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VIRCHOW RUDOLF (1821-1902)

Rudolf Virchow - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Rudolf Virchow

Né en Poméranie, Rudolf Virchow vient à Berlin, en 1839, étudier la médecine (la physiologie lui est enseignée par J. Müller). Sa thèse de doctorat soutenue en 1843 (De rheumate praesertim corneae), Virchow entre à l'hôpital de la Charité dans le service de Froriep qui le charge des examens chimiques et microscopiques. En 1847, il fonde avec son ami Reinhardt les Archiv für pathologische Anatomie und Physiologie qui deviendront, après sa mort, les Virchows Archiv. En 1848, il reçoit la mission d'étudier les causes de la fièvre typhoïde qui ravage la Silésie : dans son rapport, surtout d'ordre politique, il accuse les fonctionnaires prussiens d'être responsables des navrantes conditions économiques et sociales que connaissent les habitants de cette région. L'esprit révolutionnaire de ce rapport, joint à sa critique du dogmatisme de la Société de médecine berlinoise et à son action en faveur du socialisme, provoque son renvoi de la Charité en 1849. Il va alors enseigner la pathologie à Würzburg jusqu'en 1856. Rappelé à Berlin, il enseigne cette discipline, puis dirige l'Institut berlinois de pathologie.

Il publie, en 1858, ses leçons sous le titre Die Cellularpathologie in ihrer Begründung auf physiologische und pathologische Gewebelehre et y expose ses idées sur la théorie cellulaire. L'adage de Virchow, Omnis cellula e cellula, résume la théorie cellulaire sous sa forme définitive : « Là où apparaît une cellule, il doit y avoir eu une autre cellule auparavant » écrit-il dans Cellularpathologie... « Tout animal apparaît comme la somme d'unités vitales dont chacune porte en elle tous les caractères de la vie. » Virchow applique, dès 1855, cette théorie aux cellules des tumeurs, et affirme que toutes les maladies prennent naissance dans une seule cellule, puis se propagent par multiplication des cellules malignes dans un tissu donné. Mais, contrairement à Pasteur, il rejette énergiquement l'hypothèse de l'intervention de germes infectieux dans les maladies contagieuses.

Il publie aussi Die krankhaften Geschwülste (1863) et de nombreux articles qui apportent une précieuse contribution à l'histologie pathologique ou normale. Il décrit l'hyperleucocytose sanguine, le phénomène de l'embolie (et lui donne ce nom en 1848), l'espace périvasculaire (espace de Virchow-Robin) et la nature cellulaire de la substance cérébrale interstitielle qu'il nomme neuroglia (1856) ; il s'intéresse également à l'étude des tumeurs du système nerveux central, des anomalies congénitales du crâne, des méningites, ainsi qu'à la médecine sociale.

Mais la politique l'accapare de plus en plus ; en 1861, il est élu à la diète prussienne et s'oppose vivement à Bismarck. Il s'intéresse à la santé publique (Berlin lui doit un moderne réseau d'égouts et les premières maisons ouvrières). De 1880 à 1893, il siège au Reichstag au sein du Parti travailliste allemand, dont il est l'un des fondateurs.

À cette époque, Virchow s'intéresse à l'archéologie, avec son ami Schliemann, et à l'anthropologie ; il fonde la Société berlinoise d'ethnologie, d'anthropologie et de préhistoire.

— Jacqueline BROSSOLLET

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Pour citer cet article

Jacqueline BROSSOLLET. VIRCHOW RUDOLF (1821-1902) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Rudolf Virchow - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Rudolf Virchow

Autres références

  • VIRCHOW : NOTION DE PATHOLOGIE CELLULAIRE

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 185 mots
    • 1 média

    Rudolph Ludwig Carl Virchow (1821-1902), médecin d'origine poméranienne, eut une activité médicale scientifique et politique étonnante et foisonnante, quelque peu masquée par l'ouvrage célèbre Die Cellular-Pathologie qu'il publia en 1858 et qui fonde la pathologie cellulaire....

  • ANTHROPOLOGIE DES ZOONOSES

    • Écrit par Frédéric KECK, Christos LYNTERIS
    • 3 954 mots
    • 4 médias
    Le terme « zoonose » est créé en 1855 par le médecin allemand Rudolf Virchowà partir des racines grecques zoon (animal) et nosos (maladie). Il définit la transmission de pathogènes des animaux vertébrés non humains aux humains, ce qui exclut les maladies à vecteurs (moustiques, poux) comme...
  • CELLULE, notion de

    • Écrit par Didier LAVERGNE
    • 1 315 mots

    Le terme cellule (cell en anglais) apparaît en 1665, sous la plume du physicien anglais Robert Hooke, pour désigner les logettes que l'on voit au microscope dans un fragment végétal inerte, le liège. En 1824, le biologiste français Henri Dutrochet, qui s'intéresse aux forces agissant au sein des...

  • ONE HEALTH (UNE SEULE SANTÉ)

    • Écrit par Yannick SIMONIN
    • 3 806 mots
    • 1 média
    ...dissections) vers l’étude du corps humain. Cette notion a été plus concrètement exprimée au milieu des années 1800 par un médecin pathologiste prussien, Rudolf Virchow, qui soulignait le peu de démarcation à tracer entre médecine animale et médecine humaine. C’est au milieu des années 1990 qu’une nouvelle...
  • PALÉOANTHROPOLOGIE ou PALÉONTOLOGIE HUMAINE

    • Écrit par Herbert THOMAS
    • 4 906 mots
    • 4 médias
    ...représentant d'une race éteinte. Ses idées, pour ainsi dire transformistes avant la lettre, furent violemment combattues par l'un de ses compatriotes, Rudolf Virchow, l'influent et brillant pathologiste de Berlin, adversaire résolu de toute pensée évolutionniste. Comme les os de l’homme de Néandertal...
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Voir aussi