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RÉSEAUX SOCIAUX, Internet

Concert YouTube au Carnegie Hall, 2009 - crédits : Stan Honda/ AFP

Concert YouTube au Carnegie Hall, 2009

En quelques années à peine, les réseaux dits « sociaux » ont conquis une place centrale au sein des différents usages d'Internet. Le tournant est saisissant. En 2005, aux États-Unis, parmi les dix sites à plus forte audience, on comptait encore des services de ventes en ligne et de grands portails commerciaux comme eBay, Amazon, Microsoft ou A.O.L. Mais, en 2008, ceux-ci ont disparu du classement des dix premiers sites, au profit de YouTube, MySpace, Facebook, Twitter, Hi5, Wikipédia et Orkut. En juillet 2009, on dénombrait 250 millions d'utilisateurs de Facebook dans le monde, et 16 millions de Skyblogs en France. On compte 19 milliards de commentaires sur Skyblog et plus de 10 milliards de photos sur Facebook. En moyenne, enfin, depuis 2009, les internautes consacrent plus de temps aux réseaux sociaux qu'à l'utilisation de la messagerie électronique.

Il est frappant de voir que, en quelques années, le principal usage d'Internet est la pratique de l'échange et du partage sur les plates-formes des réseaux sociaux du Web. Pour comprendre ce phénomène, il faut interroger les dynamiques sociales et culturelles.

Les différents types de réseaux sociaux

Ces nouveaux services, qu'on qualifie souvent de « Web 2.0 », se caractérisent par l'importance de la participation des utilisateurs à la production de contenus et par leur mise en relation. Les études du phénomène n'en sont qu'à leur début, mais l'immense intérêt suscité par de probables retombées commerciales assure déjà largement leur financement comme leur diffusion. Deux jeunes chercheuses américaines en sciences de la communication, Danah Boyd et Nicole Ellison, définissent les sites de réseaux sociaux comme « des services Web qui permettent aux individus de construire un profil public ou semi-public dans le cadre d'un système délimité, d'articuler une liste d'autres utilisateurs avec lesquels ils partagent des relations et de voir et de croiser leurs listes de relations et celles faites par d'autres à travers la plate-forme ». La nouveauté apportée par ces sites de social networking tient donc à la mise en place progressive de la liste d'amis comme principal outil de navigation. Les premiers sites de réseaux sociaux, Classmates (1995) et Six Degrees (1996), avaient ouvert la voie dès le début d'Internet grand public, mais il aura fallu attendre 2003 pour voir arriver les premiers sites relationnels accordant une place décisive à la fonctionnalité contacts-amis comme LinkedIn, Hi5, Friendster, MySpace et CyWorld, qui ont tous été créés en 2003. Facebook a été, quant à lui, créé l'année suivante.

La réussite exceptionnelle de ces sites s'appuie sur une nouvelle forme de navigation qui, d'une part, prend acte des imperfections de la recherche par combinaison de critères des classiques moteurs de recherche, et, d'autre part, s'enracine dans une expérience d'usage beaucoup plus proche des attentes et des pratiques ordinaires des utilisateurs. Ainsi la découverte d'informations est-elle souvent plus pertinente lorsqu'elle emprunte les chemins frayés par le réseau des proches. Elle procède de l'exploration des traces d'activité des amis de ses amis. Contrairement aux sites plus anciens de tchat et de rencontres où fleurissent l'anonymat, les pseudos et autres petits ou gros mensonges, la mise en visibilité de son réseau d'amis constitue une contrainte de réalisme pour les participants. Il est en effet beaucoup plus difficile de jouer avec ses caractéristiques identitaires lorsque celles-ci sont soumises au regard des proches.

Sur le Web 2.0, les personnes se rendent certes caractérisables par les données qu'on assigne habituellement à la reconnaissance individuelle comme la photo, le sexe, l'âge ou la profession. Mais la dynamique qui concourt à la réussite[...]

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Écrit par

  • : sociologue au Laboratoire des usages de France Telecom R & D, chercheur associé au Centre d'étude des mouvements sociaux, École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Dominique CARDON. RÉSEAUX SOCIAUX, Internet [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AGNOTOLOGIE

    • Écrit par Mathias GIREL
    • 4 992 mots
    • 2 médias
    ...confusion est devenue une stratégiepolitique ». La nouveauté consisterait, dans le cadre des fake news entretenues par l’économie actuelle des réseaux sociaux, à renoncer à la manipulation médiatique directe et à amplifier la confusion et les contradictions récoltées via ces réseaux, le motif...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, Universalis, Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...étaient encore peu équipés en moyens de téléphonie et de communication personnels par rapport aux Tunisiens ou aux Égyptiens. Mais, au cours des années 2010, le nombre de téléphones portables s’envole : 20 millions d’Algériens, soit la moitié de la population, sont sur lesréseaux sociaux en 2019.
  • APPRENTISSAGE ET INTERNET

    • Écrit par Franck AMADIEU, André TRICOT
    • 1 204 mots
    Internet permet aussi d’échanger avec d’autres personnes et de partager des connaissances au sein de groupes d’individus ayant, par exemple, les mêmes centres d’intérêt ou exerçant le même métier. Les communautés de pratiques ou d’apprentissage ont été beaucoup étudiées, dès les débuts du Web. Certaines...
  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Universalis, Ghassan SALAMÉ
    • 25 169 mots
    • 10 médias
    ...symbolique – même si aucun texte islamique ne justifie les restrictions imposées par l’État saoudien, si ce n’est la « tradition ». Le développement des réseaux sociaux, qui place désormais l’Arabie Saoudite parmi les pays les plus connectés au monde, permet l’émergence d’une nouvelle génération de militantes...
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Voir aussi