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TATAR

Au nombre de 6 650 000 sur l'ensemble du territoire soviétique lors du recensement de 1989, les Tatar constituent 3,8 p. 100 de la population russe dans les années 2000. Outre ceux qui habitent sur le cours moyen de la Volga et dans l'Oural – les plus nombreux – qu'on appelle Tatar de la Volga, on rencontre les Tatar d'Astrakan (Koundrof ou Koundro et Karagach) qui, descendants des Nogaï, diffèrent de leurs frères de la Volga par leur genre de vie ; quant aux Tatar de Crimée, différents tant par le genre de vie que par la langue, ils sont maintenant dispersés (en 1998, on en dénombrait 820 000, dont 250 000 en Crimée et 569 000 en Ouzbékistan en 2003). À la fin de la Seconde Guerre mondiale, après que leur république fut dissoute par ordre du gouvernement soviétique (la R.S.S.A. de Crimée fut dissoute en 1943 et cette dissolution confirmée en 1946) pour « collaboration » avec l'ennemi, la majeure partie de la population tatare fut déportée vers l'Asie centrale ; environ 580 000 Tatar habitent en Ouzbékistan et 335 000 au Kazakhstan. Les Tatar de Lituanie (venus il y a plusieurs siècles de Crimée) semblent totalement assimilés. Enfin, les Tatar de la Sibérie occidentale, s'ils sont proches par la langue des Tatar de la Volga, ont un genre de vie différent.

Les Tatar de la Volga se divisent en deux groupes linguistiques et culturels : les Tatar de Kazan et les Michari. Le groupe le plus important des Tatar de Kazan habite le Tatarstan et le Bachkortostan. Des groupes moins importants se trouvent dans les républiques des Mari (53 000, soit environ 7 p. 100 de la population totale) et d'Oudmourtie (113 000). Le Bachkortostan compte l'une des plus importantes concentrations tatares (1 000 000 au début des années 2000), soit environ le quart de la population totale. Un grand nombre de Michari habite sur la rive droite de la Volga. Des communautés tatares (de Kazan et Michari) vivent dans le Donbass et au Caucase (région de Grozny et Azerbaïdjan). On compte de nombreux Tatar à Moscou, Saint-Pétersbourg et dans les villes de la Volga et de l'Oural. Des groupes de Tatar émigrés vivent en Chine, en Finlande et dans d'autres pays.

1 560 000 Tatar habitent leur république, le Tatarstan, fondée en 1920. Y représentant 42 p. 100 de la population, ils côtoient une forte communauté russe (1 628 000), des Tchouvaches, des Moraves et des Oudmourtes.

Le terme de Tatar de la Volga est un terme littéraire, car eux-mêmes s'appellent « Tatar ». Les Tatar de Kazan s'appellent « Kazanlyk », les Michari « Michar ». Parmi les Tatar de la Volga, un petit groupe ethnique mérite d'être signalé, les Kreachen. Christianisés par les Russes, ayant adopté beaucoup de traits de la culture russe, ils n'en continuent pas moins à parler leur langue et à conserver par une partie d'entre eux leur genre de vie traditionnel.

La langue tatare fait partie du groupe des langues turques. Elle se divise en de nombreux dialectes qui conservent jusqu'à aujourd'hui des traces des différentes peuplades qui ont formé cette ethnie. La langue littéraire s'est formée sur la base du dialecte de Kazan. Du fait de la liquidation de la R.S.S.A. de Crimée, de la dispersion de sa population tatare et de la supériorité numérique des Tatar de la Volga, il semble que le dialecte de Kazan est en voie de s'imposer à toutes les communautés tatares. L'écriture, sur la base de l'alphabet arabe, est apparue en Tatarie aux xie et xiie siècles, venant d'Asie centrale en même temps que l'islam (sunnite). Elle se conserva jusqu'en 1920 et fut remplacé par l'alphabet russe pour des raisons pratiques. À la fin du xixe siècle, le taux d'alphabétisation était l'un des plus élevés des peuples non russes de l'Empire.

— Charles URJEWICZ[...]

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Pour citer cet article

Charles URJEWICZ. TATAR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALEXANDRE IAROSLAVITCH NEVSKI (1220-1263)

    • Écrit par Wladimir VODOFF
    • 429 mots

    Fils de Iaroslav Vsevolodovitch, prince héréditaire de Pereïslav-Zalesski — au nord de Moscou —, le jeune Alexandre apparaît d'abord comme le brillant second de son père, devenu grand-prince de Vladimir. Il se voit confier notamment la fonction de prince de Novgorod au moment où les...

  • CAUCASE

    • Écrit par André BLANC, Georges CHARACHIDZÉ, Louis DUBERTRET, Universalis, Silvia SERRANO
    • 17 147 mots
    • 4 médias
    ...d'autres, les plus nombreux, au Daghestan, parlant une langue iranienne, le tat ; tous ont préservé leur religion judaïque. Beaucoup plus nombreux, les peuples tatars et turcs ont joué un grand rôle et tiennent encore une place importante dans tout le Caucase. Venus des steppes septentrionales, les Tatars se...
  • COMMUNISME - Mouvement communiste et question nationale

    • Écrit par Roland LOMME
    • 21 116 mots
    • 6 médias
    ...offrent à tous les peuples de l'Empire un modèle d'organisation. Ainsi écrit-il à Gorki : « Chez nous, au Caucase [...], Géorgiens + Arméniens + Tatars + Russes ont travaillé ensemble dans une seule organisation social-démocrate depuis plus de dix ans. Ce n'est pas une phrase, c'est la solution...
  • COSAQUES

    • Écrit par Jean-Pierre ARRIGNON
    • 763 mots
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    Nom donné aux populations semi-nomades formant des communautés militaires indépendantes dans les bassins du Don, du Terek et du Kouban. Le mot, d'origine turco-tatare, désigne tout homme libre, tout guerrier indépendant. Aux xive et xve siècles, les services de ces Cosaques Tatars furent...

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Voir aussi