Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TUNGSTÈNE

Le tungstène métallique

Tungstène : propriétés - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tungstène : propriétés

Le tableau 1 donne les valeurs de quelques propriétés physiques. Le tungstène est un métal extrême : il présente parmi les métaux le plus haut point de fusion, une des plus hautes densités et un des plus hauts modules d'élasticité, ainsi que les plus faibles valeurs de chaleur spécifique et de coefficient de dilatation. Sa caractéristique la plus remarquable, qui justifie ses utilisations, est la conservation de sa résistance mécanique et de sa rigidité jusqu'à des températures supérieures à 2 000 0C. La charge de rupture en traction est voisine de 100 N/mm2 à 2 000 0C ; elle peut atteindre 300 N/mm2 pour certains alliages tels que W-Re ou W-Re-HfC. La résistance au fluage est aussi très élevée. Malgré ces performances remarquables, le tungstène présente deux inconvénients majeurs :

– sa fragilité à température ambiante, surtout à l'état recristallisé ;

– sa réactivité avec l'oxygène de l'air dès 500 0C ; le tungstène et ses alliages ne peuvent être utilisés à haute température que sous vide ou sous gaz protecteur (hydrogène, azote, gaz rares) ; dans le cas contraire, il faut revêtir les pièces d'un dépôt adhérent et stable d'une substance (un siliciure ou une céramique, par exemple).

Par ailleurs, le tungstène présente une stabilité parfaite dans les solutions corrosives (tous les hydroxydes alcalins et tous les acides, sauf le mélange acide nitrique-acide fluorhydrique), dans les verres et les sels fondus, ainsi que dans les métaux liquides jusqu'à 1 000 0C.

Le tungstène est mis en forme à partir d'ébauches frittées, par écrouissage à chaud (entre 1 000 et 1 600 0C). La structure écrouie et fibrée est la plus ductile et la plus résistante mécaniquement. La dureté Vickers à froid est moyenne (∼ 400 HV). Le développement des alliages de tungstène a pour objet d'augmenter la ductilité et d'inhiber le grossissement de grain à haute température. Les alliages les plus connus contiennent soit une dispersion de thorine (1 à 2 p. 100), soit une addition importante de rhénium (10 à 25 p. 100) ou de petites quantités de « dopes » (silicate de potassium et d'aluminium) servant à stabiliser les fils de lampe à incandescence.

Le tungstène, pur ou allié, hautement réfractaire, est utilisé principalement dans les électrodes de tubes électroniques, les anodes de tubes de radiographie, les contacts des rupteurs d'allumage de bougies, les électrodes de soudage sous gaz inerte, les buses de chalumeau à plasma ou les électrodes non consommables de four à arc, les éléments chauffants de four sous vide et, enfin, les cols de tuyère de moteurs-fusées. Par suite du coefficient de dilatation très bas, le tungstène est aussi employé pour la soudure au verre et pour les embases de composants à semiconducteurs.

Il existe aussi des « pseudo-alliages » de tungstène, usinables et ductiles, obtenus par frittage des poudres : d'une part, l'alliage lourd tungstène-nickel-fer employé comme écran absorbant les rayonnement, comme rotor de gyroscope ou comme masse d'équilibrage en aviation ; d'autre part, les matériaux à base de tungstène-cuivre ou de tungstène-argent, servant de contacts électriques de puissance ou d'électrodes d'usinage par électro-érosion.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : ingénieur diplômé de l'École polytechnique, directeur des recherches à la société Ugine Carbone.

Classification

Pour citer cet article

René MEYER. TUNGSTÈNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Métallurgie et application des produits - crédits : Encyclopædia Universalis France

Métallurgie et application des produits

Tungstène : propriétés - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tungstène : propriétés

Métal dur : fabrication de pièces - crédits : Encyclopædia Universalis France

Métal dur : fabrication de pièces

Autres références

  • ACIER - Technologie

    • Écrit par Louis COLOMBIER, Gérard FESSIER, Guy HENRY, Joëlle PONTET
    • 14 176 mots
    • 10 médias
    Avec le tungstène et le vanadium, les caractères alphagène et formateur de carbures sont encore accentués. Ces éléments sont fréquemment utilisés pour obtenir des aciers durs et résistants.
  • ALLIAGES

    • Écrit par Jean-Claude GACHON
    • 7 362 mots
    • 5 médias
    La figure concerne le système cuivre (Cu)-tungstène (W). L'axe des abscisses représente la teneur de l'alliage en tungstène exprimée en atomes pour cent ou en poids pour cent ; la première échelle est utilisée dans les laboratoires de recherche tandis que la seconde est celle des industriels, qui...
  • CHINE - Les régions chinoises

    • Écrit par Pierre TROLLIET
    • 11 778 mots
    • 3 médias
    ...de soixante-dix sortes ont été identifiées et en particulier des métaux non ferreux. Les réserves d'antimoine, notamment à Xikuangshan au Hunan, et de tungstène, notamment à Xihuashan au Jiangxi, se situeraient aux premiers rangs mondiaux. Ce sont aussi du manganèse, du plomb, du zinc, du cuivre,...
  • COOLIDGE WILLIAM DAVID (1873-1975)

    • Écrit par Georges KAYAS
    • 545 mots

    Physicien et chimiste américain, né à Hudson (Massachusetts) et mort à Schenectady (État de New York). Descendant d'une famille rurale, le physicien américain William David Coolidge poursuit ses études au célèbre Massachusetts Institute of Technology (M.I.T.) où il obtint le diplôme d'ingénieur électricien...

  • Afficher les 7 références

Voir aussi