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TRIO

Au sens le plus général en musique, pièce écrite à trois parties harmoniques réelles, vocales ou instrumentales. À partir de la seconde moitié du xviiie siècle, pièce écrite pour trois instruments, même si l'un d'eux (piano) comprend plusieurs parties harmoniques. Au Moyen Âge et à la Renaissance, beaucoup de messes polyphoniques (dont une des trois laissées par William Byrd) sont écrites à trois voix.

À la fin du xviie siècle, avec Corelli et ses successeurs, la sonate en trio pour deux dessus (par exemple deux violons) et basse continue (clavecin) devient la forme par excellence de la musique de chambre : à noter que ces sonates sont jouées par quatre instruments, un violoncelle ou une viole de gambe venant renforcer la basse. Au début du xviiie siècle, Bach innove en écrivant (sonates pour flûte, violon ou viole de gambe et clavecin obligé) des duos instrumentaux à trois voix, dont deux confiées respectivement à l'une et à l'autre des mains du claveciniste. Dans ses sonates en trio pour orgue, les trois voix sont le fait des deux mains de l'organiste et du pédalier. En matière de trio avec clavier, un bouleversement se produit avec les Pièces de clavecin en concerts (1741) de Rameau pour flûte, violoncelle et clavecin : le clavecin, soutien harmonique (réalisateur du continuo) dans l'ancienne sonate en trio, acquiert ici la primauté. Dans les trios du milieu du xviiie siècle (fils de Bach, musiciens de Mannheim), le clavier confirme cette suprématie, au point parfois d'éclipser ses partenaires. C'est alors qu'apparaissent des œuvres dont les titres, du genre « Sonate pour piano (ou clavecin) avec accompagnement de violon et de violoncelle », disent suffisamment le propos. Dans cette perspective se situent encore plus ou moins, malgré leur date de composition tardive (années 1790), les grands trios de Haydn. C'est avec Beethoven qu'en ce qui concerne l'indépendance des instruments, en particulier du violoncelle, le trio classique pour piano, violon et violoncelle prend son essor. En écriront à sa suite Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms, Dvořak, Chausson, Ravel, Roussel, Chostakovitch et bien d'autres.

Le trio à cordes pour violon, alto et violoncelle est en comparaison beaucoup moins usité. Au milieu du xviiie siècle existent les trios pour orchestre de Johann Stamitz par exemple, pièces pour cordes à trois voix dont chacune peut s'exécuter soit à un seul instrument (trio de solistes), soit à plusieurs (orchestre à cordes). Boccherini décrit un certain nombre de trios à cordes, mais la palme en ce genre revient sans conteste à Mozart, dont le divertimento K 563 pour violon, alto et violoncelle est sans équivalent à l'époque. Beethoven écrira pour la même formation quelques œuvres de jeunesse, et Schönberg une des plus grandes partitions de sa période américaine.

Pour des combinaisons plus inhabituelles, on peut citer les cent vingt-six trios avec baryton et les quatre pour deux flûtes et violoncelle de Haydn, celui pour clarinette, alto et piano de Mozart, ceux pour violon, cor et piano et pour clarinette (ou alto), violoncelle et piano de Brahms, celui pour flûte, violon et alto de Reger, celui pour hautbois, basson et piano de Poulenc.

En matière d'opéra, on entend par trio toute scène regroupant trois chanteurs (auxquels s'ajoute évidemment l'orchestre) : ceux pour trois voix de femme de La Flûte enchantée et du Chevalier à la rose sont particulièrement célèbres.

On appelle également trio la partie centrale contrastée d'un menuet, d'un scherzo ou d'une marche (trio du scherzo de la Septième Symphonie de Beethoven) : dénomination ne correspondant à plus rien de précis, mais due au fait qu'à l'origine ces épisodes étaient souvent joués à trois instruments.

— Marc VIGNAL

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Classification

Pour citer cet article

Marc VIGNAL. TRIO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FEUERMANN EMANUEL (1902-1942)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 1 175 mots
    ...considéré comme le premier enregistrement commercial du Concerto pour violoncelle de Dvǒrák, avec Michael Taube à la tête de la Staatskapelle de Berlin. Professeur de violoncelle à la Hochschule für Musik de Berlin (1929-1933), où il succède à Hugo Becker, il forme en 1929, avec Joseph Wolfsthal (violon)...
  • ISTOMIN EUGENE (1925-2003)

    • Écrit par Universalis
    • 178 mots

    Pianiste américain. Issu d'une famille russe émigrée, Eugene Istomin montre dès son plus jeune âge des dons surprenants. À douze ans, il entre au Curtis Institute de Philadelphie, où il étudie avec Rudolf Serkin et Mieczyslaw Horszowski. En 1943, il remporte un concours organisé par l'...

  • ROSE LEONARD (1918-1984)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 409 mots

    Le violoncelliste américain Leonard Rose a joué un rôle essentiel dans la création d'une école instrumentale dans son propre pays. L'Europe le connaît surtout comme membre du trio qu'il formait avec Isaac Stern et Eugene Istomin, mais il a mené par ailleurs une importante carrière...

  • ROSSI SALOMONE (1570 env.-env. 1630)

    • Écrit par Philippe BEAUSSANT
    • 197 mots

    Originaire de Mantoue, Rossi est condisciple et collaborateur de Monteverdi. Juif, il compose quelques-unes des plus anciennes pièces de la liturgie synagogale écrites en style polyphonique, rompant ainsi avec la tradition homophonique juive. Mais c'est en tant que violoniste que son nom doit...

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