RÉGÉNÉRATION ET CICATRISATION
Cicatrisation
La cicatrisation est le remplacement par un tissu conjonctif fibreux d'un tissu normal détruit par une « agression » ou par une maladie ; c'est une réparation, non une véritable régénération du tissu lésé. Certaines cicatrices sont des réparations efficaces qui restaurent la fonction normale, mais d'autres s'accompagnent d'une altération de la fonction. Dans la peau et les muqueuses, le tissu conjonctif de la cicatrice est recouvert par de l'épithélium régénéré, que l'on considère un peu à tort comme faisant partie de la cicatrice. Bien que de nombreuses cellules spécialisées des tissus de mammifères (en particulier chez les jeunes) possèdent jusqu'à un certain point le pouvoir de régénération, si efficace chez beaucoup d'animaux inférieurs, ce sont généralement des cellules indifférenciées du tissu conjonctif qui effectuent d'abord la réparation ; le tissu cicatriciel qui en résulte inhibe la régénération des cellules spécialisées. Dans le cas des tissus qui prolifèrent pendant toute la vie de l'individu, il s'agit d'une régénération vraie. Ces tissus comprennent le revêtement épithélial de la peau et des muqueuses, ainsi que les cellules hémoformatrices de la moelle osseuse et des tissus lymphoïdes (cf. sang).
Processus de la cicatrisation efficace
Déclenchement de la cicatrisation
C'est presque sûrement la lésion elle-même qui déclenche le processus de réparation, mais le mécanisme de cette stimulation reste obscur. En effet, bien qu'on sache que des médiateurs chimiques émanant des tissus lésés sont responsables des réactions inflammatoires qui suivent la lésion (cf. inflammation), il n'est pas évident que de tels médiateurs favorisent la réparation ; sauf à exercer un effet chimiotactique c'est-à-dire une attraction sur les cellules mobiles des bordures de la plaie (polynucléaires, macrophages et fibroblastes activés). Ensuite, des facteurs de croissance (TGF bêta 1 et 2 par exemple) entrent en action. Il semble que l'hormone de croissance sécrétée par le lobe antérieur de l'hypophyse ne joue aucun rôle dans la réparation et la cicatrisation.
Formation de la charpente de réparation
Les plaies de la peau qui n'atteignent pas le tissu sous-cutané guérissent sans laisser de cicatrice. En ce qui concerne les plaies qui lèsent le tissu sous-cutané, des différences existent entre la guérison des blessures dues à une simple incision et celle des plaies où un fragment de peau assez étendu a été enlevé.
Cas des plaies linéaires
L'idée qu'on se faisait des rôles respectifs de l'épithélium et des tissus conjonctifs dans la cicatrisation des plaies linéaires a changé. On a longtemps admis le déroulement suivant : l'espace délimité par la plaie se remplit d'un caillot sanguin, charpente provisoire de réparation dans laquelle s'introduisent, au cours des vingt-quatre à quarante-huit premières heures, des leucocytes et des fibroblastes provenant du derme adjacent, tandis que de nouvelles cellules épithéliales, issues de l'épiderme vivant des lèvres de la blessure, s'étalent à la surface du caillot (fig. 4), au-dessous d'une zone superficielle desséchée (la croûte), qui se détache une fois la réparation terminée. Pendant cinq à quinze jours, les fibroblastes qui ont envahi le caillot sécrètent des fibrilles collagènes qui « mûrissent », puis forment un réseau épais de fibres en quelques semaines ou quelques mois.
Selon une théorie plus récente, seule la région profonde de la plaie est remplie par le caillot, tandis que, durant les vingt-quatre à quarante-huit heures qui suivent l'incision, des cellules épidermiques non kératinisées, provenant des lèvres de la plaie, s'étalent sur les parois de la blessure, en atteignent le fond après cinq à huit jours[...]
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Écrit par
- Alan H. CRUICKSHANK : ancien directeur de recherche en pathologie à l'université de Liverpool, ancien consultant honoraire en pathologie au conseil d'administration de plusieurs hôpitaux de Liverpool
- André PARAF : médecin des hôpitaux de Paris
- Catherine ZILLER : docteur ès sciences, ingénieure de recherche au CNRS
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