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TRAVAIL

Jusqu'au xviie siècle, le travail était perçu comme une besogne servile, qu'il fallait bien effectuer pour produire, mais que son caractère pénible et dégradant réservait aux pauvres et aux esclaves qui n'avaient pas le choix. L'homme important, noble ou prêtre, se faisait honneur de ne pas travailler. Mais, avec l'essor des relations marchandes, la révolution industrielle et les bouleversements économiques et sociaux qui s'ensuivent, la place – et le revenu – de chacun devient moins fixée par la règle sociale et la tradition, et davantage par les efforts fournis et les initiatives prises par l'individu. Du coup, le travail est devenu un acte de création productive, engendrant revenus et richesse. Karl Marx (1818-1883) y a même vu, à la suite de David Ricardo (1772-1823), la source de toute valeur, et s'il critique le capitalisme, c'est parce que le travailleur est dépossédé d'une part de la richesse qu'il produit, au profit de la bourgeoisie qui détient les moyens de production. Même si cette analyse (dite de la valeur-travail) est aujourd'hui à peu près abandonnée par les économistes, il en reste l'idée que le travail est un acte créatif et non une occupation servile.

Aujourd'hui, travailler, au sens économique du terme, c'est utiliser ses capacités intellectuelles ou physiques contre un revenu : salaire, mais aussi honoraires ou revenu d'entreprise, puisque tous les travailleurs ne sont pas forcément des salariés. Dans la comptabilité nationale, une activité ne devient travail que si elle est rémunérée, car elle contribue alors à la production. À défaut, il s'agit d'une occupation ou d'un passe-temps, activités qualifiées d'improductives, même si elles sont socialement très utiles (élever des enfants, par exemple, ou préparer un examen).

Dans notre société, le travail est devenu le mode normal de socialisation, non seulement par les revenus qu'il procure, mais aussi parce qu'il est générateur d'estime de soi, de reconnaissance sociale... Être privé de travail – comme le sont les chômeurs – apparaît comme une mise à l'écart et une forme de marginalisation qui attentent à la dignité humaine.

Travail et emploi

Ceux qui travaillent ou qui cherchent un emploi constituent la population active. L'activité, au sens économique du terme, désigne le fait d'être présent sur le marché du travail, que l'on ait un emploi ou que l'on en recherche un, car, dans les deux cas, on offre du travail (ou demande un emploi), même si c'est sans succès. La demande de travail (ou offre d'emploi) émane des entreprises, qui embauchent ou non.

L'emploi désigne le contenu du travail, les règles dont il s'accompagne, ainsi que les droits qui lui sont attachés : tâches à effectuer (ou poste de travail), responsabilités exercées, montant de la rémunération, droits sociaux auxquels l'exercice de ce travail donne accès (assurance-vieillesse, droit à formation, etc.), durée et horaires de travail... Dans l'emploi indépendant, les règles de travail sont définies par le travailleur lui-même, et doivent être acceptées par son employeur ou son client. Dans l'emploi salarié, elles sont fixées par la loi, la convention collective, le contrat de travail ou, à défaut, l'employeur lui-même : l'emploi salarié est donc caractérisé par un rapport de subordination du salarié à l'employeur, lequel est tenu de respecter un ensemble d'obligations légales ou conventionnelles destinées à protéger le faible contre le fort, et à favoriser une certaine équité dans les relations sociales.

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  • : conseiller de la rédaction du journal Alternatives économiques

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Pour citer cet article

Denis CLERC. TRAVAIL [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Autres références

  • TRAVAIL/TECHNIQUE (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 2 943 mots

    Le travail humain est-il dès l’origine « technicien », ou est-il devenu technique au fil des millénaires ? Parce que les liens entre le travail et la technique n’ont cessé d’évoluer au cours de l’histoire, une réponse univoque ne peut être donnée. Pour Aristote (env. 385-322 av....

  • ALIÉNATION

    • Écrit par Paul RICŒUR
    • 8 006 mots
    ...la relation d'échange. Le champ entier de l'expérience humaine est alors couvert par l'économie et, du même coup, par l'aliénation propre à ce champ. Le concept de « travail aliéné » devient ainsi le pivot de la critique de l'économie politique et de l'expérience dans son ensemble. Ce concept signifie...
  • ALIÉNATION, sociologie

    • Écrit par Jean-Pierre DURAND
    • 729 mots

    Pour les sociologues, le concept d'aliénation a été forgé par Karl Marx à la suite de ses lectures de Hegel. Lors du rapport salarial capitaliste, le résultat du travail de l'ouvrier ne lui appartient pas puisqu'il a échangé un temps de travail contre un salaire. À la fin de cet échange...

  • ANTHROPOLOGIE ÉCONOMIQUE

    • Écrit par Maurice GODELIER
    • 5 153 mots
    À partir de ce fait essentiel s'éclairent les formes de travail, d'échange et de compétition qui caractérisent ces sociétés ou du moins les éléments qui semblent communs à toutes, abstraction faite des différences immenses qui séparent les chasseurs-collecteurs australiens, les pêcheurs...
  • ARTISANAT

    • Écrit par Denis CHEVALLIER, Universalis, Louis LERETAILLE
    • 7 105 mots

    Artisanat : mot récent, réalité ancienne. Si le terme n'apparaît qu'à la fin du xixe siècle, sa racine étymologique ars en révèle toute l'ambivalence. À l'origine il englobe, en effet, l'ensemble des activités manuelles extra-agricoles, au point qu'on ne distingue pas l'artisan de...

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