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LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. LA SCULPTURE ET LES ARTS À FLORENCE 1400-1460 (exposition)

En 1436, dans le prologue de son livreDe pictura, qui présente de façon théorique les nouveaux principes de ce que nous appelons aujourd’hui la Renaissance, Alberti évoque le décalage entre les créations fécondes de « la valeureuse époque des Anciens » face aux arts et sciences des temps plus récents qu’il définit comme défaillants. En même temps, il se réjouit de constater à quel point, à Florence, des artistes ont pu démontrer « un talent qui en aucun domaine digne d’éloges ne les rend inférieurs aux Anciens qui se sont illustrés dans ces arts ». Or parmi les quatre artistes qu’il situe au premier plan de ce renouveau, et à côté de Brunelleschi à qui il dédie son traité, figurent trois sculpteurs, Donatello, Lorenzo Ghiberti, Luca della Robbia.

Un nouvel espace mental

<it>Saint Georges</it>, Donatello - crédits :  Bridgeman Images

Saint Georges, Donatello

S’il est évident que, au Quattrocento (le xve siècle italien), les peintres occupent une place centrale dans la création artistique, la sculpture non seulement n’est pas en reste pour le génie et l’invention, mais s’est même située souvent en avant-garde. Pour donner une date au début de la Renaissance, on pense généralement à la fresque de La Trinité (vers 1427), de Masaccio, à Santa Maria Novella. Pourtant, c’est dès 1417 que Donatello réalise pour son Saint Georges une prédelle en bas-relief de marbre, qui est la première œuvre, tous domaines confondus, à utiliser les ressources de la perspective linéaire établie par Brunelleschi. Il s’y appuie sur des lignes convergeant vers un point de fuite unique. Il propose aussi, pour la première fois, un sentiment de l’espace extérieur par la technique du stiacciato, traitement subtil de la surface du marbre en bas-relief qui rappelle la douceur du dessin. L’exposition Le Printemps de la Renaissance. La sculpture et les arts à Florence, 1400-1460, présentée successivement à Florence au Palazzo Strozzi (23 mars - 18 août 2013) puis à Paris au musée du Louvre (26 septembre 2013 - 6 janvier 2014), met en évidence le caractère révolutionnaire de telles inventions dans la mise en place de la Renaissance.

Le Sacrifice d'Isaac, L. Ghiberti - crédits : L. Mennonna, courtesy of Italian Ministry for Cultural Heritage and Activities

Le Sacrifice d'Isaac, L. Ghiberti

En 1401, la corporation des marchands de Florence organise un concours pour la réalisation de la seconde porte en bronze du baptistère, sur le thème du sacrifice d’Isaac. Le projet de Lorenzo Ghiberti est retenu, mais alors que la quasi-totalité des autres sont refondus pour utiliser le métal dans la fabrication de la porte, celui de Filippo Brunelleschi frappe tant par sa qualité qu’il est conservé. La présentation, côte à côte, de ces deux œuvres en bronze partiellement doré est un exceptionnel témoignage de la nouveauté apportée par la sculpture, entre autres dans le recours manifeste, pour plusieurs parties de ces compositions, à des modèles de l’Antiquité. Ghiberti se souvient ici d’œuvres antiques, comme un Torse de centaure. Le grand rinceau végétal qui se déploie sur la face avant de l’autel du Sacrifice d’Isaac provient lui aussi des répertoires classiques ; c’est un motif qui va s’imposer dans le répertoire décoratif de la Renaissance.

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Écrit par

  • : professeur émérite d’histoire de l’art à l’université de Lille

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Médias

<it>Saint Georges</it>, Donatello - crédits :  Bridgeman Images

Saint Georges, Donatello

Le Sacrifice d'Isaac, L. Ghiberti - crédits : L. Mennonna, courtesy of Italian Ministry for Cultural Heritage and Activities

Le Sacrifice d'Isaac, L. Ghiberti