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JUGURTHA (env. 154-104 av. J.-C.) roi des Numides (118-106 av. J.-C.)

Roi des Numides (118-105), né vers 154 av. J.-C., mort en 104 av. J.-C. à Rome.

Jugurtha est le petit-fils illégitime de Massinissa, sous le règne duquel les Numides se sont alliés à Rome, et le neveu du successeur de Masinissa, Micipsa. Face à la popularité grandissante de Jugurtha parmi les Numides, Micipsa l'envoie en 134 av. J.-C. aider le général romain Scipion Émilien lors du siège de Numance en Hispanie (actuelle Espagne) afin de limiter son influence. Jugurtha noue cependant d'étroites relations avec Scipion Émilien, protecteur héréditaire des Numides à Rome. Ce dernier persuade alors probablement Micipsa d'adopter Jugurtha en 120 av. J.-C.

Après la mort de Micipsa en 118, Jugurtha partage le trône de Numidie avec les deux fils du roi, Hiempsal et Adherbal. Il fait cependant assassiner le premier et attaque le second, qui s'enfuit à Rome pour demander de l'aide, aucun changement de monarque ne pouvant se faire sans l'aval du Sénat. Ce dernier décide alors de partager la Numidie entre Adherbal, qui obtient la moitié orientale, prospère, et Jugurtha, qui reçoit la partie occidentale, peu développée. Confiant dans son influence à Rome, Jugurtha attaque de nouveau Adherbal en 112 av. J.-C. et le tue après s'être emparé de sa capitale, Cirta. Pendant le siège de cette ville, nombre de marchands italiens sont massacrés. La colère que suscite l'événement à Rome oblige le Sénat à déclarer la guerre à Jugurtha, mais le consul Lucius Calpurnius Bestia conclut en 111 un traité généreux en faveur de Jugurtha. Convoqué à Rome pour expliquer comment il a négocié un tel accord, le prince numide est réduit au silence par un tribun de la plèbe. Il fait alors tuer l'un de ses ennemis potentiels dans la capitale, à qui pourrait revenir la couronne, et s'enfuit.

Lorsque la guerre reprend, Jugurtha résiste facilement aux généraux incompétents qu'il a en face de lui. Au début de l'année 110 av. J.-C., il oblige toute l'armée conduite par Aulus Postumius Albinus à capituler et chasse les Romains de Numidie. La plèbe romaine, hostile à l'aristocratie sénatoriale, désavoue cependant les termes de la reddition et les combats reprennent. L'un des consuls nommés en 109 av. J.-C., Quintus Caecilius Metellus Numidicus, remporte plusieurs batailles mais ne parvient pas à faire capituler Jugurtha. Malgré l'arrivée d'un nouveau consul, Caïus Marius, en 107 av. J.-C., Jugurtha continue à mener une guérilla efficace. Au début de l'année 105, Sylla, questeur de Marius, convainc alors Bocchus Ier, roi de Maurétanie et allié de Jugurtha, de capturer le roi numide et à le livrer aux Romains. Jugurtha est exécuté l'année suivante.

Par sa vigueur et son ingéniosité, Jugurtha est le digne descendant de Massinissa mais il manque de perspicacité politique. Pensant pouvoir tout obtenir du Sénat romain par la corruption, il ne se rend pas compte qu'il existe certaines limites que le prince d'un royaume satellite de Rome ne peut dépasser sans provoquer d'intervention décisive. La guerre que Marius déclenche contre Jugurtha lui donne un prétexte pour réformer l'armée en recrutant des soldats volontaires au lieu d'enrôler des propriétaires fonciers. Dans son récit La Guerre de Jugurtha (Bellum Jugurthinum), Salluste montre clairement comment la corruption et l'incompétence du Sénat face à Jugurtha a amené la plèbe à se méfier de cette institution. Cette perte de confiance dans l'autorité sénatoriale sera par la suite un facteur clé du déclin de la République romaine.

— Universalis

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Pour citer cet article

Universalis. JUGURTHA (env. 154-104 av. J.-C.) roi des Numides (118-106 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRIQUE ROMAINE

    • Écrit par Noureddine HARRAZI, Claude NICOLET
    • 9 564 mots
    • 10 médias
    ...qui avait atteint sous le règne de Massinissa un grand degré de richesse et de civilisation, finit par échoir à un bâtard légitimé, au génie turbulent, Jugurtha, qui entra en conflit avec Rome (118-107). Menée d'abord mollement par l'aristocratie romaine, peu soucieuse d'annexions et complice de Jugurtha,...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...puissance. Massinissa, qui avait élu pour capitale Cirta (Constantine), fut sans doute l'un des plus grands souverains qu'ait connus la Berbérie. Son culte se perpétua à travers les siècles. Son descendantJugurtha est, aujourd'hui encore, célébré comme « résistant à l'impérialisme romain ».
  • CONSULATS DE MARIUS

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 299 mots

    Marius est un général populaire qui domine la vie politique romaine de la fin du IIe siècle avant J.-C. « Homme nouveau », puisque aucun de ses ancêtres n'a géré de magistrature, il doit son ascension tant à ses compétences militaires qu'à l'appui du puissant clan des Metelli. Il rompt cependant...

  • NUMIDES

    • Écrit par Claude LEPELLEY
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    ...continua la politique de son père et veilla à garder de bonnes relations avec Rome. À sa mort, en 118, il légua son royaume à ses deux fils et à son neveu Jugurtha. Rome fit procéder au partage de la Numidie. Jugurtha ne s'y résigna pas. À deux reprises, en 116 et en 113-112, il attaqua les États de ses...
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