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TRAITÉ DE LA PEINTURE, Leon Battista Alberti Fiche de lecture

Un plaidoyer pour la peinture comme art libéral

Sans nulle allusion à Dieu, mais seulement à la cité et à la collectivité, dont le peintre doit rechercher l'approbation, Alberti affirme le caractère scientifique et moral de la peinture, la considérant comme une pratique libérale – statut que les peintres mettront en réalité des siècles à conquérir. Cette nature libérale de la peinture n'apparaît pas ici comme une revendication mais comme le corollaire de ses définitions et de son histoire. Vénérée dans l'Antiquité, elle semblait avoir « disparu », mais les artistes florentins, au nombre desquels Alberti se range « sans maître et sans aucun exemple, [inventent] des arts et des sciences dont personne n'avait entendu parler et que personne n'avait vus ». Fondé rigoureusement sur la géométrie et l'optique, sur le sens de la relativité des grandeurs en fonction du point de vue et celui des proportions des corps, sur la connaissance de l'anatomie et des mouvements du corps, le tableau comme représentation narrative rapproche le peintre instruit et réfléchi de l'auteur lettré. Le plaisir pris à contempler une histoire peinte, riche en observations faites sur la nature et en beautés extraites des beautés éparses en elle, comparées et amendées, est le même que celui que procurent les bons livres : ils nous font rire et pleurer par sympathie naturelle. Alberti insère ainsi la peinture dans le cadre d'une pensée humaniste réhabilitant un savoir-faire tourné vers la connaissance de la nature et l'éducation de l'individu.

— Martine VASSELIN

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

Martine VASSELIN. TRAITÉ DE LA PEINTURE, Leon Battista Alberti - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Leon Battista Alberti - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Leon Battista Alberti

Autres références

  • ALBERTI LEON BATTISTA (1404-1472)

    • Écrit par Frédérique LEMERLE
    • 3 110 mots
    • 8 médias
    ...Rome, il retrouva l'élite artistique de la cité, et formula les principes théoriques de la nouvelle expression artistique dans le De pictura (1435). Il composa à la même époque les Elementi di Pittura, dont il donna une traduction latine, et un bref traité sur la sculpture, De statua, tout en continuant...
  • BRUNELLESCHI FILIPPO (1377-1446)

    • Écrit par Gian-Carlo ARGAN
    • 2 148 mots
    • 6 médias
    ...l'invention de la perspective et son application à la peinture ; on possède même des descriptions de travaux expérimentaux accomplis dans ce domaine. La perspective de Brunelleschi, qui constitua le fondement théorique du traité De la peinture d'Alberti, présuppose la connaissance de l'abondante littérature...
  • LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. LA SCULPTURE ET LES ARTS À FLORENCE 1400-1460 (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 029 mots
    • 2 médias

    En 1436, dans le prologue de son livreDe pictura, qui présente de façon théorique les nouveaux principes de ce que nous appelons aujourd’hui la Renaissance, Alberti évoque le décalage entre les créations fécondes de « la valeureuse époque des Anciens » face aux arts et sciences des temps plus...

  • MASACCIO (1401-env. 1429)

    • Écrit par Giovanni PREVITALI
    • 3 292 mots
    • 8 médias
    ...comme une des œuvres essentielles de l'histoire du naturalisme moderne en peinture (ces fresques ont été l'objet d'une remarquable restauration en 1990). Il est le seul peintre que cite Leon Battista Alberti, dans la dédicace de son Traité de la peinture(1436), parmi les grands novateurs de la Renaissance...

Voir aussi