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TRAITÉ DE LA PEINTURE, Leon Battista Alberti Fiche de lecture

Leon Battista Alberti - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Leon Battista Alberti

D'après des annotations autographes relevées sur des manuscrits, le Traité de la peinture de Leon Battista Alberti (1404-1472) fut achevé, dans sa rédaction latine, en août 1435 et, dans sa version italienne, en juillet 1436. Un groupe de manuscrits en latin comporte une dédicace à Gianfrancesco Gonzaga, marquis de Mantoue, et la version italienne contient en préliminaire une adresse élogieuse à l'architecte florentin Filippo Brunelleschi, qui venait d'achever la coupole de la cathédrale de Florence. Ce texte, dont les manuscrits latins sont plus nombreux et qui a été plus souvent lu par des lettrés que par des artistes durant le Quattrocento, attendra 1540 pour être imprimé en latin à Bâle, puis en italien et en français au xvie siècle : son impact majeur en fut ainsi comme retardé et ses vues restèrent sans effet direct et précis sur son époque. L'ouvrage était fondateur, novateur dans son sujet, sa méthode d'exposition et ses buts – ce dont l'auteur révèle une claire conscience. L'homme qui entendait offrir un manuel permettant aux peintres contemporains d'appliquer les derniers acquis de la peinture et les guider dans leurs études et leur vie sociale parlait à la fois en humaniste formé dans nombre de disciplines professées dans les universités italiennes, en praticien dilettante et en ami des artistes florentins qu'il découvrait après des décennies d'exil. C'est pourquoi la structure du discours intéresse ici autant que les arguments et les préceptes.

Un traité en triptyque sur un modèle rhétorique

Le Traité de la peinture se divise en trois livres. Le premier, « tout mathématique » selon la formule de son auteur, renferme les rudiments géométriques de l'art de peindre empruntés à Euclide : points, lignes, surfaces, angles, présentés selon une complexité croissante. Le couronnement en est l'exposé d'une méthode à la fois pratique et fondée scientifiquement pour construire le tableau selon un système de perspective unique et cohérent. Cette démonstration explique l'éloge de son ami Cristoforo Landino, philosophe du cercle médicéen, Alberti étant apprécié comme « le plus extraordinaire spécialiste de la perspective depuis des siècles ». Le deuxième livre distingue les trois « parties » de la peinture : la circonscription ou dessin qui concerne les contours des corps ; la composition, principe d'assemblage et d'organisation qui associe selon une hiérarchie et une convenance mutuelle des éléments entre eux, les surfaces, les membres et les corps, le tout résultant en une « histoire » aux personnages et aux décors ordonnés dans un espace perspectif ; et enfin la « réception des lumières » qui recouvre l'étude des couleurs et du clair-obscur suggérant le relief des corps. Le troisième livre glisse de la peinture au peintre et propose les recommandations d'Alberti sur sa moralité, sa formation, ses relations nécessaires avec les doctes qui, par leur culture classique et leur réflexion sur l'homme, lui fourniront matière à ses inventions picturales. Ces trois aspects, logiquement enchaînés, sont transposés du traité de Quintilien, De Institutione oratoria (Sur la formation de l'orateur).

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Écrit par

  • : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

Martine VASSELIN. TRAITÉ DE LA PEINTURE, Leon Battista Alberti - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Leon Battista Alberti - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Leon Battista Alberti

Autres références

  • ALBERTI LEON BATTISTA (1404-1472)

    • Écrit par Frédérique LEMERLE
    • 3 110 mots
    • 8 médias
    ...Rome, il retrouva l'élite artistique de la cité, et formula les principes théoriques de la nouvelle expression artistique dans le De pictura (1435). Il composa à la même époque les Elementi di Pittura, dont il donna une traduction latine, et un bref traité sur la sculpture, De statua, tout en continuant...
  • BRUNELLESCHI FILIPPO (1377-1446)

    • Écrit par Gian-Carlo ARGAN
    • 2 148 mots
    • 6 médias
    ...l'invention de la perspective et son application à la peinture ; on possède même des descriptions de travaux expérimentaux accomplis dans ce domaine. La perspective de Brunelleschi, qui constitua le fondement théorique du traité De la peinture d'Alberti, présuppose la connaissance de l'abondante littérature...
  • LE PRINTEMPS DE LA RENAISSANCE. LA SCULPTURE ET LES ARTS À FLORENCE 1400-1460 (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 029 mots
    • 2 médias

    En 1436, dans le prologue de son livreDe pictura, qui présente de façon théorique les nouveaux principes de ce que nous appelons aujourd’hui la Renaissance, Alberti évoque le décalage entre les créations fécondes de « la valeureuse époque des Anciens » face aux arts et sciences des temps plus...

  • MASACCIO (1401-env. 1429)

    • Écrit par Giovanni PREVITALI
    • 3 292 mots
    • 8 médias
    ...comme une des œuvres essentielles de l'histoire du naturalisme moderne en peinture (ces fresques ont été l'objet d'une remarquable restauration en 1990). Il est le seul peintre que cite Leon Battista Alberti, dans la dédicace de son Traité de la peinture(1436), parmi les grands novateurs de la Renaissance...

Voir aussi