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SHI [CHE], genre littéraire chinois

Élargissement du sens

Telles sont en quelques mots les implications précises du caractère shi. Sa seconde acception, beaucoup plus large, est « poème ».

Pour les raisons déjà évoquées, le sens du rythme et l'expression poétique jouent un rôle essentiel dans l'ensemble de la littérature chinoise ; aussi est-il parfois difficile de classer un genre donné dans la prose ou dans la poésie.

Celle-ci ne s'est jamais parlée. Tantôt on la psalmodiait, tantôt on la chantait. Elle existe partout en Chine. Cultivée avec prédilection par les philosophes eux-mêmes, rarement de caractère narratif ou épique, on en trouve presque toujours accompagnant les œuvres peintes, on en trouve aussi jusque dans la rue. D'ailleurs la poésie lettrée a généralement eu recours aux rythmes populaires pour se revitaliser et se renouveler périodiquement.

C'est seulement sous les Tang que les écrivains prennent conscience des possibilités propres à leur langue. Ils avaient découvert en particulier que les tons font partie intégrante du mot ; des théoriciens distinguent et classent aussi plusieurs sortes de parallélismes dans les expressions comme dans les vers. La langue poétique devient très élaborée.

Si élaborée que des obstacles d'ordre formel rendent bien difficile tout essai de traduction dans une langue occidentale. Les difficultés ne sont pas moindres en ce qui concerne le fond, le contenu.

L'abondance des « allusions littéraires » exige en effet du lecteur une grande érudition. Quant aux thèmes traditionnels, aux clichés inlassablement répétés, quant aux images et figures, il faut connaître la pensée chinoise ancienne pour en comprendre le symbolisme.

Mais aussi, au long des siècles, certains mandarins en quittant la vie publique qui les figeait ont exprimé dans leurs vers l'élan du mysticisme taoïste adouci par l'apport bouddhique, et le retour à l'état d'innocence. En célébrant la nature, l'amitié, la terre natale, la fidélité dans la séparation, ils ont retrouvé des sentiments spontanés qui ont valeur universelle.

— Odile KALTENMARK

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Écrit par

  • : maître assistant honoraire de l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

Odile KALTENMARK. SHI [CHE], genre littéraire chinois [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHINE - Histoire jusqu'en 1949

    • Écrit par Jean CHESNEAUX, Jacques GERNET
    • 44 594 mots
    • 50 médias
    C'est aussi à une époque relativement ancienne que remontent les premiers hymnes et poèmes de cour qui furent recueillis dans le « Livre des odes » (Shi). On peut les dater de la fin des Zhou occidentaux. Une partie du manuel de divination, qui porte le titre de Zhouyi, « Mutations des Zhou »,...
  • JIAN'AN [KIEN-NGAN] LES SEPT POÈTES DE LA PÉRIODE (196-220)

    • Écrit par Jean-Pierre DIÉNY
    • 1 638 mots
    Au crédit de ces auteurs, il faut mettre encore deux réalisations d'une grande portée. Tout d'abord l'élargissement du domaine de la poésie shi. Grâce à eux, l'art poétique englobe désormais sans honte la poésie chantée, autrefois cultivée par les musiciens de la cour et leurs imitateurs anonymes....
  • LYRISME

    • Écrit par Jamel Eddine BENCHEIKH, Jean-Pierre DIÉNY, Jean-Michel MAULPOIX, Vincent MONTEIL, René SIEFFERT
    • 10 725 mots
    • 2 médias
    ...consécration, elle échangea ses sujets avec le fu, le vieux « récitatif » ; sous les Song, le ci libertin se mit à traiter les thèmes plus graves du shi. Adoptés et assimilés, les genres nouveaux évoluent, à force de soins, vers leur apogée, que suit un déclin. Mais, alors même que le cycle recommence,...
  • OUYANG XIU [NGEOU-YANG SIEOU] (1007-1072)

    • Écrit par Donald HOLZMAN
    • 1 199 mots
    ...est restée la forme de prose normale pour les lettrés jusqu'au début du xxe siècle. Son importance dans l'histoire de la poésie régulière ( shi) est aussi très grande. En s'opposant au style xi kun de la fin des Tang, « c'est lui qui jeta les bases de la poésie Song [...] Lire ses (plus...

Voir aussi