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RÉGÉNÉRATION ET CICATRISATION

Régénération chez les Mammifères et chez l'homme

L'hyperplasie régénératrice, souvent appelée « régénération », est l'aptitude que possède un organe à récupérer une masse normale, après amputation d'une certaine partie de celle-ci, grâce à la prolifération du tissu restant. Le terme de régénération est critiquable puisqu'il s'agit d'une restauration de masse et de fonctions, non de forme. L'hyperplasie régénératrice est en fait une variété d'« histogenèse réparatrice ». Elle se distingue, d'une part, de l'hypertrophie compensatrice vraie qui concerne, pour les viscères pairs (le rein par exemple), l'organe restant après maladie ou exérèse chirurgicale, d'autre part, des phénomènes de cicatrisation qui n'intéressent que la tranche de section ou la lésion de certains tissus

Index mitotiques et exemples de régénération

Chez les Mammifères et chez l'homme, la capacité latente de régénération des tissus est variable ; ainsi les index mitotiques (nombre de mitoses observées sur un compte donné de noyaux) changent d'un tissu à l'autre (tabl. 2).

– Les tissus du groupe I (peau, muqueuse intestinale, épithélium pulmonaire et vésical, testicule et tissus hématopoïétiques) se renouvellent en permanence chez l'adulte. Les cellules de ces tissus, tout au moins chez le rat et la souris, se divisent très fréquemment, puisque les index mitotiques s'échelonnent de 0,5 à 30.

– Les tissus du groupe II (cortex surrénalien, foie, thyroïde, rein, tissu conjonctif) ont une activité mitotique nettement plus faible. Les index mitotiques vont de 0,02 à 0,2.

– Enfin, les cellules nerveuses et les fibres musculaires striées (groupe III) ne se divisent jamais chez l'animal adulte.

Les régénérations les mieux connues sont celles du rein, de la lignée sanguine érythrocytaire, du foie et des plaies cutanées étendues (cf. infra, chap. 3).

Le rein s'hypertrophie rapidement après ablation de son symétrique et l'hypertrophie cellulaire est le phénomène dominant. Après une période de latence, les mitoses apparaissent dans les tubes contournés et, un peu plus tard, dans les autres types cellulaires, mais il n'y a pas de formation de glomérules neufs.

L'érythropoïèse (cf. cellules souches, sang) fait intervenir un assez grand nombre de facteurs tels que l'anoxie, et le facteur plasmatique (érythropoïétine) d'origine rénale.

Régénération hépatique

Sur le plan expérimental, la régénération hépatique a été la plus étudiée en raison de la commodité de l'hépatectomie partielle. Le rat est l'animal de choix car l'anatomie particulière de son foie rend l'hépatectomie partielle d'une grande simplicité. Chez cet animal, l'ablation de 68 p. 100 de la masse hépatique respecte l'activité mitotique des cellules restantes, ce qui n'est pas le cas lorsqu'on utilise des toxiques ou des ligatures vasculaires.

Méthodes d'études

Pour apprécier la régénération, on a employé la pesée du foie régénéré après trois jours d'étuve à température physiologique et la mesure de l'index mitotique, mais ces méthodes sont d'interprétation délicate. Les techniques utilisant l'incorporation d'isotopes au sein des molécules d'acide ribonucléique (ARN) ou d'acide désoxyribonucléique (ADN) nouvellement formées dans le foie régénérant sont plus précises et apportent des données sur les phénomènes initiaux de la régénération. Chez l'homme, les méthodes scintigraphiques, simples, anodines et répétitives, permettent une assez bonne appréciation.

Modifications morphologiques, cellulaires et biochimiques

Chez le rat, la régénération du foie après hépatectomie partielle est d'une extrême rapidité. La restauration de la masse simple est[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur de recherche en pathologie à l'université de Liverpool, ancien consultant honoraire en pathologie au conseil d'administration de plusieurs hôpitaux de Liverpool
  • : médecin des hôpitaux de Paris
  • : docteur ès sciences, ingénieure de recherche au CNRS

Classification

Pour citer cet article

Alan H. CRUICKSHANK, André PARAF et Catherine ZILLER. RÉGÉNÉRATION ET CICATRISATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ANNÉLIDES

    • Écrit par Robert MANARANCHE
    • 7 445 mots
    • 14 médias
    Lacapacité régénératrice est très répandue chez les Polychètes. Beaucoup d'espèces s'autotomisent à la moindre excitation puis régénèrent les segments dont elles se sont elles-mêmes amputées. De nombreuses expériences ont permis de préciser les modalités de régénération chez diverses espèces. Un individu...
  • AUTOTOMIE

    • Écrit par Andrée TÉTRY
    • 459 mots

    Rupture volontaire d'un appendice (patte ou queue) à la suite d'une brusque pression assez intense. Une sauterelle, saisie par sa patte postérieure, la détache tout entière et s'enfuit ; un lézard, attrapé par sa longue queue, la brise et l'animal mutilé s'échappe....

  • CROISSANCE, biologie

    • Écrit par Universalis, André MAYRAT, Raphaël RAPPAPORT, Paul ROLLIN
    • 14 760 mots
    • 7 médias
    Les phénomènes de régénération montrent bien l'importance des interactions dans le déroulement harmonieux et l'arrêt final de la croissance. L'ablation d'un membre, chez un arthropode ou un triton, entraîne un déséquilibre dans l'organisme, et c'est ce déséquilibre qui provoque la croissance accélérée...
  • DÉVELOPPEMENT, biologie

    • Écrit par Georges DUCREUX, Hervé LE GUYADER, Jean-Claude ROLAND
    • 19 221 mots
    • 14 médias
    ...une cellule se trouvant dans un état différencié apparemment définitif peut en fait modifier ses structures et évoluer vers une nouvelle spécialisation. Si par microchirurgie un faisceau conducteur est détruit localement, la circulation des sèves est interrompue. Mais les vaisseaux ligneux du xylème,...
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Voir aussi