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VIOLONCELLE

Instrument grave de la famille des violons (par opposition à celle des violes), il fait son apparition au xvie siècle, quelques dizaines d'années après les premiers violons : basses de viola da braccio construites à Brescia par le luthier Gasparo de Salo et par son élève Paolo Maggini, à Crémone par la dynastie des Amati et par leur disciple Antonio Stradivari. L'appellation elle-même, en revanche, ne se généralisera qu'au xviiie siècle. Quant à la substitution du violoncelle à la basse de viole dans les exécutions musicales, elle s'effectue très progressivement, différemment selon les pays, et sous le signe d'une coexistence de plusieurs décennies. L'Angleterre, où fleurit à l'époque élisabéthaine un immense répertoire pour ensembles de violes, sans parler des Fantaisies composées par Purcell en 1680, et la France, qui voit encore paraître au début du règne de Louis XV des pièces pour violes (basses de viole) de Marin Marais, de François Couperin ou de Caix d'Hervelois, résistent le plus longtemps et le mieux. En Italie au contraire, le violoncelle fait partie dès le xviie siècle de l'orchestre d'opéra. En même temps, il s'oppose au violon dans de nombreuses sonates ; là aussi, il ne fait surtout qu'accompagner (basse continue) soit seul, soit comme second d'un clavecin. Dans les concertos grossos de Corelli, puis de Vivaldi et de Haendel, il soutient (doublé à l'octave inférieure par la contrebasse) la basse du ripieno, et participe en soliste au concertino, le plus souvent avec deux violons. Ce qui mène au violoncelle utilisé expressément pour ses qualités de soliste : les Ricercare et Canzone de Domenico Gabrieli dit Menghino del Violoncello (1689), les Sonates de Jacchini (1689) comptent parmi les exemples les plus anciens d'un répertoire très vite étendu, en Italie comme ailleurs. Dès les alentours de 1720, les six Suites pour violoncelle seul de J.-S. Bach semblent épuiser, de l'instrument, toutes les ressources (polyphoniques notamment). Dans la seconde moitié du xviiie siècle, le plus grand violoncelliste (à la fois comme instrumentiste et comme compositeur) est l'Italien Luigi Boccherini. Si Mozart ne semble pas s'intéresser spécialement à lui, il n'en va pas de même de Haydn, qui le met souvent en valeur dans ses pages d'orchestre, et lui consacre au moins deux concertos. En même temps, il s'intègre définitivement au quatuor à cordes. À partir de Beethoven, qui laisse cinq sonates pour violoncelle et piano où son génie se donne davantage libre cours que dans ses dix sonates pour violon et piano, il joue un rôle vraiment autonome dans l'orchestre et dans la musique de chambre des plus grands maîtres (Schubert, Brahms, Fauré), dont beaucoup (Schumann, Lalo, Saint-Saëns, Dvořak, Elgar, Prokofiev) écrivent pour lui un ou plusieurs concertos.

Pablo Casals en 1961 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Pablo Casals en 1961

Depuis 1720 environ, le violoncelle comprend quatre cordes (ut, sol, , la) accordées une octave plus bas que celles de l'alto. Son étendue est de trois octaves et une quinte, mais les virtuoses, grâce surtout aux harmoniques, plus faciles à réaliser qu'au violon, l'accroissent jusqu'à cinq octaves. L'archet est plus court que celui du violon et son équilibre sur les cordes assez différent. Sa technique moderne fut fixée dans un traité rédigé avant 1800 par un Français, Jean-Louis Duport. Des nombreux virtuoses du xxe siècle, deux surtout se détachent : l'Espagnol Pablo Casals (1876-1973) et le Russe Mstislav Rostropovitch (né en 1927).

— Marc VIGNAL

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Pour citer cet article

Marc VIGNAL. VIOLONCELLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Pablo Casals en 1961 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Pablo Casals en 1961

Autres références

  • VIOLONCELLE, en bref

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 1 128 mots
    • 9 médias

    Instrument à cordes à archet, accordé une octave au-dessous de l'alto, le violoncelle ne reproduit pas, comme ce dernier, les exactes proportions du violon. Si le dessin de la table est identique, le manche est plus trapu, les éclisses plus larges et le chevalet plus haut. Ces différences...

  • BARBIROLLI JOHN (1899-1970)

    • Écrit par Universalis
    • 389 mots

    Chef d'orchestre et violoncelliste britannique, John Barbirolli est issu d'une famille franco-italienne. Fils d'un violoniste italien établi en Angleterre et d'une Française, Giovanni Battista Barbirolli naît le 2 décembre 1899 à Londres. Il s'initie au violon dès l'âge de quatre ans, avant d'opter...

  • BASSE, musique

    • Écrit par Henry BARRAUD
    • 3 508 mots
    • 1 média

    Selon qu'un son est engendré par un nombre plus ou moins grand de vibrations à la seconde, nous traduisons la sensation qu'il nous donne par les mots : aigu ou grave, haut ou bas. Ces images ne s'appliquent évidemment qu'à des notions toutes relatives. L'oreille peut reconnaître la hauteur absolue d'un...

  • BERLINSKY VALENTIN (1925-2008)

    • Écrit par Universalis
    • 248 mots

    Violoncelliste soviétique, membre du prestigieux Quatuor Borodine. Valentin Alexandrovitch Berlinsky naît à Irkoutsk, en Sibérie, le 19 janvier 1925. Dès l'âge de sept ans, il commence ses études musicales avec son père, qui est violoniste. Six ans plus tard, il est admis dans la classe de ...

  • BOCCHERINI LUIGI (1743-1805)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 673 mots

    Né à Lucques d'un père chanteur et contrebassiste, Boccherini est envoyé à Rome dès 1757 pour y étudier le violoncelle (instrument auquel il attachera son renom) et la musique vocale ancienne (Palestrina), dont les traces se retrouveront jusque dans son Stabat Mater de 1801. De retour...

  • Afficher les 24 références

Voir aussi