observatoire de Paris. Les tables de Jupiter, de Saturne, d'Uranus et de Neptune furent publiées entre 1904 et 1913 dans ces mêmes annales après que la théorie eut été complétée par Aimable Jean-Baptiste Gaillot.

La comparaison de la théorie avec les observations permit à Le Verrier de déterminer les constantes d'intégration du mouvement. Il ne put cependant jamais expliquer d'une façon satisfaisante un résidu de 38 secondes d'angle par siècle dans l'avance du périhélie de Mercure, et imagina même l'existence d'une planète située entre le Soleil et Mercure qui aurait rendu compte du phénomène. Il n'arriva à aucune solution convaincante à partir de cette hypothèse ; la clé de l'anomalie du mouvement de Mercure ne devait être livrée que par la théorie de la relativité générale, en 1915.

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, astronome au Bureau des longitudes

Classification

Pour citer cet article

Bruno MORANDO. LE VERRIER URBAIN JEAN JOSEPH (1811-1877) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PREMIER RÉSEAU MÉTÉOROLOGIQUE FRANÇAIS

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 210 mots

    C'est une tempête en mer Noire le 14 novembre 1854, pendant la guerre de Crimée, qui fit prendre conscience aux autorités françaises de l'importance de la prévision météorologique. Cette tempête détruisit une grande partie de la flotte française ainsi que trente-huit navires de commerce et causa...

  • DÉCOUVERTE DE NEPTUNE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 273 mots

    Alexis Bouvard, astronome à l'Observatoire de Paris, remarque au début du xixe siècle des irrégularités dans le mouvement d'Uranus, découvert en 1781 par William Herschel. Grâce en particulier à François Arago, l'idée que ce mouvement peut être perturbé par une autre planète...

  • GRAVITATION ET ASTROPHYSIQUE

    • Écrit par Brandon CARTER
    • 8 922 mots
    • 3 médias
    ...interactions entre planètes. Réciproquement, et de manière tout à fait indépendante, la première grande réussite de la théorie fut son utilisation, par Urbain Jean Joseph Le Verrier et John Couch Adams, pour prédire l'existence de la planète Neptune, jamais observée jusqu'alors, afin d'expliquer les anomalies...
  • MODÉLISATION DU CLIMAT

    • Écrit par Hélène GUILLEMOT, Frédéric HOURDIN
    • 9 548 mots
    • 8 médias
    ...télégraphe électrique (1837). Après qu’une violente tempête eut détruit le 14 novembre 1854 la flotte française en mer Noire au cours de la guerre de Crimée, l’astronome Urbain Le Verrier (1811-1877), mandaté par Napoléon III, met en place un réseau européen de stations météorologiques reliées par le télégraphe...
  • NEPTUNE, planète

    • Écrit par André BRAHIC
    • 4 848 mots
    • 23 médias

    Gravitant à environ 4,5 milliards de kilomètres du Soleil sur une orbite quasi circulaire, Neptune met cent soixante-cinq ans pour accomplir une révolution. Son plan équatorial est incliné de près de 30 degrés par rapport au plan de son orbite. Bien que trois fois plus petit que Jupiter, Neptune...

Voir aussi