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STÉNON, STENONIS NICOLAS ou STEENSEN NIELS (1638-1686)

Niels Steensen, né à Copenhague le 1er janvier 1638 (selon le calendrier julien), est fils d’un orfèvre, Steen Pedersen. Il porte le nom de Nicolaus Stenonis en latin, Niccoló Stenone en italien, Nicolas Sténon en français et Nicolas Steno en anglais. En 1884, « Stensen » devient l’usage courant en danois.

Du fait d’une enfance maladive, Sténon reste confiné à la maison et grandit entouré d’adultes, profitant de conversations théologiques comme scientifiques. À une éducation luthérienne stricte (ses grand-père et arrière-grand-père étaient pasteurs) succèdent des études à l’université de Copenhague où il entre en novembre 1656, peu avant la guerre opposant le Danemark à la Suède. Il y est l’élève du célèbre anatomiste Thomas Bartholin (1616-1680) et d’Ole Borch (1626-1690), chimiste, professeur de médecine et botaniste. Cependant, lorsque Charles X Gustave de Suède commence le siège de Copenhague en août 1658, l’université ferme ses portes. Le jeune Sténon se tourne alors vers les livres, guidé dans ses choix en particulier par Ole Borch, qui eut une grande influence sur lui.

Chaos

Un manuscrit exceptionnel intitulé Chaos, retrouvé à Florence en 1946 par Gustav Scherz, éclaire le travail solitaire de Sténon lors du siège de Copenhague. Ce manuscrit contient le résumé de quelques-uns des nombreux ouvrages étudiés entre le 8 mars et le 2 juillet 1659. Dans quelques notes, Sténon évoque des événements sociaux, religieux ou personnels. Enthousiasmé par la méthode expérimentale de Francis Bacon (1561-1626) et celle de René Descartes (1596-1650), il semble cependant s’écarter du cartésianisme par la lecture de Gassendi et Kircher, suggérée par Borch, et du fait de son adhésion aux théories de l’atomisme et de l’existence du vide. La variété des livres étudiés et résumés par Sténon montre la diversité de ses centres d’intérêt. Physique, iatrochimie, chimie sont évoquées dans Chaos, tout comme la géologie et la cristallographie. Toutefois, Sténon est résolument tourné vers la médecine, encore que son intérêt pour la métaphysique et la pratique religieuse le conduise à s‘interroger sur la part divine dans les maladies et qu’il s’interroge sur la résurrection. La richesse et la polyvalence de cette formation seront essentielles dans son parcours ultérieur qui mêlera science et métaphysique. À la fin de 1659, quelques mois à peine après l’écriture de Chaos, il quitte Copenhague pour rejoindre d’autres universités du nord de l’Europe.

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Écrit par

  • : docteure en épistémologie et histoire des sciences, chercheuse associée au Centre François Viète, université de Nantes

Classification

Pour citer cet article

Françoise DREYER. STÉNON, STENONIS NICOLAS ou STEENSEN NIELS (1638-1686) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tête de requin, Nicolas Sténon (1667) - crédits : BIU Santé Médecine, Paris, cote : 05530

Tête de requin, Nicolas Sténon (1667)

Nicolas Sténon - crédits : Zapf/ Ullstein Bild/ Getty Images

Nicolas Sténon

Autres références

  • STÉNON INVENTE LA STRATIGRAPHIE

    • Écrit par Florence DANIEL
    • 254 mots
    • 1 média

    Dès 1667, le savant danois Niels Steensen (1638-1686) – en français Nicolas Sténon – introduit dans un ouvrage d'anatomie les notions et les termes de « strates » et de « sédiments ». Selon lui, les couches du sous-sol sont d'anciens sédiments qui se sont peu à peu déposés au fond de l'eau et indurés,...

  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    ...arguments en faveur d’une origine organique ne manquaient pas, comme l’avaient déjà avancé Bernard Palissy (~1510-1590) et d’autres observateurs avisés. Anatomiste danois au service du duc de Toscane, Nicolas Sténon (1638-1686) le démontra rigoureusement après qu’on lui eût demandé un jour d’examiner...
  • DANEMARK

    • Écrit par Marc AUCHET, Frederik Julius BILLESKOV-JANSEN, Jean Maurice BIZIÈRE, Régis BOYER, Georges CHABOT, Universalis, Lucien MUSSET, Claude NORDMANN
    • 19 519 mots
    • 14 médias
    ...représentants les plus remarquables, il faut citer : Tycho Brahe (1546-1601), astronome de renommée universelle et auteur d'excellentes poésies latines ; Nicolas Stenon (ou Stenonis, 1638-1686), génial homme de science et ascète chrétien, digne contemporain de Pascal ; la princesse Leonora Christina (1621-1698),...
  • GÉOLOGIE - Histoire

    • Écrit par François ELLENBERGER
    • 6 554 mots
    • 5 médias
    Le Danois Niels Stensen (Nicolas Sténon, 1638-1686), anatomiste réputé, publie en 1669 le Prodromus d'une dissertation « Sur un solide contenu naturellement dans un solide ». Ce court ouvrage pose de façon géniale les bases définitives de la géologie moderne, fondée sur une rigoureuse axiomatique....
  • MATIÈRE (physique) - États de la matière

    • Écrit par Vincent FLEURY
    • 5 805 mots
    • 4 médias
    ...réflexions sur le passage de l'état liquide à l'état solide étaient largement motivées par des considérations médicales. Un exemple frappant nous est donné par Sténon, anatomiste danois vivant à Florence, qui comprend en 1669 comment se forment les roches, par une lente accumulation de petites parties transportées...

Voir aussi