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ROME ET EMPIRE ROMAIN La République

Troubles et révoltes

Les Gracques et l'échec des réformes agraires

Un mouvement visant, par des réformes éclairées, à combler un peu le fossé qui se creusait toujours davantage entre les optimates (les aristocrates de la République à son déclin) et les populares(le parti populaire, démocratique) se dessine avec l'action généreuse et difficile des Gracques. Une chance est ainsi donnée à la République romaine : elle n'a pas su la saisir. La question agraire devenait toujours plus brûlante en cette fin du iie siècle avant J.-C. Les plus riches occupaient ou affermaient les terres gagnées par les légions sur les peuples vaincus. Les grands domaines se multipliaient, la main-d'œuvre servile toujours plus abondante concurrençait le travail des hommes libres, la plèbe romaine se trouvait dans une situation précaire et d'autant plus difficilement tolérable que le luxe et le bien-être de la classe possédante éclataient à présent aux yeux de tous. Tiberius Gracchus a senti, le premier, l'urgence d'une réforme de structure. Formé à la culture hellénique et acquis aux idées libérales qui animaient un petit groupe de nobles, il devient tribun de la plèbe en 133 avant J.-C. et dépose une loi raisonnable limitant l'occupation du domaine public (l' agerpublicus) à 500 jugères, c'est-à-dire à 125 hectares par personne, considérant comme nulles les occupations irrégulières et donnant, en contrepartie, aux occupants légaux la possibilité de transformer en propriété les terres détenues. Une commission de triumvirs devait veiller à l'application de la loi et doter de terres les citoyens les plus déshérités. L'égoïsme des possédants crée des difficultés, suscite l'émeute. Tiberius est massacré en juillet 133. Son frère, Caius Gracchus, reprend le flambeau et, tribun en 123 et 122, fait adopter plusieurs lois favorables au peuple et aux chevaliers dont il s'est assuré l'appui. Les lois agraires italiennes semblaient vouées au succès grâce à l'alliance des populareset des chevaliers. Mais les adversaires de Gracchus manœuvrent habilement, pratiquent la surenchère, rendent l'application des réformes délicate et finalement provoquent un mouvement insurrectionnel dans lequel Caius trouve à son tour, en 121, la mort. Bientôt, les distributions de blé à la plèbe urbaine, le partage des terres entre les prolétaires vont s'interrompre et seuls les chevaliers conservent les avantages qu'on leur avait concédés. La formation d'une nouvelle province, la Narbonnaise, en 118, dans la Gaule du Sud, à la suite de quelques campagnes militaires contre des tribus celtiques, leur assure de nouveaux débouchés et de nouveaux profits.

Marius et la réforme de l'armée

Marius rassemble autour de lui le parti populaire, mécontent, déçu et en proie au sourd désir de la revanche. Consul en 107 avant J.-C., après une carrière normale de magistrat, il opère une réforme militaire profonde, en admettant, dans les rangs de l'armée, les prolétaires qui n'avaient pas, jusque-là, accès aux légions. L'armement, la tactique sont uniformisés. Une armée de pauvres succède ainsi aux armées des paysans aisés, mais c'est une armée de métier, prête à se dévouer à son chef et à lui ouvrir la route du pouvoir. Derrière la réforme de Marius se profile le visage de l'absolutisme et de l'Empire. La nouvelle armée permet à Rome de triompher de deux périls extérieurs que les optimates au pouvoir avaient été incapables, depuis une dizaine d'années, d'écarter. En Afrique, le Berbère Jugurtha, qui avait restauré à son profit l'unité de l'ancien royaume numide de Massinissa, tient en échec les chefs militaires envoyés sur place par Rome. Au nord des Alpes, des tribus celtes et germaniques, Cimbres venant du Jutland, Teutons originaires[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Raymond BLOCH. ROME ET EMPIRE ROMAIN - La République [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Institutions de la République romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

Institutions de la République romaine

Rome, expansion - crédits : Encyclopædia Universalis France

Rome, expansion

Autres références

  • CIVILISATION ROMAINE (notions de base)

    • Écrit par Universalis
    • 4 292 mots
    • 18 médias

    Le destin de Rome est celui d’une obscure bourgade de la péninsule italienne devenue, en l’espace de quatre siècles, une mégapole, capitale d’un immense empire s’étendant de l’Écosse à l’Arabie, des confins sahariens aux rives du Danube. Ce processus historique s’accompagna de la disparition de la ...

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