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FIORELLI TIBERIO (1608-1694)

Un des plus célèbres acteurs italiens, passé à la postérité sous les traits de Scaramouche, personnage de la commedia dell'arte, variante du Capitan, mais qui comporte quelque chose du Zanni (ou bouffon). Fils de Silvio Fiorelli, le “capitaine Matamoros”, Tiberio serait venu en France pour la première fois en 1645 avec la troupe de Guiseppe Bianchi ; après plusieurs séjours, il s'y installe vers 1653. En 1659, on assure qu'il aurait joué un divertissement pour Mazarin. Sa collaboration avec le fameux Arlequin Dominique Biancolelli durait encore à la mort de Molière dont il aurait été le maître ; cela témoigne de l'influence qu'eurent les farceurs italiens sur le théâtre comique français de l'époque. Car, s'il a été formé en Italie, Scaramouche s'épanouit surtout en France où il devient très populaire. Certains le peignent, sa guitare sous le bras, avec son chat, son chien, ou son singe. Il aurait souvent amusé, dans son costume noir, le petit Louis XIV ; Molière le note dans Le Sicilien : “Le ciel est habillé ce soir en Scaramouche.” Le masque ne se détache pas du nom du personnage créé par l'acteur. On verra aussi Scaramouche dans de nombreuses pièces à succès. Comme chez tous les grands acteurs comiques de l'époque, le personnage de Scaramouche acquiert les particularités et les virtuosités de son créateur : Tiberio Fiorelli. C'est lui qui apporte à Molière une manière d'intervenir physiquement à l'intérieur d'un personnage : l'action visuelle devient importante, la gaieté demande à se manifester de façon franche et directe. En Scaramouche, le bouffon devenait un personnage étonné devant des situations impossibles, qui provoquait un effet de drôlerie immédiat. Du bouffon ostensible Molière tirera un personnage intérieur, tragi-comique : Arnolphe par exemple. Scaramouche savait jouer avec efficacité de son visage comme de son corps. Ainsi le décrit Tallement des Réaux dans ses Historiettes  :

  Tout aussi tôt que Scaramouche   A commencé d'ouvrir la bouche   Ses sauts, ses postures, ses mots,   Charment les sages et les sots   Et mesme on a vu des belles   En pisser de rire sous elles.

— Armel MARIN

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

Classification

Pour citer cet article

Armel MARIN. FIORELLI TIBERIO (1608-1694) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ITALIENS LES, théâtre

    • Écrit par Bernard CROQUETTE
    • 875 mots

    Les comédiens italiens qui, au xviie et au xviiie siècle, se sont, pendant deux longues périodes, installés en France, ont joué dans l'histoire de notre théâtre un rôle considérable. Dès le dernier tiers du xvie siècle et tout au long de la première moitié du xviie, des...

  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIe s.

    • Écrit par Patrick DANDREY
    • 7 270 mots
    ...provinces et auront même une scène permanente durant toute la seconde moitié du siècle à Paris, avant d’en être chassées en 1697. Dans la capitale, Tiberio Fiorelli (Scaramouche) puis Domenico Biancolelli (Arlequin) et leurs compagnons de la Comédie-Italienne se produisent en alternance sur la même...
  • COMMEDIA DELL'ARTE

    • Écrit par Robert ABIRACHED
    • 2 281 mots
    • 3 médias
    ...offusquées de l'audace de leurs gestes et de leurs propos sur la scène, elles s'implantent à demeure à Paris au milieu du xviie siècle : en 1645, Tiberio Fiorelli, le fameux Scaramouche qui, à plus de quatre-vingts ans, réussissait encore à se gifler avec le pied, s'établit au Petit-Bourbon, puis...
  • SCARAMOUCHE

    • Écrit par Nicole QUENTIN-MAURER
    • 105 mots

    Personnage de la comédie italienne, de la race des capitans. Toujours vêtu de noir de la tête aux pieds, Scaramouche aime les femmes et le vin ; le plus souvent, il est au service d'un gentilhomme sans le sou, dont il vante à l'envi la noblesse et la fortune. Il entretient généreusement Polichinelle...

Voir aussi